Texte et interprétation : Michel Lavoie, Julien Schmutz
Mise en scène Julien Schmutz
L’impulsion première de Morceau de Peur découle d’une expérience personnelle : la confrontation au cancer et les peurs qui l’entourent. Autour de cet événement traumatique a grandi la nécessité de transposer le vécu en histoire. Au plus près du réel, la vie prend l’allure d’un conte fantastique.
Troupe helvético-québécoise, le Magnifique Théâtre propose une forme théâtrale moderne dans un langage actuel, entre la distanciation et l’identification chez l’acteur et le spectateur.
Lundi, mardi, mercredi et samedi, à 20h; sauf le samedi 10 avril, à 22h; dimanche, à 15h
Scénographie: Maria Eugenia Poblete Beas
Costumes: Marie Pierre Fleury
Conception sonore: Ben Merlin, Guitos, Jonas Bernath
Éclairages: Alexandre Nadeau
Assistance à la mise en scène: Nalini Menamkat
Conseil dramaturgique: Olivier Choinière
Photo: Maria Eugenia Poblete Beas
Date Premières : du 3 au 12 avril 2010
Régulier 20$
Carte premières : 10$
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Magnifique Théâtre et M.T.G.A.T. Lausanne, en collaboration avec le 2.21 et La Rubrique
Aux Écuries
7285, rue Chabot
Billetterie : 514 328-7437
par Sara Fauteux
Pour sa deuxième production, Le Magnifique théâtre nous présente une création de ses fondateurs, Michel Lavoie et Julien Schmutz. Suite à un long combat contre le cancer, Lavoie entame un processus de création qui s’étend sur plusieurs années. En 2007, il amorce l’écriture. L’année suivante, accompagné de Schmutz qui réalise la mise en scène, il retravaille le texte et passe au plateau. C’est en 2009 qu’ils créent Morceau de peur au théâtre 2.21, à Lausanne, en Suisse. Ils le reprennent ces jours-ci Aux Écuries, à Montréal, dont le Magnifique théâtre est membre résident.
Face à la peur, quel remède plus sain que l’art? Comment transformer une peur paralysante de la mort en quelque chose de grand et de vivant, sinon par l’art ? Si cette peur nous isole et nous confronte à nous-mêmes, elle nous relie irrémédiablement au monde, aux autres qui ont peur eux aussi. S’il s’agit là d’un processus immensément riche, il comporte de grands risques. Car face à sa propre douleur, il est facile de tomber dans le pathos et de rester dans l’anecdotique sans jamais arriver à atteindre quelque chose de plus grand que nous-mêmes.
Lavoie aborde sa peur et son cheminement avec une sincérité et une simplicité qui nous touche. Mais il ne parvient jamais tout à fait à atteindre l’essence de son sentiment et ainsi nous transporter au-delà de la compassion. La poésie très simple du texte présente un imaginaire un peu naïf qui empêche un approfondissement réel des questions soulevées. L’interprétation de Lavoie n’est pas à la hauteur du one man show qu’il propose et il ne parvient pas à transporter le public. La mise en scène comporte quelques éléments intéressants, mais aussi plusieurs clichés qui ne servent pas toujours le jeu du comédien.
Des nombreux monologues présentés dans nos théâtres cette année (Bashir Lazhar, La liste, Simon a toujours aimé danser, Passages, Le paradis à la fin de vos jours, etc.) Morceau de peur ne restera pas gravé dans nos mémoires comme le plus réussi. Mais si Lavoie ne maîtrise pas tout à fait les rôles qu’il s’est attribués pour ce spectacle, il a certainement mis le doigt sur un thème théâtral immensément riche à travers son expérience. Et puisqu’il n’a plus peur de mourir, plus peur de vivre, il n’en tient qu’à lui de poursuivre son travail et de continuer d’explorer ce thème immensément fertile.
03-04-2010