Carrefour - Du 25 mai au 12 juin 2010
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Le 11e Carrefour international de théâtre

CarrefourLe Carrefour international de théâtre produit à Québec chaque printemps un festival exaltant dans une ville unique. Le festival propose le meilleur de la création nationale et internationale et se veut un carrefour professionnel, un carrefour de découvertes, d’échanges et d’expression pour les artistes et le public.

Voici un aperçu de ce qui vous attend cette année.

* les textes et les images proviennent du site www.carrefourtheatre.qc.ca

Théâtre

Belles-Soeurs
25 mai, 20 h
Durée : 2h15 avec entracte
Salle Albert-Rousseau

...la suite + critique Odré Simard

Sortez le coke et les peanuts, c’est le party chez Germaine Lauzon ! Pour un soir et un soir seulement, les Belles-Sœurs de Michel Tremblay arrivent en ville, plus délurées que jamais…

À l’occasion du quarantième anniversaire de création de la pièce, le metteur en scène René Richard Cyr a revisité ce classique de la dramaturgie québécoise pour en tirer une pièce de théâtre musical à grand déploiement. Avec l’humour, la trivialité et la truculence qu’on leur connaît, les belles-sœurs investissent la scène pour partager les hauts et les bas de leur « maudite vie plate », célébrer les joies du bingo et déverser leur fiel… en chansons !

Désireux de moderniser la facture globale du spectacle tout en préservant l’esprit de l’œuvre, Cyr s’est assuré de la complicité artistique du compositeur Daniel Bélanger qui a créé, pour la circonstance, quinze chansons originales à partir d’un collage d’extraits du texte. Guidé par la musicalité inhérente à l’écriture de Tremblay, Bélanger s’est inspiré du son Motown pour composer une partition qui met en valeur la singularité du phrasé, le souffle des monologues révélant les conflits intérieurs des personnages et le dynamisme des chœurs trahissant leurs préoccupations collectives.

Accompagnées sur scène par quatre musiciens, Marie-Thérèse Fortin, Guylaine Tremblay et Maude Guérin mènent tambour battant une brillante distribution qui regroupe une quinzaine des comédiennes les plus en voix du Québec. Avec elles, c’est une toute nouvelle génération de belles-sœurs au franc-parler qui nous invite à contempler son quotidien étriqué et ses rêves d’affranchissement.

D'après Les Belles-Sœurs de Michel Tremblay
Livret et mise en scène René Richard Cyr
Musique Daniel Bélanger
Interprétation
Marie-Thérèse Fortin (Germaine Lauzon)
Guylaine Tremblay (Rose Ouimet)
Maude Guérin (Pierrette Guérin)
Sylvie Ferlatte (Angéline Sauvé)
Kathleen Fortin (Des-Neiges Verrette)
Michelle Labonté (Yvette Longpré)
Suzanne Lemoine (Marie-Ange Brouillette)
Christiane Proulx (Rhéauna Bibeau)
Hélène Major (Lisette De Courval)
Dominique Quesnel (Thérèse Dubuc)
Monique Richard (Gabrielle Jodoin)
Édith Arvisais (Lise Paquette)
Marie-Evelyne Baribeau (Linda Lauzon)
Maude Laperrière (Ginette Ménard)
Janine Sutto (Olivine Dubuc)
Direction musicale et piano Stéphane Aubin
Assistance à la mise en scène et régie Lou Arteau
Scénographie Jean Bard
Costumes Mérédith Caron
Éclairages Martin Labrecque
Régie de plateau Karine Bédard
Sonorisation Martin Lessard
Éclairage de tournée Robert Perreault
Maquillages Jean Bégin
Assistance aux costumes Pierre-Guy Lapointe
Coach vocal Monique Fauteux
Batterie et percussions Martin Marcotte
Contrebasse et basse électrique François Marion
Accordéon, claviers et trombone Serge Arsenault
Production Théâtre d’Aujourd’hui et Centre culturel de Joliette en collaboration avec Loto-Québec




Critique d'Odré Simard

Quelle grandiose ouverture du 11e Carrefour international de théâtre que ce rafraichissant, drôle et si émouvant Belles-Sœurs, à la toute nouvelle saveur comédie musicale! Le trio de concepteurs René-Richard Cyr, Daniel Bélanger et Marie-Thérèse Fortin ont osés s’aventurer sur un terrain très incertain qui, à prime abord, ne garantissait pas la réussite assurée, car les attentes du public allaient être plus qu’élevées. S’attaquer à ce texte qui est peut-être le plus connu (et reconnu) par le Québécois moyen dans notre littérature théâtrale nationale n’était pas chose banale! René-Richard Cyr a su bien alléger le texte de Tremblay ainsi que renforcer la musicalité qui était déjà très présente. Quant à lui, Daniel Bélanger a su octroyer à l’œuvre un tout nouveau souffle qui nous traverse littéralement. Ce dernier a su composer des musiques qui transportent la pièce, qui la fouillent, lui donnent de l’expansion, la rendent plus drôle encore et surtout plus émouvante. C’est une rencontre avec Germaine Lauzon et ses comparses comme nous n’aurions pu l’imaginer, une rencontre dans une intimité bouleversante par les chants si vrais et profonds de tant de personnages incarnés par tant de magnifiques comédiennes-chanteuses. Un bravo particulier à Maude Guérin qui nous présente une Pierrette désarmante de mal de vivre avec une voix puissante à nous déchirer l’âme. Plus de quarante ans plus tard, les Belles-Sœurs ont encore beaucoup à nous dire.

27-05-2010

Où vas-tu quand tu dors en marchant...?
27, 28, 29 mai, 21 h à 23 h en continu 
Gratuit
Visionnez le plan du parcours (site du Carrefour)
Déposez vos secrets
En 2009, les concepteurs se sont inspirés des confidences du public pour écrire les histoires de Jardins secrets. Cette année, vos secrets pourraient flotter ou fleurir sur les aires d’attente et de circulation.

...la suite + critique de Sophie Vaillancourt Léonard

Plus de 21 000 spectateurs enthousiastes ont ardemment espéré son retour, voilà que le grand succès public de la dernière édition du Carrefour revient enfiévrer les rues de Québec. Des escarpements du quartier Montcalm aux portes de l’église Saint-Roch, Où tu vas quand tu dors en marchant…? propose aux promeneurs de se réapproprier le territoire urbain en investissant les lieux publics pour y vivre, à la faveur de la nuit, une expérience poétique inusitée. Libre de vagabonder au gré de sa curiosité, chacun est invité à céder au plaisir de (re)découvrir un quartier qu’il connaît… ou croyait connaître jusqu’alors, se surprenant désormais à y déceler une théâtralité nouvelle.

Un jardin de secrets chuchotés dans le creux de l’oreille à la lueur de ballons-veilleuses, une veillée grotesque à laquelle sont conviés les sept péchés capitaux, des machines reproduisant les bruits qui accompagnent l’endormissement, un tour de ville cauchemardesque ponctué d’apparitions fugitives, des tabous sociaux qui s’affichent avec ostentation dans les vitrines d’une rue passante, des épousailles sur le parvis d’une église transformé pour l’occasion en scène de music-hall : les scènes qui ponctuent l’étonnant parcours imaginé par le metteur en scène Frédéric Dubois et ses cinq acolytes concepteurs constituent, chacune à sa manière, un éloge inventif de la fantaisie et de l’étrangeté.

