Librement inspirée d’actes xénophobes posés au cours des dernières années aux États-Unis et au Canada, je ne veux pas marcher seul est une œuvre multidisciplinaire à la forme résolument contemporaine. Alternant danse, témoignages, rap et projections, elle explore, en une dizaine de tableaux, le vaste spectre de la peur.
Sur scène, un ours rôde et suscite la crainte tandis que l’histoire se tisse autour du personnage d’Edon, un jeune homme d’origine haïtienne vivant avec une déficience intellectuelle. Alors que son apparence et sa condition l’établissent tout de go comme quelqu’un dont il faudrait avoir peur, il est pourtant d’une gentillesse, d’une ouverture et d’une pureté incroyables. Au fil de la pièce, le destin d’Edon s’amalgame étrangement avec celui de l’ourson en peluche qui lui apporte chaleur et réconfort, jusqu’au point où tous deux sont progressivement transformés en objet de peur, voire de haine.
Section vidéo
Assistance et accompagnement Marilyne Fournier
Décors Catherine Bourgeois
Costumes Julie Emery
Musique Chafiik
Éclairages Martin Sirois
Photo Adrienne Surprenant
Plein tarif : 27 $
30 ans et moins, membre de l’AQAD ou de la FADOQ, détenteur d’une carte Accès Montréal : 24 $
65 ans et plus : 23 $
Travailleur culturel, abonné à JEU, Liberté et TicArtToc : 22 $
Étudiant : 19 $
Groupe (15 personnes et plus) : 19 $
12 ans et moins : 17 $
Une création Joe Jack et John
À l’extrémité ouest de la rue Beaubien à la limite de Parc-Extension, à la tombée du jour, les trottoirs sont vides. À côté de la voie ferrée, le promeneur-spectateur allant vers le lieu de rendez-vous pour la plus récente pièce de la compagnie Joe, Jack et John ne voudrait certainement pas marcher seul.
Avant d’entrer en salle, chaque spectateur doit écrire sur un bout de papier une chose qui l’effraie. Une fois assis, il peut craindre que cette confidence ne soit utilisée contre lui. C’est que le théâtre expérimental peut parfois faire peur.
La musique et les effets sonores de Chafiik (Loco Locass) sont particulièrement poignants et rendent angoissante l’ambiance du loft de Parc-Extension. L’intégration de quelques morceaux de rap apporte du concret au projet, puisqu’une grande partie du contenu de l’œuvre passe par des silences et des mouvements pour exprimer du ressenti plutôt que des idées ou des opinions - la mise en scène, très physique, de Catherine Bourgeois, inclut beaucoup de danse contemporaine. D'ailleurs, c'est lors d'un rap improvisé en début de parcours que les craintes des spectateurs sont utilisés. La chanson allège la tension initiale et s'avère assez rigolote.
Différents éléments de scénographie technologique, aussi signée par Catherine Bourgeois, sont utilisés. Une caméra filme parfois la scène d’un autre angle et en projette l’image sur un écran situé côté cour. L’outil semble être utilisé davantage pour son côté esthétique que pour sa pertinence dans le propos ; par exemple, l’effet est magnifique lors d’une scène où le protagoniste est filmé en même temps que sa projection et crée un superbe jeu de multiplication. L’éclairage est modifié à l’aide d’un projecteur sur lequel du sable est lancé pour afficher des trainées d’ombre rougeâtre sur la scène : le tout est tout aussi poignant que fluide.
Malheureusement, Je ne veux pas marcher seul souffre de quelques longueurs, certains silences censés mettre de l’ampleur durent trop longtemps et provoque plutôt l’ennui.
Il faut toutefois reconnaitre qu’à la sortie de Je ne veux pas marcher seul les spectateurs ne semblent pas complètement à l’aise, ayant été un peu bouleversés ; mais n’est-ce pas l’un des objectifs du théâtre ?