Sur le rivage, un drôle de petit pêcheur rêve…
Les profondeurs de l’océan l’attirent tant qu’il y plonge. Il est vite malmené par la force des eaux. Voilà qu’une incroyable métamorphose se produit.
Le petit se voit transformé en une créature marine aux cheveux verts comme la mer. Le monde marin lui est désormais moins hostile. Il se lance dans une exploration qui lui fait découvrir une pléiade de créatures plus étranges les unes que les autres.
Il est ainsi emporté par le courant et sa curiosité vers un rivage inconnu. Des profondeurs de l’eau, il aperçoit une jeune fille qui joue sur la grève. Cette rencontre inattendue provoque de grands bouleversements.
Comment s’apprivoiser l’un et l’autre quand on est si différent?
Conception de l'univers visuel Josée Bergeron-Proulx
Conception sonore : Maryse Poulin
Conception éclairage Vincent Prairie
Durée : 45 minutes
Auditoire : 3 ans et plus
par David Lefebvre
L’Illusion Théâtre termine sa saison 2011-2012 d’une douce et très jolie façon. La petite salle accueille Ondin, la première création de Sabrina Baran, jeune femme touche-à-tout et membre de la famille de l’Illusion depuis 2006. Plusieurs gamins curieux auront pu voir cette pièce lors de la plus récente édition des Petits bonheurs, le 4 mai à Montréal et le 13 mai à Longueuil.
Ondin, petit pêcheur, est fasciné par la mer. Il s’interroge sur ce qui se trouve tout au bout, et se questionne sur le monde qu’elle abrite. Un jour, il y tombe, tentant de retenir sa canne à pêche. L’océan le transforme en triton ; il portera ainsi très bien son nom, issu des contes nordiques – l’ondin est un génie des eaux. Pieds palmés, lunettes devant les yeux, cheveux roux dans un casque de bain, le petit homme est prêt à découvrir les mille merveilles de la mer. Il s’amuse avec un poisson, une méduse le tire vers la surface et il chevauche une murène. Tout au bout, il y a Mélusine, petite solitaire au prénom évoquant la fée du même nom des histoires médiévales. Ondin et Mélusine s’apprivoiseront, et vogueront ensemble vers d’autres rivages.
Sabrina Baran offre un premier spectacle presque sans paroles, laissant une place magistrale à la musique et aux images. L’environnement sonore de Maryse Poulin, en direct grâce à des instruments à cordes (violons joués avec les doigts), à vent (flûte traversière) et de percussions (dont un petit sansa, instrument à pouce), et à une bande préenregistrée, est simplement magnifique. Sans diriger l’émotion, elle nous entraîne ; on se laisse bercer au gré de la mélodie, et l'on s’accroche lors des moments plus mouvementés. Les marionnettes de Josée Bergeron-Proulx et Isabelle Chrétien sont craquantes : juste assez grandes, on peut les admirer à notre guise. Celle d’Ondin devient particulièrement intéressante lorsqu’il nage librement sous la surface de la mer, grâce à des mouvements fluides et rapides. La scénographie (Josée Bergeron-Proulx) bouge constamment : une grande voile, prenant la plus grande part de la scène et manipulée par plusieurs fils, donne l’illusion d’une petite mer aux vagues sages ou houleuses. Lorsqu’on la soulève, on accède au monde sous-marin, aux algues et aux poissons. Les éclairages de Guy Simard, aux teintes de bleu et de vert, viennent parfaire l’illusion, même s’il manque parfois de lumière pour apprécier à sa juste valeur le travail des manipulatrices, Sabrina Baran et Gabrielle Garant. Par contre, une scène est particulièrement réussie, celle du combat entre Ondin et le serpent de mer aux yeux lumineux : translucide, la voile permet ainsi d'y voir au travers cette dangereuse danse.
De l’aveu même de la conceptrice, Ondin a été inspiré par trois thèmes précis. La mythologie, d’abord, qui se retrouve dans les noms, dans l’atmosphère de la pièce et dans la construction du récit. Puis, l’univers marin, un endroit qui fascinera toujours petits et grands. Finalement, le rapport à l’autre : Ondin est une fable sur le contact, l’acceptation, l’apprivoisement. Accepter la différence de l’autre pour développer des amitiés, des relations. Si ce thème est le moins flagrant lors du spectacle, il en est pourtant le plus important. Le manque de parole de la part des deux personnages de l’histoire, muets, explique peut-être ce fait, le récit n’ayant droit qu’à quelques lignes de narration. Les plus petits accrocheraient peut-être davantage, surtout vers la fin, si quelques mots entre Ondin et Mélusine se faisaient entendre.
Onirique, ludique, d’une grande douceur, Ondin est une pièce évocatrice, qui fait rêver, qui fait rire, et qui se regarde avec plaisir. Le spectacle ne stagnera certainement pas au fond des eaux et saura trouver son courant-jet pour atteindre sa pleine maturité, et ce, rapidement.