Le spectacle a remporté le Prix 2009, catégorie Québec, de l’Association québécoise des critiques de théâtre.

Coordination artistique Frédéric Dubois
Adjointe à la coordination artistique Caroline Martin
Conception Frédéric Dubois et Yasmina Giguère, Véronique Côté, Sébastien Dionne, Claudie Gagnon et Frédéric Lebrasseur, Pascal Robitaille et Harold Rhéaume
Interprétation : Près de 200 comédiens, musiciens, acrobates, danseurs et autres artistes
Production Carrefour international de théâtre
Directeur de production Gilbert Gagné
Coordonnatrice de la production Marie-Josée Houde
Directeur technique Pierre Gagné
Adjointe à la coordination de la production Geneviève Thibault
Crédit complet sur le site du Carrefour




critique de Sophie Vaillancourt Léonard

Le Carrefour international de théâtre de Québec reprend, cette année encore, l’ambitieuse production pilotée par Frédéric Dubois. Présenté pour la première fois à l’été 2009 dans le cadre du 10e anniversaire du Carrefour, Où tu vas quand tu dors en marchant… ? est un parcours extérieur mariant le théâtre, la musique, les arts visuels et la danse, et invitant les noctambules à déambuler au fil des six tableaux conçus par six concepteurs-créateurs et répartis entre le quartier Saint-Jean-Baptiste et Saint-Roch.

C’est devant un coucher de soleil magnifique qu’à 21h, la première station imaginée par Véronique Côté, Jardins secrets, nous a accueillis. Devant nous, au Parc Lucien-Borne, plusieurs lits nous sont offerts, tous occupés par un être et son secret. Un a un, deux par deux, parfois quatre par quatre, on nous assigne un lit; notre rôle est alors d’écouter le secret qui nous y est confié. Grande est l’envie de les entendre tous, mais de n’en connaître qu’un seul parmi tous ceux qui se chuchotent autour de nous, nous rend privilégiés. Pour nous, ça aura été « Missiles », grande réflexion d’une jeune femme devant son incapacité à vivre la détresse du monde dans le présent et à ne connaître que l’après. Nous nous dirigeons ensuite plus bas, au Sanctuaire Notre-Dame-de-Lourdes, où Claudie Gagnon a glissé çà et là des tableaux représentant les sept péchés capitaux. Ici, on sent l’interdit, le tabou, le secret; si ce tableau se nomme Apparitions, c’est que c’est en ce lieu qu’un citoyen aurait aperçu la Vierge, en 1967. Vient ensuite Dormance Mécanique sur le terre-plein du boulevard Langelier, où Pascal Robitaille nous fait traverser les quatre phases de l’endormissement grâce à des engins tous plus farfelus les uns que les autres. D’abord le crépuscule, où le chant des grenouilles est recréé par une machine complexe; ensuite l’acouphène où des tourne-disques font tourner des verres desquels s’échappent des sons stridents. Puis, les « ronflettes » simulant l’étape du sommeil profond et finalement, le rêve. La quatrième station, Avancez en arrière, est quant à elle dirigée par Frédéric Dubois; à bord d’un autobus, les spectateurs reculent dans le temps et, l’espace d’un trajet d’une quinzaine de minutes, rencontreront des personnages singuliers parfois à l’intérieur même du véhicule, parfois non, mais toujours sous la gouverne d’un guide qui se chargera de décrire le « paysage ». L’avant-dernier tableau, Noctambleu, imaginé par le scénographe Sébastien Dionne, fait appel à une dizaine de commerces de la rue Saint-Joseph. À l’image du red light district d’Amsterdam, ce sont ici les néons bleus qui priment. Dans les vitrines, les comédiens, muets, exposent certaines grandes préoccupations de notre société moderne : le divorce, le vieillissement de la population, la dépression, la recherche de l’âme sœur, la consommation, le recyclage, l’analphabétisme, etc. Ici, un tableau plus frappant que les autres : celui de l’Alzheimer où, une vieille dame file sa laine inlassablement en souriant à tout un chacun, reconnaissant sans connaître. Puis, finalement, sur le parvis de l’église Saint-Roch, c’est la chorégraphie finale d’Harold Rhéaume, La Noce, qui nous attend. Six couples sortent de l’église et nous offrent une danse à la « music-hall » avant de descendre dans la foule et de la faire danser. Puis, la noce s’achève sur une musique techno et les mariés cèdent la place à des danseurs de break et d’hip-hop. Enfin, les cloches résonnent, la boucle est bouclée, et les danseurs endiablés cèdent à nouveau la place aux nouveaux mariés.

Où tu vas quand tu dors en marchant… ? est non seulement un incontournable, mais réalise une prouesse des plus remarquables : sortir les arts de leur cadre habituel, mais aussi présenter la ville sous un regard neuf. Ne reste qu’à lancer un immense bravo aux 200 acteurs et participants de cette déambulation magique et impeccable.

28-05-2010

Ciels (Le sang des promesses)
28 mai 20h, 29 mai 15h, 30 et 31 mai 19h
Durée : 2h30
Aréna Bardy : 2280, avenue Monseigneur‑Gosselin (La Cité-Limoilou)
Rencontre avec les artistes 29 mai 18h au Zinc (336, rue du Roi)

...la suite + critique de Yohan Marcotte

Objet étonnant que ce Ciels, annoncé par Wajdi Mouawad comme le quatrième et ultime volet de son quatuor Le Sang des promesses. Nulle quête des origines dans cette œuvre qui s’inscrit en contrepoint des précédentes, nul dialogue entre les vivants et les morts, mais plutôt le risque d’une catastrophe imminente qui pourrait bien porter un dur coup aux grandes puissances occidentales, « coupables d’avoir versé le sang des fils du siècle ».

Pour le cryptographe Valéry Masson, une organisation internationale composée de jeunes anarchistes serait à l’origine du complot destiné à punir les pères coupables d’avoir envoyé leurs fils à l’abattoir, ne leur laissant en héritage que charniers et souffrances. Menace terroriste, espionnage électronique, échanges de messages cryptés… La « piste Tintoret », hypothèse jugée poétique et hautement fantaisiste, serait-elle la clef de l’énigme? Le tableau L’Annonciation pourrait-il servir de « motif à une tapisserie de l’horreur »? Masson disparaît, emportant avec lui son secret. Le temps presse et le danger s’intensifie. La beauté du monde, par l’entremise de l’art, est appelée à côtoyer l’horreur et la vengeance. Le successeur de Masson, Clément Szymanowski, parviendra-t-il à stopper le bras vengeur avant qu’il ne soit trop tard? Le souhaite-t-il seulement? Alors qu’il noue des liens entre théâtre, peinture et mythologie, Mouawad fixe son regard sur le vertige de l’ange justicier.

