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24 janvier 2014, 19h, 25-26 janvier 14h
TaïkoTaïko
Programmation découverte
De 4 à 9 ans
Une création de Karine Gaulin, Antoine Lefebvre et Jacinthe Tremblay
Mise en musique de Édith et Simon Beauséjour

Que laisse-t-on derrière soi quand on part en voyage?

Un chat? Une clarinette?

Simon est parti.

Louvoyant sur un petit chemin de cartes postales, il a atteint l’autre bout de la Terre.

Essoufflé, il ne sait plus très bien où aller.

Il s’arrête dans un jardin… et y fait la rencontre d’une Vieille Sage taquine et de son tambour millénaire.

Un voyage initiatique en marionnettes et théâtre d’ombres, à l’autre bout de l’Orient, tracé par deux comédiens-manipulateurs qui convient le public à emprunter la route du nomade en quête de rencontres qui bouleversent. Un théâtre qui préconise les images et les rencontres, alliant le ludique à la poésie, et qui s’interroge sur ce que l’on laisse derrière soi quand on quitte un coin de pays pour aller se créer ailleurs. Ce que l’on quitte et ce que l’on crée aussi lorsque l’on devient parents, et que le sentier du nomadisme prend une autre forme.


Avec la collaboration de Jean Francoeur, Marcelle Hudon et Ghislain Lepage

Tarifs
spectacles pour enfants : 16$ (taxes incluses)
spectacles pour adultes : 20$ (taxes incluses)

Une création de Les chemins errants


L'Illusion, Théâtre de marionnettes
6430, rue St-Denis
Billetterie : (514) 523-1303

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 Critique
Critique

par Daphné Bathalon

La programmation Découverte de L’Illusion est de retour en ville, pour le plus grand plaisir des amateurs de marionnettes! Taïko, une création de la compagnie Les Chemins errants, ouvrait le bal de cette programmation en quatre volets le 24 janvier dernier en nous conviant à un voyage initiatique à l’autre bout de l’Orient. L’idée de ce spectacle a fait son chemin sous le titre de Projet Dragonneries dans la tête de ses trois créateurs, Karine Gaulin, Antoine Lefebvre et Jacinthe Tremblay, depuis 2011, au fil de rencontres et de laboratoires en région. Né de ce projet, Taïko cumule déjà plusieurs kilomètres, de Saint-Ludger à Québec en passant par Sherbrooke et Lac-Mégantic.

Simon a quitté son chez-lui, sa copine Marianne et son chat voilà 188 jours. Cent quatre-vingt-huit, c’est exactement le nombre de cartes postales qu’il a écrites, mais jamais postées. Taïko nous raconte son histoire, celle d’un voyageur qui avait peur de revenir à la maison, d’y prendre racine et de ne plus jamais en repartir. Mais, comme nous l’apprend la vieille dame japonaise à qui appartient le jardin dans lequel il vient se reposer, on voyage aussi « à travers les rencontres qui nous bouleversent et finissent par bouleverser nos vies ». Et celle de Simon s’apprête à prendre un tout nouveau chemin.

Le spectacle est un peu lent à démarrer, notamment à cause de la narration hors champ qui précède le flashback de la visite de Simon. Taïko prend néanmoins sa vitesse de croisière dès l’apparition des ombres chinoises, parfaitement exécutées, qui invitent les jeunes esprits au voyage. Il n’y a guère besoin de plus que ces silhouettes d’avion (ou de dragon!) et ces beaux paysages découpés dans la lumière pour évoquer le chemin parcouru par Simon avant qu’il ne s’arrête dans cet étrange jardin.

Bien qu’il semble très à l’aise dans la peau de Simon, le comédien et cocréateur du spectacle Antoine Lefebvre adopte par moment une voix aux accents enfantins qui brouille inutilement la frontière entre personnage enfant et personnage adulte. Le jeune public n’a pas eu besoin de cet artifice pour se laisser embarquer dans le voyage culturel et humain auquel nous convie Les Chemins errants. En effet, le magnifique travail d’éclairage sur le décor inspirant est propice au dépaysement et à la détente. L’éclairage doré, jamais cru, souligne délicatement chaque élément du décor, du tambour millénaire taïko aux pierres qui pavent le chemin, en passant par les banderoles de papier, les paravents et les instruments de musique. Des lanternes blanches et une belle lune ronde parachèvent le tableau vivant qu’est ce jardin rempli de souvenirs, de découvertes et de promesses.

Les marionnettes de Taïko, toutes faites de papier mâché, charment le jeune public et les parents, nombreux au soir de la première montréalaise du spectacle. La vieille dame, au visage lunaire et aux traits burinés, l’adorable dragonnet aux grands yeux bleus, et surtout, le moustique vrombissant, qu’Antoine Lefebvre et Karine Gaulin manipulent avec dextérité et douceur, captent l’attention de tous. Sur scène, leur complicité est belle à voir, particulièrement lors des retrouvailles de Simon et de Marianne, et quand ils se penchent sur le nid du dragonnet endormi.

Sans jamais insister, Taïko souffle, par la bouche de la vieille femme, quelques sages vérités sur le voyage et le voyageur, qui hérite, au fil de ses aventures d’un bagage trop lourd à porter, qui l’immobilisera juste assez longtemps pour lui permettre de voir naître la plus belle créature. Parce qu’après tout, Taïko c’est aussi l’histoire de Simon et de Marianne, qui se sont un jour posés pour devenir un papa et une maman.

27-01-2014