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24 janvier 2016, 14h
HistoireThe Secret Life of Suitcases
4 ans et +
Présenté dans sa version originale anglaise.
Avec Ailie Cohen et Samuel Jameson

Larry adore son travail au bureau. Il aime trier et ranger pour que tout soit bien en ordre. Une place pour chaque chose, chaque chose à sa place.

Jusqu’au jour où une valise apparaît soudainement à sa porte. Une valise avec une petite étiquette. Une petite étiquette avec son nom inscrit dessus. Cette valise a une mission...

Rejoignez Larry dans ses aventures rocambolesques où une étonnante valise volante chamboulera tout son univers et l’amènera bien plus loin qu'il ne l’aurait cru.


 

20$ (taxes incluses)

Une création de Ailie Cohen Puppet Maker (Écosse) en co-production avec le Unicorn Theatre (Royaume-Uni)


L'Illusion, Théâtre de marionnettes
6430, rue St-Denis
Billetterie : (514) 523-1303

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Critique

Crédit photo : www.secretsuitcases.com

Parfaite initiation aux aléas de destin, l’artisanale production The Secret Life of Suitcases constitue une expérience enchanteresse pour les plus petits comme les plus grands.

Dans la salle intimiste de l’Illusion, Théâtre de marionnettes, nous rencontrons d’abord deux comédiens «qui nous viennent de très loin», pour reprendre les mots de la présentatrice du spectacle. Les performeurs s’appellent Ailen Cohen et Samuel Jameson. Ils arrivent plus précisément d’Écosse avec leur création conçue par la compagnie Ailen Cohen Puppet Maker, et coproduite avec l’Unicorn Theatre du Royaume-Uni.

Pendant quarante-cinq minutes bien menées, les deux artistes-illusionnistes façonnent devant nous de nombreux univers. Ils jonglent seulement avec quelques accessoires, principalement une série de rigides valises (d’où le titre) de différentes tailles. Sur le plateau, nous voyons en fond de scène un tissu de couleur sombre ressemblant à une colline. Au centre trône un amoncellement disparate de valises. Dans chacune d’elles fourmille un monde dont le contenu mystérieux reproduit, comme toujours par enchantement, les différents aspects des actions du récit.

L’histoire s’amorce dans un bureau bien rangé où travaille Larry, entouré de tiroirs. Avec son long visage ovale, ses petits yeux noirs et sa chevelure abondante foncée, le petit bonhomme en bois est vêtu d’un sobre complet veston-cravate. Ses deux manipulateurs portent le même vêtement. Le personnage aime taper à la machine (dont le bruit est reproduit avec précision) en répétant certaines phrases comme un mantra. L’une des valises se modifie en un instant en cadre de porte. Deux clients se succèdent pour le rencontrer, un homme et une femme. Avec uniquement une moustache fine soutenue par une tige et une paire de lunettes, Jameson réussit à faire croire sous nos yeux à ces deux créatures. Peu de temps après surgit la tête d’un étrange animal à poil long que l’on croirait sorti de l’émission Sesame Street. La vie du protagoniste, jusque-là aussi réglée et précise qu’une horloge suisse, connaît alors une succession de péripéties aussi inattendues que rocambolesques.

La plus grande réussite de The Secret Life réside dans sa capacité à réaliser des transitions de lieux avec une approche minimaliste. De son espace de travail, Larry se retrouve propulsé, par exemple, en pleine nature. Les deux comédiens retirent leurs vestes : sur leurs chandails à manches courtes apparaissent alors des paysages ensoleillés avec des espaces verts, des nuages blancs et un ciel bleu. Les concepteurs démontrent alors leur ingéniosité à recréer avec une aisance naturelle une atmosphère crédible. Dans une scène subséquente, un autret-shirtporté par l’acteur, avec une illustration photographique de la mer, nous transporte en quelques secondes dans le tableau de l’excursion en voilier de Larry. Une petite valise bleue, une structure de bois et un bout de tissu doré nous font vivre cette aventure singulière. Et pour s’arracher temporairement des frontières de la planète Terre, une petite excursion dans l’espace s’impose. Notre sympathique compagnon embarque donc dans une fusée. L’arrière-scène s’illumine avec l’aide de minuscules lumières qui symbolisent les mille et une sensations de la Voie lactée.

La conception sonore habille parfaitement ces sensibles fragments de poésie. Du son des premières connexions Internet en lever du rideau, en passant par quelques notes plus mélancoliques ou des extraits plus atmosphériques vers la fin du périple, la musique demeure une composante importante de ces tableaux vivants.    

Derrière la conception artistique de ce bijou émerge une leçon de vie. Sans forcer le trait, la pièce témoigne avec subtilité de la nécessité d’accepter les impondérables de l’existence humaine et de dépasser nos limites souvent imposées par nous-mêmes. Ainsi, lorsque Larry reprend son train-train quotidien, rien ne sera plus jamais comme avant.

Lors des applaudissements, Ailen Cohen et Samuel Jameson remercient le public en français avec une fébrilité dans la voix. Présentée un seul dimanche après-midi de janvier, une petite merveille comme The Secret Life of Suitcases mérite d’autres présences en sol québécois, tout comme les œuvres futures (on le souhaite grandement) de la compagnie écossaise.                                  

25-01-2016