Désireux de solliciter de nouveaux points de vue, le metteur en scène brise le rapport frontal qu’il préconise habituellement pour intégrer les spectateurs à un dispositif scénique englobant, composé d’écrans vidéo et doublé d’un environnement sonore médiatisé. Rompant avec l’esthétique et les thématiques de prédilection de Mouawad, Ciels témoigne d’une écriture scénique et d’un propos singuliers.

Texte et mise en scène Wajdi Mouawad
Interprétation John Arnold, Georges Bigot, Valérie Blanchon, Olivier Constant, Stanislas Nordey
Sur vidéo Gabriel Arcand et Victor Desjardins
Dramaturgie Charlotte Farcet
Conseiller artistique François Ismert
Assistance à la mise en scène Alain Roy
Scénographie Emmanuel Clolus
Costumes Isabelle Larivière
Lumière Philippe Berthomé
Composition musicale Michel F. Côté
Réalisateur sonore Michel Maurer
Création vidéo Adrien Mondot
Réalisation vidéo Dominique Daviet
Direction de production Arnaud Antolinos (France), Maryse Beauchesne (Québec)
Direction technique Laurent Copeaux
Régie générale Cyril Givort
Régie plateau Caroline Boulay, Eduardo Mingo Gonzalez
Régie lumière Julie Gicquel ou Xavier Baron
Régie son Olivier Renet
Régie vidéo Olivier Petitgas

Production Déléguée Vincent Schmitt assisté de Laure Mullot
Communications Marie Bey
Presse Dorothée Duplan

Textes publiés aux éditions Actes Sud

Un spectacle de Au Carré de l'Hypoténuse et Abé Carré Cé Carré, compagnies de création




critique de Yohan Marcotte

Ciels clôt le cycle Le sang des promesses de Wajdi Mouawad d’une manière bien singulière. On choisit d’entasser les spectateurs sur des tabourets inconfortables dans un espace exigu situé entre quatre murs qui servent tantôt d’écran, tantôt de scènes lorsqu’on ouvre les toiles qui les dissimulent.

Mouawad nous entraine dans un thriller politique que certains trouveront racoleur. L’intrigue repose sur une équipe des services secrets français tentant de décrypter des messages radio émis des quatre coins du monde qui annonceraient de futures attaques terroristes. Ces émissions font allusion à un tableau de Tintoret. Ceci pousse l’équipe à une audacieuse analyse de l’œuvre pour trouver la clé de l’énigme.

Bien qu’on puisse avoir l’impression que Ciels est un émule du Code Da Vinci par le décryptage de messages secrets dans des œuvres d’art visuel, le fond de l’histoire est nettement différent et s’inscrit dans le rapport intergénérationnel et les stigmates de la guerre. Malheureusement, le suspense qui fait avancer le fil de cette histoire se crée mal. On a l’impression que l’intrigue est trop grossièrement ficelée pour en jouir, lorsque les décrypteurs mettent tout leur brio pour court-circuiter la menace terroriste.

Toutefois, Ciels est une occasion pour parler de l’humanité dans ce qu’elle a de plus beau, la culture, et ce qu’elle a de plus terrible, la guerre. La rancœur d’une génération héritière du meurtre se déchaine dans une mise en scène et une scénographie inventive, qui s’axent sur la technologie, mais qui ne semblent pas véritablement nécessaire à la transmission de la pièce. Espérons que ce jalon est le premier d’une série et que l’exploration de Mouawad dans ce domaine n’est pas terminée.

29-05-2010

Trilogie Littoral - Incendies - Forêts
12 juin, 12h
Durée : 12 h (deux entractes de 1 h 15 et une pause)
Grand Théâtre de Québec, salle Louis-Fréchette
Rencontre avec les artistes 29 mai 18h au Zinc (336, rue du Roi)


...la suite + critique Odré Simard

Sans patrie et sans racines, Wilfrid, Jeanne, Simon, Loup, les jeunes orphelins protagonistes de l’œuvre-fleuve de Mouawad, cherchent à combler les béances d’une filiation tronquée dont ils sont les héritiers abandonnés, dépositaires de promesses qu’ils doivent tenir pour se réconcilier avec le monde et trouver un sens à leur existence.

Portés par des monologues au souffle puissant, des traits d’humour vifs, des images fulgurantes et une interprétation profondément émouvante, Littoral, Incendies, Forêts forment une épopée baroque et tragique qui, avec sa sensibilité et sa démesure, a révélé au monde l’exceptionnel talent de conteur de Wajdi Mouawad. Lyrique et foisonnant, grave et mordant à la fois, son discours déferlant submerge tout sur son passage, donnant libre cours au pouvoir libérateur de la parole. Faites de fragments de mémoire perdus et d’inextricables ramifications, les histoires bouleversantes qu’il met en scène permettent que se côtoient l’horreur et la beauté, réunies dans un théâtre de la révélation.

Textes et mise en scène Wajdi Mouawad
Interprétation
Jean Alibert Le chevalier Guiromelan (Littoral) / Edmond (Forêts)
Annick Bergeron Nawal 40 ans (Incendies)
Véronique Côté Hélène, Sarah (Forêts)
Gérald Gagnon Antoine Ducharme, Chamseddine (Incendies)
Tewfik Jallab Amé (Littoral)
Yannick Jaulin Achille, Albert (Forêts)
Jocelyn Lagarrigue Simon (Incendies)
Linda Laplante Aimée, Odette (Forêts)
Catherine Larochelle Simone (Littoral) / Ludivine (Forêts)
Isabelle Leblanc Jeanne (Incendies)
Patrick Le Mauff le père (Littoral) / Douglas Dupontel (Forêts)
Marie-France Marcotte Léonie, Luce (Forêts)
Bernard Meney Baptiste, Alexandre (Forêts)
Andrée Lachapelle Nawal 65 ans (Incendies)
Mireille Naggar Sawda / Elhame (Incendies)
Valeriy Pankov Nihad (Incendies)
Marie-Ève Perron Joséphine (Littoral) / Loup (Forêts)
Lahcen Razzougui Massi (Littoral)
Isabelle Roy Nawal 19 ans (Incendies)
Emmanuel Schwartz Wilfrid (Littoral) / Samuel Cohen (Forêts)
Guillaume Sévérac-Schmitz Sabbé (Littoral) / Lucien, Edgar (Forêts)
Richard Thériault Hermile Lebel (Incendies)

Dramaturgie Charlotte Farcet
Assistance à la mise en scène Alain Roy
Conseiller artistique François Ismert
Scénographie Emmanuel Clolus
Lumières Martin Labrecque assisté de Martin Sirois
Costumes Isabelle Larivière
Maquillages et coiffures Angelo Barsetti
Son Michel Maurer
Direction musicale Michel F. Côté
Direction technique Laurent Copeaux (France), Éric LeBrec’h (Québec)
Régie plateau Emmanuel Cognée, Céline Foucault, Philippe Gauthier, Éric Morel
Régie lumière Caroline Dietlin, Éric Le Brec’h, Yann Loric
Régie son Valérian Copeaux, Yann France
Régie costumes Emmanuelle Thomas
Habilleuses Audrey Gaudet Camille Panin
Musiques originales les comédiens du spectacle pour Littoral, Michel F. Côté pour Incendies, Michael Jon Fink pour Forêts
Direction de production Arnaud Antolinos (Au Carré de l’Hypoténuse, France), Maryse Beauchesne (Abé Carré Cé Carré, Québec)
Production déléguée Vincent Schmitt assisté de Laure Mullot
Communications Marie Bey
Presse Dorothée Duplan

Textes publiés aux éditions Actes Sud.

