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Du 3 au 5 avril 2014, 20h
Le déchiqueteurLe déchiqueteur
Programmation découverte
Pour adultes
Une création de Carl Veilleux et Anne Lalancette

De minuscules particules de papier créent une atmosphère tantôt cruelle, lourde et incertaine, tantôt légère, sensible et poétique… 


Tarifs
spectacles pour enfants : 16$ (taxes incluses)
spectacles pour adultes : 20$ (taxes incluses)

Une création de Carl Veilleux et Anne Lalancette


L'Illusion, Théâtre de marionnettes
6430, rue St-Denis
Billetterie : (514) 523-1303

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 Critique
Critique

par Daphné Bathalon

Après avoir exploré le Japon, voyagé jusque dans le nord du Québec à la recherche des aurores boréales, puis s’être plongé dans la vie d’un employé de bureau très imaginatif, le théâtre de L’Illusion boucle sa programmation Découverte 2014 avec Le déchiqueteur, une création de Carl Veilleux et d’Anne Lalancette.

La pièce se présente comme une variation cinématographique et théâtrale dont le papier et le carton sont les personnages principaux. Le papier déchiqueté en petits morceaux tout légers et le carton monté en maquettes deviennent la prémisse parfaite pour un éclatement des formes. Les particules de papier se transforment en neige qu’on balance violemment sur le mur dans une bataille libératrice, puis qu’on balaie lentement au sol, qu’on fait tomber doucement ou qui avale les maisons : la matière est riche de possibilités. Les deux créateurs, en collaboration avec Francis Monty, inventent grâce à elle plusieurs univers et ambiances.

Films de guerre, de science-fiction, d’horreur ou de catastrophes naturelles, drame ou comédie, Le déchiqueteur joue de styles bien différents en six tableaux construits sous forme de nouvelles. Si l’effet est bien réussi pour certains tableaux, comme le conte d’horreur où un homme dévore tour à tour une poule, une vache... et un enfant, à d’autres moments, l’exécution manque de précision. Lorsque les deux manipulateurs font danser le papier avec un ventilateur, on distingue plus difficilement la trame, et l’effet recherché en est bien diminué. Il y a pourtant un véritable travail sur les styles et sur les dimensions des objets. Les belles maquettes de bâtiments permettent notamment de cadrer un détail puis d’effectuer un lent travelling arrière pour faire découvrir aux spectateurs un plan plus large de la scène. À ce titre, la mise en abyme du dernier tableau est très réussie.

Pièce sans paroles, Le déchiqueteur joue habilement avec les sons, celui de la brosse du balai sur le plancher rappelant le vent en tempête, celui d’un sac qui crisse comme des bottes dans la neige ou encore ceux des différents objets manipulés. Bien maîtrisé, ce bruitage en direct enrichit les ambiances créées. Il en est de même pour les éclairages et les jeux d’ombre qui, s’ils ne sont pas encore pleinement exploités, se révèlent tout de même parfois surprenants et toujours à propos.

Brève et amusante exploration de styles cinématographiques, Le déchiqueteur demeure malheureusement un peu sage et souffre de l’absence de fil conducteur. Seul le papier se retrouve dans les six histoires, mais rien ne les lie vraiment entre elles. Plutôt qu’un tout, la jeune création laisse donc pour l’instant l’impression d’une enfilade de courtes formes, mais l’inventivité et l’originalité de la proposition font qu’on lui pardonne ses petites faiblesses.

06-04-2014