Péckel et Roffel: Une histoire d'amour all dressMarionnettistes Carl Vincent et Pierre-Louis Renaud
Une romance épique entre un cornichon et une croustille. Spectacle à grand déploiement.
La compagnie Sous la tuque a été créée par des comédiens du Conservatoire d’art dramatique de Québec. Ses créations sont ludiques et s’inspirent de tout ce qui se cache dans les profondeurs inexplorées de l’imaginaire. Pour ce faire, Sous la tuque utilise des marionnettes de tous types et souhaite toucher des publics qui ne sont pas familiers à cette forme de théâtre, tout en générant l’étonnement. La compagnie veut aussi sortir le public de sa zone de confort, en abordant des sujets hautement dramatiques à l’aide d’objets inanimés. La pièce de théâtre Péckel et Roffel est la toute première création que présente Sous la tuque.
Scénographie Carl Vincent
Conception sonore et visuelle Jean-François Gladu
Une production de Théâtre Sous la tuque
783, rue de Bienville
Billetterie : (514) 523-1303
Dates antérieures (entre autres)
Espace Cercle Carré 36 rue Queen, Québec
Du 4 au 12 mai 2012, puis Verdun, Valleyfield et Montréal (2012-2013)
par David Lefebvre
Crédit photo : Théâtre Sous la tuque
Le Théâtre Sous la tuque envahit le temps de quelques soirées - et sincèrement, c'est beaucoup trop court - la petite salle de l'Illusion Théâtre, dédié habituellement aux tout-petits, pour proposer sa toute première création, Péckel et Roffel. De type théâtre d'objets dit « de cuisine », Péckel et Roffel raconte l’histoire d’un cornichon, solitaire et malheureux, et d’une chip ondulée, différente des autres, qui se rencontrent un soir, dans un bar, et qui, sous l’influence de la télé, vivront pleinement leur histoire d’amour : mariage, voyage dans le sud, vie de couple. Mais ô malheur, le sexe n’est pas du tout satisfaisant, les ébats toujours réfrénés par les craquements louches de Roffel. La vie au quotidien devient de plus en plus lassante, et arrive la terrible tragédie.
Entre une étagère bien remplie et un comptoir de type bar, les deux acolytes Carl Vincent et Pierre-Louis Renaud s’en donnent à cœur joie dès l’ouverture, avec deux théières renversées en guise de narrateurs, au son d’une chanson ressemblant étrangement à Le sable et la mer de Jacques Boulanger et Ginette Reno. S’ensuit alors l’un des spectacles les plus drôles que vous verrez cette année : du pot de cornichon (le bureau de Péckel et ses collègues) au plat de croustilles (où Roffel se fait intimider), en passant par les canettes-voitures, les bouteilles-qui-veillent-tard, les nachos-dragueurs, le hot dog-one chien show, le poulet entier (devinez son métier), le torchon-chien et j’en passe, Vincent et Renaud exploitent jusqu’à la moelle tout ce qui leur tombe sous la main. Les objets s’animent, l’imagination se débride totalement, la censure prend le bord. Deux gars, finalement, à la répartie facile et aux propos vachement comiques qui déconnent avec la bouffe – à croire qu’ils se vengent des interdictions maternelles de ne pas jouer avec la nourriture. Le texte, écrit en collaboration avec la metteure en scène Cynthia Trudel, est rythmé et recèle d’innombrables gags, jeux de mots et autres absurdités plus comiques les uns que les autres. C’est un véritable feu roulant, une kyrielle de farces à en donner mal aux joues et au ventre. Les deux comédiens issus du Conservatoire de Québec se permettent d’improviser à quelques reprises, et ce, d’admirable façon : un atout majeur, puisque les imprévues et les bavures sont nombreuses, à en voir les miettes et les liquides s’amonceler au-devant de la scène. Même si la troupe célébrera seulement (!) la 30e représentation de Péckel et Roffel ce samedi 16 février, le spectacle est déjà extrêmement solide.
Si la pièce peut paraître étrangement longue, soit une heure quinze avec entracte, le temps file beaucoup trop rapidement, grâce aux différentes péripéties de nos deux protagonistes et aux nombreux autres personnages secondaires, dont la chaude « patatéticienne » et danseuse poteau, ainsi que le doorman Jack et les serveuses Sour Puss et Pichet.
À voir et revoir : Péckel et Roffel et une magnifique surprise que nous fait découvrir la première édition de la programmation découverte du Studio-Théâtre de l’Illusion.