Production Au Carré de l’Hypoténuse et Abé Carré Cé Carré, compagnies de création
Production déléguée Espace Malraux scène nationale de Chambéry et de la Savoie




Critique d'Odré Simard

Littoral. Incendies. Forêt. Le sang des promesses. Une urgence de vivre par delà la mort, la misère, l’abandon, l’indicible, l’innommable. Il n’y a pas de tabou pour Wajdi Mouawad. Il nous offre un théâtre qui nous rend minuscule face à l’horizon, face à la grandeur des destins, mais aussi face à l’horreur. L’horreur d’un monde qui est le nôtre. Près de douze heures de tragédie moderne qui recoupe tantôt clairement, tantôt avec une grande subtilité les anciennes tragédies du monde grec. Dans les trois chapitres de ce sang des promesses, des enfants qui, chacun à leur manière, furent abandonnés par les êtres qui leur ont donné la vie, tentent maintenant de remonter à la source des mystères, des non-dits, des silences. Ils deviennent porteurs d’une parole violente, mais empreinte d’espoir. Un espoir d’enfin trouver sa juste place en ce monde où la beauté et la laideur se répondent dans un cycle sans fin. Mouawad et son impressionnant lot d’acteurs et d’actrices solides, émouvants et généreux, réitèrent du côté de la fonction première de la tragédie ; la catharsis. Ils nous offrent un moment hors du temps pour nous faire vivre quelque chose de grand qui nous propulse à des lieues de notre quotidien, au plus profond de nous-mêmes.

13-06-2010

La montagne rouge (Sang)
1er juin 20h, 2 juin 22h, 3 juin 19h, 4 juin 21h et 5 juin 19h
En français
Durée : 1h15
Rencontre avec les artistes le 1er juin après la représentation
Studio d'Essai de Méduse

...la suite + critique de Sophie Vaillancourt Léonard

Un an après le suicide de son amoureux, une jeune femme retourne sur la montagne rouge où ils avaient l’habitude de se rendre ensemble. Profondément démunie face à la mort de celui qu’elle a immensément aimé, elle peine à se reconstruire. En se rendant en pèlerinage sur les lieux de ce qui fut autrefois leur refuge, elle choisit d’inventer son propre rituel de deuil dans l’espoir de s’affranchir de sa douleur « une bonne fois pour toutes ».

Premier volet d’un triptyque en cours d’écriture, La montagne rouge (SANG) de Steve Gagnon révèle une plume inusitée. Remarquable dans son expressivité comme dans ses silences, son écriture poétique évite subtilement les clichés et atteint le seuil de l’émotion.

Inspiré par l’intensité qui émane des personnages de Gagnon, le metteur en scène Frédéric Dubois a souhaité approfondir leur quête de sens et de lumière en réponse à l’absurdité ambiante. Du coup, la collaboration Gagnon-Dubois s’est tout naturellement inscrite dans le « cycle du NON » amorcé depuis peu par le Théâtre des Fonds de Tiroirs, un cycle articulé autour du refus des compromis, de l’abrutissement et d’une existence sans poésie.

Pour Dubois, qui s’est efforcé de donner corps à l’absence dans un espace où la mémoire explose, « l’intimité que demande l’histoire, comme un secret dit à l’oreille, nous permet d’explorer un tout petit lieu, un coin de salle de répétition, un tas de terre, un espace juste assez grand pour que deux corps puissent s’enlacer… ». Un espace où la réconciliation avec la vie devient possible.

Texte Steve Gagnon
Mise en scène Frédéric Dubois
Assistance à la mise en scène et régie Adèle Saint-Amand
Interprétation Steve Gagnon et Claudiane Ruelland
Décor Sébastien Dionne et Frédéric Dubois
Costumes Sébastien Dionne
Mouvement Geneviève Dorion-Coupal
Musique Marco Morin
Production Théâtre des Fonds de Tiroirs




critique de Sophie Vaillancourt Léonard

La Montagne rouge (Sang), c’est une jeune fille qui retourne à la montagne où elle et son amoureux ont tant partagé, un an après le suicide de celui-ci. La Montagne rouge (Sang), c’est une jeune fille habitée non seulement par la rage et la culpabilité, mais surtout par l’absence de rituel de deuil. C’est ce qu’elle s’en va faire sur la montagne : son propre rituel. Celui qui lui ramènera l’espace d’un instant, l’être tant aimé, à qui elle a tant à dire.

Si La Montagne rouge (Sang) est d’abord un texte poignant de Steve Gagnon (aussi interprète de l’amoureux) où l’art du mot juste est parfois troublant, elle est surtout une interprétation bouleversante de Claudiane Ruelland. D’une justesse à en fendre l’âme, la jeune diplômée du Conservatoire de Québec relève le défi de tenir presque à elle seule le « dialogue » de la pièce qui dure près d’une heure quart et qui, par la gravité de son propos, ne tombe jamais dans la lourdeur. C’est sous les applaudissements très soutenus du public que les deux acteurs sont revenus saluer plusieurs fois. Pas d’ovation. Ni de bravo. Tout simplement par retenue des spectateurs, clairement ébranlés par cette pièce magnifique.

01-06-2010

Éloge du Poil
2 juin 19h, 3 juin 21h, 4 juin 19h, 5 juin 21h
Durée : 1h10
En français
Rencontre avec les artistes le 2 juin, après la représentation
Salle Multi de Méduse

...la suite + critique Odré Simard

« À notre époque, la barbe est la seule chose qu’une femme ne puisse faire mieux qu’un homme. Ou, si elle réussit, elle n’a de succès assuré qu’au cirque… » John Steinbeck aurait sans doute été ravi s’il avait eu l’occasion de rencontrer la très charismatique femme à barbe de Jeanne Mordoj ! Artiste de cirque aux mille talents, celle-ci engage sa parfaite maîtrise du corps et de l’objet pour nous livrer, avec la complicité artistique du « metteur en piste » Pierre Meunier, un Éloge du Poil savoureusement baroque. On se souviendra que Pierre Meunier avait causé une belle surprise lors du Carrefour 2008, avec son solo Au milieu du désordre.

Seule en scène, Mordoj s’approprie avec audace cet attribut masculin – la barbe – pour explorer les mystères de la séduction et questionner les contours de sa propre féminité. D’une étrangeté toute sensuelle, troublante dans son ambiguïté (« Vous vous demandez comment je suis, ailleurs, hein? »), elle assume totalement sa marginalité pour mieux s’adonner à l’exhibition grotesque de ses charmes.

