Clap Clap, c’est la rencontre entre deux femmes. Deux femmes dont on ne sait rien et dont on ne connaîtra rien d’autre que cet affrontement dur, animal, où très vite un rapport de dominé/dominant s’installe. À la fois théâtre, danse et performance, le jeu et le vrai s’y côtoient.
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Costumes : Cloé-Alain Gendreau
Décors : Joel Desmarais
Musique : Pascal Asselin
Éclairages : Geneviève Côté
Photo : Jean-Philippe Baril Guérard
Tarif : Contribution volontaire (montant suggéré : 10 $)
Production : Théâtre À Deux (TAD)
Premier Acte
870, avenue De Salaberry
Billetterie : Carrefour - 418-529-1996 - 1 888 529-1996
Adresse : 369, rue de la Couronne, 4e étage, billetterie en ligne
par Pascale St-Onge (lors de la création du spectacle à l'Espace 4001 à Montréal)
CLAP CLAP : Now I wanna be your dog.
La jeune compagnie Théâtre à Deux présente un spectacle de l'autodidacte Gabriel Plante, Clap Clap, où les relations humaines nous apparaissent comme un étrange paradoxe qui peut chambouler notre perception de celles-ci.
Bien que l'on puisse se sentir en territoire connu, le sujet nous est présenté sous un angle qui dérange, car on nous dit ici comment l'homme a ce besoin de « posséder » l'autre comme un animal, plus précisément comme un chien dans le contexte présent. Ou au contraire, comment on peut ressentir le besoin d'appartenir à l'autre. Un conflit persiste : l'humain est constamment déchiré entre son besoin d'affection et celui d'indépendance.
Avec très peu de moyens scéniques et d'informations sur ces personnages, Gabriel Plante nous fait rapidement croire en cet univers. Le décor entièrement blanc qui englobe pratiquement toute la salle (une toile qui couvre également le plancher et le plafond) vient aseptiser toute tentative de représentation de lieu. Rapidement, le public accepte d'être nulle part, en compagnie de deux jeunes femmes dont on ne sait rien sauf qu'elles sont ensemble. Cette connexion entre les deux femmes est d'ailleurs très bien défendue par les jeunes finissantes de Saint-Hyacinthe Alexa-Jeanne Dubé et Marie-Philip Lamarche, bien que le jeu soit parfois moins soutenu lors de scènes physiquement difficiles pour elles.
Le texte possède différents niveaux de langage, de drôles de syntaxe ou des sonorités inhabituelles, mais ne prend pas trop de place dans la production. On ne s'éternise jamais dans le dialogue ; c'est le corps qui prend la relève pour continuer le discours de la pièce. Les rares objets (la toile, un bain et un boyau d'arrosage) sont utilisés de façon pertinente et participent activement à la relation que le public a devant les yeux. Le metteur en scène use en direct d'un rétroprojecteur et de divers accessoires pour créer des projections faites maison sur la toile, mais limite bien entendu l'éclairage par ce choix de conception. On sent pourtant que l'aspect tridimensionnel de ce décor n'est pas utilisé à son maximum.
Le propos dérange. On nous parle de dépendance avec des mots, mais surtout avec des corps qui se caressent parfois et qui se frappent la minute suivante : retrouver l'animal en l'humain, dompter la bête qui sommeille en l'autre et finalement comprendre que nous ne pourrons jamais être son maître. Vouloir appartenir à l'autre, percevoir l'autre comme une possible prison qui nous prive de notre précieuse liberté.
L'absence de contexte et de passé des personnages nous permet de mieux saisir ces enjeux et de nuancer l'interprétation personnelle de chaque spectateur. Gabriel Plante n'impose aucune barrière au public et monte ici un spectacle imaginatif malgré ses moyens limités. Ce qui profite toutefois au propos de cette pièce dérangeante, mais agréable à la fois... tout comme les relations qu'elle décrit.