Fable familiale crue et sanglante sur la rupture des transmissions, où un bébé se rebelle, une oie discute, un chien éclaire et des humains entrent dans la terre ou montent au ciel.
Depuis 2003, les spectacles de Qui va là (Toutou rien, La tête blanche, La fugue, Le nid, 4 fois Mélanie ½) tournent autour du pouvoir d’évocation et du travail collectif.
Conception sonore : Benoît Côté
Conception lumières : Alexandre Pilon-Guay
Conception des marionnettes : Mathieu René
Assistance à la mise en scène : Ève Marchand
Direction de production : Charlotte Ménard
Direction technique : Olivier Gaudet-Savard
Cartes Prem1ères
Date Premières : 29, 30 et 31 mars; 1er et 2 avril
Régulier : 20$
Carte premières : 10$
mardi au samedi à 20h
Une production Qui va là
Aux Écuries
7285, rue Chabot
Billetterie : 514 328-7437
par Sara Fauteux
Récipiendaire du prix Gratien-Gélinas en 2008, il a fallu attendre jusqu'au mois d’avril 2011 pour que soit monté le texte de Justin Laramée, Transmissions. Pendant ces années pourtant, l'oeuvre n'est pas restée sur l'étagère. L'auteur, qui met également en scène son texte, l'a retravaillé en profondeur, le soumettant aux commentaires et aux avis de toutes sortes d'interlocuteurs. Il en résulte un texte moins dense, moins long et aussi, moins dur.
Les spectateurs sont donc conviés à passer près d'une heure et demie en compagnie d'une famille, rassemblée pour une dernière réunion au chalet familial qui sera bientôt vendu à des étrangers. Laramée aborde les questions de l'héritage et du legs en explorant la place de chacun dans la famille. Il présente une galerie d'hommes et de femmes, toutes générations confondues ; des personnages un peu perdus dans leur identité et leur rôle au sein de la cellule familiale.
La magnifique scénographie de Geneviève Lizotte nous happe dès les premiers instants dans une ambiance presque onirique qui crée un heureux contraste avec le réalisme apparent des débuts du spectacle. Mais le texte de Laramée aura tôt fait de dériver vers une réalité décalée, parfois fantastique. À travers des figures animales, il nous présente des hommes qui s'enfuient, qui se défilent, n'arrivant pas à trouver leur place, et des femmes fortes, dominatrices, qui sont prêtes à tout pour défendre leur famille et leur territoire.
La pièce de Laramée est portée par des acteurs très solides, qu'il dirige habilement afin de rendre justice à la puissance poétique et humoristique du texte. L'humour est en effet très présent dans Transmissions. S'il est souvent salvateur, on a parfois l'impression qu'il alourdit le texte de manière inutile. De la même manière, les nombreux symboles qui truffent la pièce pèsent parfois davantage sur elle qu'ils ne l'élèvent. Est-ce le fruit des transformations qu'a subies le texte, y laissant des éléments forts qui s'inscrivent de manière moins évocatrice dans le nouvel objet?
Quoi qu'il en soit, le texte de Laramée possède la grande qualité d'aborder la question des rôles des hommes et des femmes sans tomber dans les clichés. Pour certains, par contre, sa pensée n'apparaîtra pas particulièrement novatrice. Il met en scène un retour à la terre, aux sources, mais plutôt que de libérer les protagonistes, cette nature les cantonne dans des modèles aussi fixes que ceux qu'ils ont rejetés. Sommes-nous donc incapables d'imaginer un modèle tout autre, de réinventer des rôles sur mesure pour l'identité de chacun ?
Peut-être est-il nécessaire d'effectuer ce retour aux sources, de revisiter ces rôles pour mieux s'en affranchir. Transmissions nous permet donc de réfléchir cette question de société de manière intelligente et surtout, à travers une véritable vision artistique.