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Du 1er au 19 mars 2011 - Jeudi 10 mars à 20h30; samedis 5, 12 et 19 mars à 16h
Correspondances (rester ou partir ?)
Texte : Carole Ammoun (Liban), Olivier Coyette (Belgique) et Évelyne De la Chenelière (Québec)
Mise en scène, adaptation/collage des textes : Marcelle Dubois
Interprétation : Sounia Balha, Marie-Michelle Garon, Emmanuelle Jimenez et Olivier Kemeid

Carole, Olivier, Évelyne vivent dans trois pays — Liban, Belgique, Québec — qui chancellent. Il leur faut prendre la parole pour résister. Aux bombes, au cynisme, aux désillusions d’une génération… Malgré leur amour pour leur patrie, une question persiste : rester ou partir ? Une forme hybride entre théâtre, manifeste identitaire et art visuel.

Les Porteuses d’aromates font un théâtre où le symbolisme et l’invention de la parole l’emportent sur le réalisme. Mais il vise aussi à être actuel et engagé. Déjà produits : Condamnée à aimer la vie, Amour et protubérances, Jam Pack.

 

Scénographie : Véronique Bertrand
Éclairage : Thomas Godefroid
Photographies : Léa Bismuth
Vidéo : Paul Benneto
Son et direction technique : Guy Lévesque
Direction de production : Emmanuelle Kirouac-Sanche
Assistante à la mise en scène : Stéphanie Leblanc

Carte Premières
Cartes Prem1ères
Date Premières : 1er au 9 mars 2011
Régulier : 20$
Carte premières : 10$

mardi au samedi à 20h

Une production Les Porteuses d'aromates

Aux Écuries
7285, rue Chabot
Billetterie : 514 328-7437

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 Critique
Critique
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par Olivier Dumas

Dans son bouquin De la démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville écrivait au milieu du 19e siècle que l’étude du théâtre d’un peuple était très révélatrice de l’essence d’une société démocratique. Cette pensée du célèbre historien résonnait dans ma tête à la fin de la très décevante pièce Correspondances (rester ou partir ?) que l’on peut voir ces jours-ci aux Écuries. De la tragédie grecque aux auteurs contemporains comme Sarah Kane, la scène demeure un lien privilégié pour témoigner des réalités qui sortent des sentiers balisés de la rectitude politique. C’est ainsi qu’Évelyne De la Chenelière,  Olivier Coyette et Carole Ammoun, respectivement du Québec, de la Belgique et du Liban, signent la pièce Correspondances (partir ou rester?). Hélas pour les spectateurs, les trois auteurs ont créé une mosaïque qui ne transcende malheureusement pas ses louables intentions.

Le spectacle de la compagnie Les Porteuses d’aromates (qui nous avait donné par le passé Amour et protubérances et Jam Pack) donne la parole à la Québécoise Évelyne, au Belge Olivier et à la Libanaise Carole. L’histoire se déroule parallèlement dans ces trois pays aux identités nationales, linguistiques et géographiques vacillantes. L’éternel dilemme entre l’exil et l’attachement à sa patrie revient hanter les protagonistes pendant une heure et quart sans parvenir à un discours pertinent.

Pour paraphraser André Gide, les bons sentiments ne font pas toujours du grand théâtre. Ni dans le texte, ni dans la mise en scène de Marcelle Dubois, la représentation théâtrale ne dépasse les stéréotypes ou clichés ambiants sur le «l’interculturalisme» maintes fois remâchées pour justifier (ou excuser, selon les points de vue) la mondialisation et la perte des repères traditionnels. Parmi les trois témoignages enchevêtrés, celui d’Évelyne s’en tire un peu mieux par son portrait juste de l’éternelle hésitation québécoise entre quitter un relatif confort ou partir pour un ailleurs incertain. Toutefois, ce monologue ne porte que trop peu de trace de la signature distinctive d’Évelyne de la Chenelière, auteure d’œuvres remarquables comme Le pied des anges et Désordre public. Par ailleurs, l’utilisation d’une marionnette à gaine, pour une partie de ce monologue, distrait sans creuser le sillon vers une réflexion plus profonde. La mise en scène relève surtout d’une habile mise en place qui bénéficie heureusement d’une musique agréable à l’oreille et de trois comédiens dont la sincérité rejoint par moment le public.

Cependant, triste est l’occasion manquée de porter un regard différent, percutant, provocateur ou accusateur sur les sociétés que décrit cette pièce à la manière d’exposés presque académiques. En somme, Correspondances (rester ou partir ?) se contente d’effleurer des réalités plurielles trop rapidement oubliées.

07-03-2011

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