Qu’elle jongle avec un jaune d’œuf ou se contorsionne pour récolter des coquilles d’escargots, qu’elle prête sa voix à un squelette de blaireau hystérique ou à un crâne de bélier neurasthénique, Mordoj manipule des objets inertes qui, sous son impulsion, reviennent à la vie. Le spectateur sait-il alors que c’est sa propre finitude qui lui est donnée à voir par l’entremise de cet imaginaire un rien macabre ? Par ses rituels circassiens qui brisent toutes les conventions, Mordoj se donne le droit de révéler l’indicible : la mort nous guette tous, semble-t-elle nous dire, aussi bien rire dans sa barbe avant que d’y passer. Après tout, le poil, c’est la vie…

Texte Jeanne Mordoj et Pierre Meunier
Création et jeu Jeanne Mordoj
Mise en scène Pierre Meunier
Scénographie et lumières Bernard Revel
Composition musicale, ambiance sonore Bertrand Boss
Décor et accessoires, assistance de la femme à barbe Mathieu Delangle
Régie générale et régie son Eric Grenot
Costumes Elisabeth Cerqueira, Stéphane Thomas et Tania Dietrich
Graphisme et peinture Camille Sauvage
Collaborations
Chorégraphie Cécile Bon
Ventriloquie Michel Dejeneffe
Photographie Marie Frécon
Accessoires Guillaume De Baudreuil
Production Compagnie Bal / Jeanne Mordoj
Coproduction La Brèche, centre des arts du cirque de Basse-Normandie à Cherbourg - Pronomade(s) en Haute-Garonne - Théâtre de l'Espace, scène nationale de Besançon - Le Merlan, scène nationale à Marseille - Parc de La Villette à Paris - Equinoxe, scène nationale de Châteauroux. Cirque - Théâtre d'Elbeuf, Centre des arts du cirque de Haute Normandie Résidence et aide à la production Les Subsistances à Lyon - Quelques p’Arts… le SOAR, scène Rhône-Alpes Aide à la résidence Les Migrateurs - associés pour les Arts du Cirque / le-Maillon Théâtre de Strasbourg Accueil en résidence La vache qui rue, Moirans en Montagne.

Avec le soutien de la DMDTS, de la DRAC et du Conseil Régional de Franche-Comté, du Conseil Général du Doubs.




critique d'Odré Simard

Jeanne Mordoj exécute avec brio ce spectacle solo qui réunit audacieusement cirque et théâtre, frôlant même la performance. C’est donc dans un rapport à la scène du type arène de cirque que nous nous plaçons pour observer ce que la femme à barbe aura à nous dire. Cette femme surprenante possède sans contredit une présence d’une force admirable ainsi qu’un regard qui percute le spectateur. Par ces yeux foudroyants, elle installe dès le début du spectacle un contact tout à fait particulier, elle captive, fascine… et révulse par son aspect plutôt hors-norme. Mais finalement, qu’a-t-elle à nous dire cette femme à barbe? Dû au titre, des attentes se forgent quant à un certain contenu qui prendrait position sur l’égalité des sexes, la transgression des normes, le concept de beauté, mais le spectacle ne se situe pas à ce niveau. La barbe devient davantage un prétexte qu’un fondement et nous nous retrouvons devant un spectacle à numéros variés sans trop de ligne directrice où les poils rajoutent un côté intrigant ou étrange, sans plus. Somme toute, ces numéros rivalisent d’originalité et sont exécutés avec assurance. Éloge du poil offre un divertissement très apprécié, mais le spectacle ne comble peut-être pas certaines attentes au niveau de la réflexion.

12-06-2010

Yukie
3 juin 20h, 4 juin 20, 5 juin 15h, 6 juin 19h
Durée : 1h30
En français
Rencontre avec les artistes le 3 juin, après la représentation
Caserne Dalhousie

...la suite + critique d'Isabelle Girouard

« Nos moi sont traversés par tant de fils d’images comme un courant électrique. Je circule dans mes corps comme un serpent narratif. J’électrocute des ions positifs par les airs et des éclairs éclatent dans ma tête. Je me divise. En moi, il y a trois moi en émoi qui résonnent comme une triade nommable : la noyée, la colérique et l’inventive. »

Dans une ville québéco-japonaise de « n’importe nawaque », entre Osaka de Rimouski et Maniwaki du Japon, Yukie erre à la recherche d’elle-même. Depuis l’enfance, elle porte la souffrance du monde dans son corps de femme où se déchirent trois « sœurs de douleur » qui fragmentent son identité et la maintiennent dans les ténèbres. Soutenue dans sa quête par Kento, le poète éboueur amoureux, elle espère l’appel d’air qui lui permettra de respirer librement.

Enracinée dans le territoire d’un Japon intérieur et portée par une parole aérienne, poétique et à demi inventée, Yukie, la toute dernière création de Daniel Danis, s’inscrit dans une exploration sensible des langages de l’image. Sonore ou visuelle, abstraite ou, au contraire, bien tangible, son imagerie singulière se déplie dans l’espace vide de la scène comme sur une toile blanche, conférant relief et profondeur aux ombres qui la traversent.

Depuis quelques années, Danis cherche à développer une expressivité scénique en résonance avec les accents hautement symbolistes de son écriture dramatique. Au croisement des technologies médiatiques et des formes anciennes du rituel théâtral, le vocabulaire qu’il a mis au jour dans Yukie donne à voir et à entendre son univers métaphorique tel qu’il le voit et l’entend lui-même : autrement…

Conception, texte et mise en scène Daniel Danis
Interprétation Alexandrine Warren, Ann-Sophie Archer, Eliot Laprise, Frédérick Bouffard, Klervi Thienpont, Sophie Thibeault et Anabelle Lebrun
Conception sonore Dominic Thibault
Programmation informatique vidéo projections Lucie Bélanger et Louis Bouchard
Informatique en vision par ordinateur Sébastien Roy
Collaboration à la scénographie et réalisation Jean-François Labbé
Conception des costumes Virginie Leclerc
Participation à la recherche visuelle Lionel Arnould
Direction de production Nadia Bellefeuille
Administration Christiane Dinelle
Direction technique Mathieu Thébaudeau
Production Compagnie Daniel Danis, arts/sciences
Coproduction Le Manège. Mons/CECN2, Centre des écritures contemporaines et numériques 2 (Belgique), CIFAS, Centre international de formation en arts du spectacle (Belgique), Le Laboratoire Vision3D de l’Université de Montréal, L’Usine C, Ex Machina




critique d'Isabelle Girouard

Un premier jet de la création de Daniel Danis a d’abord été proposé à l’automne 2009, lors d’une résidence d’exploration au Centre international de formation en arts du spectacle de Bruxelles. Le projet s’est installé en résidence à la Caserne Dalhousie cet hiver et la première partie est dévoilée pour nous à Québec, dans le cadre du Carrefour international de théâtre.

Yukie arrive à sa naissance naufragée sur une île où elle est recueillie par les pêcheurs d’anguilles, qui deviendront sa tribu parentale. Ici commence le tracé de sa vie déchirée en trois «moi» distincts, trois sœurs de douleur.

On retrouve une fois de plus la particularité des personnages de Danis qui se racontent en même temps qu’ils agissent, à travers une langue d’une étrange beauté. La création baigne dans un équilibre quasi parfait entre la technologie et le théâtre rituel. Les comédiens s’affairent comme des abeilles autour d’une grande toile blanche où sont projetées les images filmées simultanément, et d’où surgissent parfois des personnages. Pas de faux mouvement, mais plutôt une impressionnante précision qui révèle lentement au spectateur l’histoire de Yukie, enfant violemment traversée par les forces de l’univers. Si tout cela se raconte dans un souffle très lent, le spectateur s’enfargera peut-être dans quelques longueurs. Reste que la création est magnifique dans son ensemble. Daniel Danis sait représenter l’âme humaine dans toute sa tragédie avec profondeur et intelligence.

