Le spectacle propose une immersion dans l’univers de l’auteur et médecin Jacques Ferron. Cette épopée onirique, basculant entre réel et merveilleux, permet aux enfants et aux adultes de (re)découvrir ce grand auteur québécois. Évoluant dans un univers organique où tout est possible, des personnages humains et marionnettes donnent vie au réalisme merveilleux de ses récits.
Texte Louis-Charles Sylvestre
Mise en scène Sabrina Baran
Interprétation Sabrina Baran, Nicolas Ferron, Pierre-Louis Renaud et Louis-Charles Sylvestre
Crédits supplémentaires et autres informations
Scénographie et costumes Laurence Gagnon Lefebvre
Univers sonore Nicolas Ferron
Marionnettes Sophie Deslauriers et Laurence Gagnon Lefebvre
Lumières Nancy Longchamp
Assistance à la mise en scène Isabeau Côté
TARIFS
FAMILLES
Régulier |
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18,50$ |
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Abonnement |
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Amis |
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Partenaires |
STM, ACCÈS MONTRÉAL et MEMBRES AQM | 16,50$ |
Une création de L'Illusion, Théâtre de marionnettes
critique publiée lors du passage de la pièce au Festival Casteliers 2019
Il faut saluer l’audace de L’Illusion Théâtre qui, création après création, ose des styles et des sujets auxquels on n’aurait pas spontanément pensé pour des spectacles jeunes publics, et toujours avec une volonté de découverte. Après avoir exploré l’opéra avec les marionnettes de bois de Philémon et Baucis, le petit théâtre de la rue Saint-Denis s’immerge dans l’univers littéraire de Jacques Ferron avec Conte du littoral.
Nous sommes en 1969, et le poète et médecin québécois se réfugie en Gaspésie dans ce qu’il espère une retraite paisible en bord de mer pour y écrire en toute quiétude. Mais il est vite dérangé par le petit démon de l’écriture (facétieux Pierre-Louis Renaud, qui fait beaucoup rire les enfants dans la salle), qui exige que l’auteur s’évade avec lui dans ses mondes imaginaires, puis par la jeune Madeleine (Sabrina Baran, tout en douceur), à la mémoire effacée par la mer.
Au milieu des branches de bois flotté et des cordages, bercée en direct sur scène par la musique de Nicolas Ferron, petit-fils de l’écrivain, la production fait respirer les mots du poète au son des vagues s’échouant sur le rivage. La mise en scène de Sabrina Baran épouse le rythme contemplatif de la nature pour évoquer la solitude de son personnage central, incarné par Louis-Charles Sylvestre, qui signe également le texte du spectacle. C’est donc avec lenteur et finesse que le public s’enfonce dans cet univers aux côtés de Tinamer de Portanqueu, héroïne du roman L’Amélanchier, dont Conte du littoral est en partie inspiré.
La simplicité esthétique de cette production vibre de concert avec la musique et les mots de Ferron tout en rappelant, par les matières brutes du décor, la nature sauvage des paysages gaspésiens aimés de l’auteur.
Comme toujours avec L’Illusion Théâtre, un grand soin a été apporté à la création des marionnettes. Dans son odyssée, l’adorable Tinamer au nez pointu et à la robe joliment couverte de mots, rencontre d’inquiétants rapaces, l’attachant Coco, enfant lumineux mais muet, et le roi du pont, Mithridate, marionnette uniquement constituée de morceaux de bois épars. Sa grande silhouette dégingandée est formidablement efficace. La simplicité esthétique de cette production vibre de concert avec la musique et les mots de Ferron tout en rappelant, par les matières brutes du décor, la nature sauvage des paysages gaspésiens aimés de l’auteur.
Cependant, on comprend moins le choix de l’équipe d’aller vers un français qui gomme presque entièrement ses accents québécois (presque, car ils ressurgissent de manière impromptue au détour de certains mots). L’interprétation y perd en naturel. La grande sensibilité des interprètes et l’humour du texte rattrapent heureusement notre attention.
Comme un rêve, Conte du littoral offre un petit moment de pause bienvenu, quelque part en dehors du monde, pour mieux voguer dans un univers merveilleux façonné par l’imagination d’un grand auteur québécois oublié par la culture mainstream. C’est aussi un voyage dans le monde de l’enfance, une initiation inspirante à la poésie de Ferron.