Aux premiers jours du printemps, une jardinière farfelue découvre une poupée oubliée. En sa compagnie, elle fera germer l'histoire d'un enfant qui ose affronter un ogre.
Conseiller artistique : Sylvain Hétu
Environnement visuel : Jean-Philippe Morin
Lumière : Guy Simard
Musique : Pierre Labbé
Costumes : Sabine Voisard
Maquillage : Suzanne Trépanier
Photo : Marie-Claude Pion-Chevalier
Durée : 30 minutes
Une création de L’Illusion, Théâtre de marionnettes
critique publiée en 2013
Après nous avoir accueillis dans sa lumineuse cuisine en décembre dernier avec Pain d’épice, Claire la pâtissière se transforme en Claire la jardinièredans Jacques et le haricot magique. Créée il y a déjà quelques années, et de retour à L’Illusion jusqu’au 28 avril, c’est la pièce parfaite en prélude au beau temps!
Claire Voisard, conceptrice et interprète du spectacle, renouvelle ici sa magie. En deux mots et un sourire, elle ensorcèle aussi bien les tout-petits que leurs parents. Au cœur de son minuscule jardin, qu’un rayon de soleil printanier ramène tout doucement à la vie, Claire découvre une poupée facétieuse et avide d’aventures. C’est la poupée de son jeune voisin, Jacques, à qui elle a promis de planter un haricot au premier jour du printemps. Mais Jacques n’est pas là... Qu’à cela ne tienne, la poupée et elle s’amuseront bien ensemble.
Dès que Madame Claire pousse la porte de son charmant jardin, elle capte toute l’attention des jeunes spectateurs auxquels elle répond avec naturel lorsque ceux-ci, emportés par le récit, se laissent aller à leur spontanéité juvénile. Claire nous met en confiance avant de nous envelopper avec chaleur dans son petit monde douillet où les contes prennent vie. La scénographie de Jean-Philippe Morinsert l’histoire de belle manière, donnant l’impression d’être un de ces livres en trois dimensions dont les décors se déploient lorsqu’on en tourne les pages.
À peine planté, le joli haricot de Claire se met à grandir et grandir dans l’imagination de l’adorable petite poupée au nez retroussé. Poussée par sa vive curiosité, la poupée s’élance à l’assaut du ciel en escaladant le haricot. Elle y découvre dans les nuages le château d’un riche ogre. Une simple projection au plafond relate en quelques images la fabuleuse expédition de la poupée de Jacques. Une visite ne suffit pas, par trois fois, la poupée retourne dans le château et en rapporte un nouveau trésor, que la jardinière Claire s’empresse de montrer aux enfants, fascinés : un caillou doré, une poule aux œufs d’or, une harpe magique…
Reprenant tous les éléments qui ont fait de Pain d’épice une création qu’on aime instantanément et qui connaît son petit succès d’année en année, Jacques et le haricot magique suscite chez le public le même ravissement. Et tout comme pour Pain d’épice, les jeunes spectateurs ne repartent pas les mains vides : Claire remet à chacun (et même aux parents, pour ne pas faire de jaloux!) un sachet contenant un haricot d’Espagne à faire pousser à la maison. Décidément, petit mais convivial, L’Illusion, théâtre de marionnettes est tout un créateur de souvenirs.
autre critique, par David Lefebvre (2012)
À l'occasion de la cinquième édition du festival Metropolis bleu, l'adaptation libre du conte populaire anglais Jacques et le haricot magique pousse encore une fois dans la minuscule et chaleureuse salle de l'Illusion Théâtre. Créée en 2006, cette jolie version de Claire Voisard délaisse le côté aventurier et héroïque de l'histoire originale du petit paysan tueur de géant pour explorer un tout autre aspect du récit : la vie que cache le haricot.
La gentille et douce Claire sort un matin de printemps et appelle son petit voisin, Jacques, à sortir sur son balcon. Comme il ne répond pas, elle en profite pour nettoyer sa fontaine, et y fait une surprenante découverte. Une poupée de Jacques se cachait sous une feuille, et a dormi là tout l'hiver. Avant de la redonner à Jacques, Claire compte bien s'amuser un peu avec elle et ils plantent ensemble une graine de haricot. Mais voilà qu'elle grandit tant, que la tige pointe les bouts de ses feuilles au travers des nuages. La petite poupée à la belle frimousse y grimpera par trois fois et ramènera du château de l'ogre méchant et gourmand quelques trésors : une pierre dorée, une poule aux oeufs d'or et une harpe qui guérit tout.
Claire Voisard, dans le rôle de la jardinière et alter ego, démontre son magnifique talent d'interprète et de conteuse en mettant dans sa poche de tablier toute la marmaille assise devant elle, qu'elle soit dissipée ou concentrée. Elle écoute son public, lui répond, tout en faisant preuve d'une certaine retenue pour le bon déroulement du spectacle. La scénographie de Jean-Philippe Morin, une petite cour arrière sympathique et avenante, avec clôture et petite table, est savamment pensée. Le plafond, fermé, sert ingénieusement au côté plus fantastique de l'histoire, grâce à des projections d'illustrations de la poupée qui grimpe tout le long du haricot jusqu'au château. Même si la témérité de la marionnette est pour l'enfant l'élément le plus excitant du spectacle, cette version de Jacques et le haricot magique se concentre réellement sur la vie qui reprend son cours après l'hiver, grâce à cette petite plante verte qui permet de découvrir plusieurs richesses, et à cette fontaine qui renaît et dont l'eau ruisselle enfin, libérée de son état solide.
Les enfants ne partent jamais bredouille de l'Illusion Théâtre. À l'instar de Pain d'épice, où on leur donnait un biscuit, Claire offre généreusement un haricot à planter à la maison. Un brin d'imaginaire qu'on ramène chez soi, et qui, avec un peu de soleil et beaucoup d'eau, pourra peut-être, à notre tour, nous permettre de visiter le géant et son château dans les nuages.