À voir absolument!

05-06-2010

Tragédies romaines
4, 5 juin à 18h
Durée : 6 h (plusieurs pauses) ; les spectateurs peuvent circuler durant la représentation
En néerlandais, surtitré en français
Grand Théâtre de Québec, salle Louis-Fréchette

...la suite + critique de Yohan Marcotte

Des guerres soigneusement mises en scène, des intrigues de politiciens arrogants, des alliances de complaisance, une démocratie constamment mise à mal par des individus aux ambitions démesurées… Se pourrait-il que Shakespeare ait présagé notre époque? Dans sa lecture incisive et ô combien actuelle des trois sanglantes tragédies romaines du Grand Will – Coriolan, Jules César et Antoine et Cléopâtre –, l’audacieux metteur en scène néerlandais Ivo van Hove fait de l’univers médiatique la cheville ouvrière du monde politique contemporain.

Pulvérisant les conventions de la représentation théâtrale traditionnelle pour mieux donner à voir les coulisses du pouvoir et ses mécanismes gangrenés, Ivo van Hove transpose la Rome antique dans un centre de congrès aux allures de plateau de télévision et invite le spectateur à investir physiquement le dispositif scénique. Entouré de moniteurs, de micros et de caméras qui captent des images et les retransmettent en direct sur grand écran, à quelques pas des personnages plus grands que nature qui s’entre-déchirent sans vergogne sous ses yeux, le spectateur-voyeur se retrouve plongé au cœur de l’Histoire qui se construit. Bombardé de bulletins de nouvelles en provenance de l’étranger et régulièrement averti de l’imminence d’événements d’intérêt public, il peut suivre l’évolution de la guerre de près ou de loin, changer de siège, prendre une pause lorsqu’il le désire…

Dans un formidable marathon théâtral de la démesure, l’infatigable Toneelgroep Amsterdam donne à voir une proposition théâtrale qui, résolument, entre en résonance avec l’agitation du monde contemporain.

Texte William Shakespeare
Mise en scène Ivo van Hove
Interprétation Roeland Fernhout, Renée Fokker, Fred Goessens, Marieke Heebink, Fedja van Huêt, Chico Kenzari, Hans Kesting, Hugo Koolschijn, Hadewych Minis, Chris Nietvelt, Frieda Pittoors, Alwin Pulinckx, Halina Reijn, Eelco Smits, Karina Smulders
Traduction néerlandaise Tom Kleijn
Dramaturgie Bart Van den Eynde, Jan Peter Gerrits, Alexander Schreuder
Costumes Lies Van Assche
Vidéo Tal Yarden
Musique Eric Sleichim
Scénographie / Lumière Jan Versweyveld
Musiciens Bl!ndman [drums] Ruben Cooman, Ward De Ketelaere, Yves Goemaere, Hannes Nieuwlaet
Assistance à la mise en scène Matthias Mooij
Assistance à la scénographie Ramón Huijbrechts
Assistance à la composition musicale Ief Spincemaille
Direction technique et production Götz Schwörer
Direction de production Annetje van Dijk, Edith den Hamer
Technique Tim Maks van den Broek, Sander van Elteren, Reyer Meeter (premiers régisseurs), Marc Bender, Valentijn Berkhout, Emile Bleeker, Karl Klomp, David Logger, Daan van Oene, Hans Pieksma, Peter Pieksma, Pieter Roodbeen, Dennis van Scheppingen, Nicky Stolker (caméra), Hugo Stolwijk, Bernie van Velzen, Ruud de Vos, Peter Zwart
Logiciels vidéos Ryan Parteka
Surtitrage Franco Vena
Casting Hans Kemna
Coiffures et maquillages Bella Scholten, David Verswijveren
Atelier costumes Micheline d’Hertoge (costumières), Farida Bouhbouh, Wim van Vliet (coordination)
Décor Vorm & Decor
Photographie Jan Versweyveld
Production Toneelgroep Amsterdam
Coproduction Holland Festival Amsterdam, De Munt Brussels, Kaaitheater Brussels, Muziektheater Transparant, Bl!ndman




critique de Yohan Marcotte

Dès le foyer de la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec, juste avant la représentation de Tragédies romaines du Toneelgroep Amsterdam, on entend les échos de la fameuse chanson Times they are a-changin’ de Bob Dylan. Oui, les temps sont en train de changer, mais c’est pour qu’ils se répètent, peut-être, davantage.

Le metteur en scène hollandais, Ivo Van Hove, réactualise les pièces romaines de Shakespeare dans un univers bureaucrate où les chefs de guerre revêtent le complet cravate quand ils livrent bataille et où la médiatisation est omniprésente, grâce à des camera et des moniteurs qui multiplient les points de vue sur les personnages. Jusqu’ici, rien de déconcertant pour le spectateur qui a droit de plus en plus à ce procédé technologique dans les productions des dernières années. Les trois tragédies au programme sont campées dans un décor qui, d’entrée de jeu, ressemble aux studios de nouvelles d’une station de télé, mais en faisant aussi penser à la salle d’attente d’un aéroport ou même à un bar lounge.

L’inusité se produit après une vingtaine de minutes de représentation. Un annonceur invisible invite le public à monter volontairement sur scène pour suivre le déroulement de l’action, mais également pour se payer un verre au bar aménagé en périphérie, ou encore pour s’offrir une bouchée… Il y a même des ordinateurs où les spectateurs peuvent accéder à Internet et à de l’information sur le spectacle.

Une impression de festivité se dégage de cette organisation de l’espace, comme si, pour illustrer l’Empire romain en 2010, on avait voulu recréer l’atmosphère des antiques jeux du colisée par les moyens actuels qui divertissent : cybernétique et ambiance lounge ; avec en plus la musique à propos diffusée durant les changements de décor. Accents électroniques et énergie décontractée donnent un je ne sais quoi qui peut faire en sorte de se sentir, comme spectateur, «faisant partie d’une grande famille».

Une chance originale de se dépayser dans le terrain de jeu de la fiction… quand celle-ci fusionne avec la réalité.

Vous pouvez consulter la critique de mon collègue David Lefebvre lors du passage de la pièce au FTA, en cliquant ici.

05-06-2010

L'effet de Serge
8 juin 21h, 9, 10 , 11 juin 19h
Durée : 1h15
En français
Rencontre avec les artistes le 8 juin, après la représentation
Théâtre Périscope

...la suite + critique d'Isabelle Girouard

Serge a un hobby fascinant. Chaque dimanche, il invite ses amis à venir s’asseoir dans son salon pour assister à de petits spectacles d’effets spéciaux qu’il a minutieusement concoctés leur intention. Chaque dimanche, son public repart, perplexe, le laissant seul à ses bidouilles, jusqu’au dimanche suivant où, immanquablement, Serge récidive avec un nouveau numéro…

Créé spécifiquement pour le comédien Gaëtan Vourc’h par le metteur en scène Philippe Quesne, L’Effet de Serge est un « faux one man show insolite » qui rend un sympathique hommage à tous les apprentis bricoleurs qui ont souhaité, un jour ou l’autre, exprimer leurs ambitions artistiques. À travers ses minuscules performances, mais surtout par le biais des explorations formelles désopilantes qu’il mène sans relâche, l’imaginaire créatif de Serge se déploie sur une musique de Wagner ou de Led Zeppelin, à grand renfort de pétards à mèche, de lunettes phosphorescentes et d’hélicoptères téléguidés. Du coup, son existence tristounette atteint de véritables sommets poétiques et la morne banalité de son quotidien semble transcendée par ses trois minutes de théâtralité hebdomadaires.

Habité par le désir de donner à voir l’absurdité des comportements humains, Quesne fait de son espace scénique un laboratoire vivant, invitant le public à jeter un œil indiscret sur le magnifique spécimen qu’il y garde en captivité afin d’en observer les habitudes dans son habitat naturel. C’est là la beauté de « l’expérience Vivarium Studio ». Moqueur, certes, mais jamais cruel, l’humour facétieux de Philippe Quesne s’avère tout simplement irrésistible. Tout comme son Serge, d’ailleurs.

De Philippe Quesne / Vivarium Studio
Interprétation Gaëtan Vourc'h, Zinn Atmane, Rodolphe Auté, Isabelle Angotti, Alix Eynaudi…
Production Vivarium Studio
Coproduction Ménagerie de verre (Paris)




Critique d'Isabelle Girouard

Nous voilà conviés à un étrange spectacle s’ouvrant sur la fascination inexpliquée qu’exerce un homme plutôt solitaire sur son public d’amis. Dans l’intimité de son appartement, Serge se livre à de singulières prestations (quatre en tout), qui, dans un premier temps, sont tout à fait insignifiantes. Il est difficile de retenir un éclat de rire devant le parterre d’invités grandement impressionnés par les effets spéciaux de l’inventif Serge. Mais le spectaculaire n’a d’égal que l’ironie sous-tendue dans ce moment théâtral. Un malaise amusé, comme une brume, flotte un peu partout dans la salle de théâtre du Périscope. Car ne sommes-nous pas les derniers dans la chaîne de ce méta théâtre, nous-mêmes spectateurs de la représentation? Ceci offre matière à réflexion.

Artiste issu des arts visuels, Philippe Quesne fonde en 2003 l’Association Vivarium Studio, afin concevoir et mettre en scène ses créations théâtrales. Sa démarche tend vers la création de vivarium, espaces vivants scéniques où est étudiée… la gent humaine. Son théâtre est pauvre, silencieux, sans grands artifices scéniques. Travaillant depuis avec le même groupe de collaborateurs auquel s’ajoute parfois des invités ou figurants, il a constitué un répertoire de spectacle qui est joué en France et à l’étranger. Gaëtan Vourc’h, qui incarne avec une simplicité remarquable le personnage de Serge, a participé à tous les projets de Vivarium Studio depuis sa création.

14-06-2010

Rouge Gueule
9, 10, 11 juin, 21h
Durée : 1h20
En français
Rencontre avec les artistes le 9 juin, après la représentation
Théâtre de la Bordée

...la suite + critique de Sophie Vaillancourt Léonard

« Rouge Gueule, c’est le plaisir d’offusquer sa grand-mère, c’est la satisfaction d’engueuler quelqu’un qui ne nous a rien fait, c’est la joie de s’amuser aux dépens des autres. »

Méchamment subversif, savoureusement provocateur, le tout premier texte dramatique d’Étienne Lepage se propose de jeter une lumière crue sur la vacuité et la désillusion contemporaines en 17 tableaux coups de poing. Courageux pari, quand on connaît la facilité d’indignation de nos sociétés bien-pensantes…

Cette pièce-panique aux accents vitrioliques cède le crachoir à dix personnages – hommes et femmes, adultes et adolescents– obsédés par la réussite, le sexe et les apparences, qui exposent tour à tour leurs zones d’ombres en exhibant, sur un mode parfois vulgaire, parfois humoristique, leurs fantasmes et leurs perversions. Plus abjects et antipathiques les uns que les autres, ils révèlent, sans pudeur aucune, des tabous qu’on refoule généralement dans les tréfonds de notre inconscient : envies de violence gratuite, fixations sexuelles, dégoût des autres, menaces de vengeance, pulsions de haine ou délires paranoïaques.

S’inscrivant dans la décapante tradition du « In-Yer-Face Theatre », l’intarissable logorrhée des personnages de Rouge Gueule constitue une arme de combat que chacun décharge sur tout ce qui bouge autour afin de se protéger et d’effrayer les agresseurs potentiels. Pour donner corps à ses élans de transgression verbale, Lepage s’est trouvé un complice de choix en Claude Poissant, metteur en scène reconnu pour son audace frondeuse : sa lecture subtile et rythmée, complétée par une distribution dynamique, confère à cette œuvre incisive tout ce qu’il faut de verve pour ébranler les plus zen d’entre nous.

Texte Étienne Lepage
Mise en scène Claude Poissant
Interprétation Alexandrine Agostini, Michel Bérubé, Anne-Élisabeth Bossé, Geneviève Rioux, Maude Giguère, Jacques Girard, Hubert Lemire, Jonathan Morier, Daniel Parent, Mani Soleymanlou
Assistance à la mise en scène et direction de production Catherine La Frenière
Scénographie Guillaume Lord
Costumes Marc Senécal
Éclairages Erwann Bernard
Conception sonore Antoine Bédard
Maquillages Florence Cornet
Mouvement Caroline Laurin-Beaucage
Accessoires David Ouellet
Direction technique Sébastien Béland
Production Théâtre PÀP




Critique de Sophie Vaillancourt Léonard

Les spectateurs étaient avertis. La pièce d’Étienne Lepage, dont le texte a reçu une mention spéciale du jury du Prix Gratien-Gélinas pour sa qualité d’écriture, mise en scène par Claude Poissant, dérange. Décoiffe. Brusque la moindre convention, fait ressurgir le moindre tabou, le malaise le plus secret de chacun d’entre nous. Tour à tour, parfois seuls, parfois plusieurs, dix comédiens se succèdent devant nous au travers de tableaux que forme Rouge Gueule. Tableaux, plus crus les uns que les autres, où nos semblables nous crachent en plein visage ce que plusieurs pensent tout bas, mais qu’eux seuls semblent dire tout haut.

Dans une scénographie dépouillée, l’intérieur d’une pièce abandonnée d’un manoir dont les murs ressemblent au décor d’un magasin de chasse, les acteurs viennent déverser leur parole intérieure de la manière la plus dépouillée, la plus sale et la plus directe possible. Le sexe, la cruauté, l’indifférence, le mépris, l’apparence, l’envie, tous autant de thèmes, plus exploités les uns que les autres, dans un texte peut-être insolent mais surtout, extraordinairement bien mené. Les dix acteurs nous livrent de façon si naturelle ces mots qui brisent, qui blessent et qui dérangent, que jamais nous n’avons l’impression de tomber dans l’excès. Tout se justifie. Oui, nous sommes dérangés. Mais intelligemment.

Étienne Lepage, pour notre plus grand bonheur, ne fait pas dans la dentelle ; avec Rouge Gueule, il « brasse la cage », provoque, déstabilise une société douillette et empêtrée dans ses grands principes et ses belles images. Un texte fracassant et juste, une mise en scène et une direction d’acteurs impeccables et des acteurs d’un naturel et d’une aisance à couper le souffle, étant donné la charge des mots qu’ils ont à livrer.

10-06-2010

Elephant Wake
10 et 11 juin, 20h
Durée : 1h35
En anglais, parsemé de français
Rencontre avec les artistes le 10 juin, après la représentation
Salle Multi de Méduse

...la suite + critique Odré Simard

Grand enfant solitaire oublié dans un univers de papier mâché, Jean Claude raconte, dans un franglais hésitant, les moments marquants de son enfance à Sainte-Vierge, en Saskatchewan. Devenu village fantôme après que ses habitants se sont progressivement exilés dans la grande ville anglophone voisine, Sainte-Vierge n’est désormais plus qu’un cimetière désolé que Jean Claude tente désespérément de repeupler en y rassemblant les ossements épars de ses souvenirs.

Spectacle solo aux allures de récit de vie, Elephant Wake donne la parole au dernier survivant d’une communauté francophone des Prairies qui s’efforce de résister à la perte inéluctable de sa culture et de sa mémoire. Fort de sa propre expérience d’acculturation, l’auteur et acteur Joey Tremblay nous livre ici une performance émouvante, conférant à son personnage de grand naïf une candeur toute juvénile et la sagesse d’un très vieil homme : drôle, vulnérable, attachant, un brin espiègle malgré ses 70 ans, son Jean Claude établit une relation de complicité avec le public à qui il confie sa nostalgie du passé et ses espoirs de voir un jour son village renaître de ses cendres. Et le spectateur se surprend à partager son émoi, à laisser éclater librement son rire au récit d’un coup pendable, voire à entonner à sa suite – en français – quelques cantiques de Noël bien connus. Puis, il constate qu’il a rejoint Jean Claude dans son refuge de papier pour veiller avec lui, tel l’éléphant qui tient vigie auprès de ses morts pour s’imprégner de leur esprit.

Texte et interprétation Joey Tremblay
Mise en scène et scénographie Bretta Gerecke
Régie Esther Howie
Production Globe Theatre




Critique d'Odré Simard

C’est un récit très touchant que nous offre le personnage de Jean-Claude, dernier habitant de Ste-Vierge, petit village francophone du Manitoba. Un récit du souvenir, de l’oubli, de l’espoir et de la solitude. Le septuagénaire raconte ses histoires, peuplées de petits personnages de papier mâché qui gravitent autour de lui, nous présentant sa vie comme un grand livre ouvert. La formule de mise en scène choisie par Bretta Grecke ainsi que Joey Tremblay, l’auteur et le seul interprète, est très efficace au point de vue du rapport intime scène/salle. Comme il s’adresse à nous directement et nous fait même participer à ses chansons, nous nous sentons grandement interpellés par cet homme bouleversant qui nous fait à la fois sourire et verser une larme. Beau travail d’interprétation pour Joey Tremblay, qui doit déjà jouer un septuagénaire, mais septuagénaire qui lui imite bon nombre de personnages qui ont marqué sa vie, notamment son « mononcle Élie », qui chantait des reprises de Mme Édith Piaf à Paris ; délicieux moment. Beau défi pour l’interprète qui présentait pour la première fois sa pièce devant un public majoritairement sinon entièrement francophone. Défi relevé, le public a été séduit.

13-06-2010

Amour, délices et ogre [hors-série]
28 et 29 mai, 6 ans et +
Célébrations des 10 ans de cette création
En français
Église St-Roch


...la suite

À titre de coproducteur, le Carrefour international de théâtre est fier de souligner le dixième anniversaire de la création de Amour, délices et ogre.

Un chapiteau en forme de gâteau au glaçage onctueux qui dissimule un garde-manger drôlement bien garni, des tableaux vivants érigés à la gloire de la gourmandise, une mouche étrange qui joue des percussions sur une batterie de cuisine, tel est l’univers fantaisiste dans lequel nous plonge Amour, délices et ogre de Claudie Gagnon.

Dix ans après sa création au Carrefour international de théâtre, la production du Théâtre des Confettis se prépare à faire le bonheur d’une nouvelle génération de jeunes spectateurs… et aussi celui de leurs parents qui ne résisteront pas à l’envie de les suivre!

Avec la complicité du scénographe Christian Fontaine, l’artiste en arts visuels Claudie Gagnon s’est amusée à créer une pièce montée géante qui cache un alléchant petit musée des saveurs où abondent des assemblages de fruits, charcuteries et friandises plus surprenants les uns que les autres. Arrivé au cœur de l’installation, le spectateur débouche sur un minuscule cabaret théâtral où l’on rend un hommage festif aux joies de la boustifaille.

Conception, mise en scène et scénographie Claudie Gagnon, assistée de Christian Fontaine
Interprétation Mathieu Doyon, Annick Fontaine et Éric Leblanc
Environnement sonore et musical Frédéric Lebrasseur
Production Le Théâtre des Confettis
Coproduction Carrefour international de théâtre




Répétition publique du projet «Eau»

Le projet Eau est créé à partir de rencontres entre les concepteurs et des groupes de citoyens. Ensemble, ils s'interrogent sur l'importance de l'eau dans leur vie. À la suite de ces ateliers, les artistes poursuivront leur travail d'écriture et c'est à une première mouture du spectacle que vous êtes invités. Une discussion suivra la répétition publique.
Vendredi 11 juin, 15h, gratuit
Studio Marc-Doré du Théâtre Périscope
Une présentation de Nuages en pantalon en collaboration avec le Carrefour international de théâtre

Les chantiers

Lectures, laboratoires, spectacles en cours de création, Les Chantiers – constructions artistiquesinvitent à plonger dans le théâtre en ébullition.

Tous les spectacles sont présentés à Premier Acte.

Mixturae / Laboratoire / Lundi 31 mai et mardi 1er juin
Iphigénie en auto (une Orestie) / Lecture / Samedi 5 juin
Moi aussi! / Laboratoire / Samedi 5 juin
Harmattan / Lecture / Dimanche 6 juin
Manifeste d'un féminisme moderne pour cinq voix suivi de Emprisonné dans un biscuit chinois / Laboratoires / Dimanche 6 juin
Just fake it / Laboratoire / Lundi 7 juin
Je veux participer au chaos / Lecture-laboratoire / Mardi 8 juin
Cabaret Incantatoire : Le Sortilège / Laboratoire / Mercredi 9 juin
Une brève histoire du progrès / Laboratoire / Jeudi 10 juin
La Nobody / Laboratoire / Vendredi 11 juin
Les trois exils de Christian E. / Lecture-laboratoire / Vendredi 11 juin

Contribution volontaire

Pour plus de détails, visitez le site du Carrefour


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