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Carrefour international de théâtre - 7 et 8 juin 2013, 21h
AtlantiqueL'homme Atlantique (et La maladie de la mort)
En français
Un spectacle de Théâtre Péril
Textes Marguerite Duras
Mise en scène Christian Lapointe
Interprétation Jean Alibert, Anne-Marie Cadieux, Marie-Thérèse Fortin

Duras est un mythe. La femme autant que l’auteure, la voix autant que l’écriture. L’œuvre, immense, dans tous les sens du terme, fascine ou agace mais semble imposer sa loi à quiconque tente de l’interpréter. Comment échapper au fameux ton durassien, languide et monocorde, comment rendre à Duras son étonnante vitalité, sa sensualité sulfureuse, son absolue modernité?

C’est le beau défi que Christian Lapointe s’est donné en proposant sa vision de L’homme atlantique et La maladie de la mort. Ces deux courts textes écrits au début des années 80 ont devancé bien des littératures actuelles sur le plan des procédés narratifs, entremêlant le réel et la fiction, révélant le processus de création d’une œuvre, mettant en jeu sa fabrication en direct, le « on the spot attempt ».

Sur le plateau, dans un premier temps, une réalisatrice (Marie-Thérèse Fortin), épaulée par une équipe de tournage, improvise un film avec une actrice (Anne-Marie Cadieux) et un acteur (Jean Alibert). Il est question d’un homme qui a loué les services d’une femme pour « essayer ça, essayer l’amour ». Ils ne quittent pas la chambre pendant plusieurs jours. Dehors, il y a la mer. Dans un deuxième temps, le film réalisé est présenté au public.

Deux de nos plus grandes comédiennes, un comédien français chevronné, révélé au public québécois par les pièces de Wajdi Mouawad, un metteur en scène visionnaire qui n’a pas froid aux yeux, une équipe de concepteurs surdoués … la petite musique de Duras va rocker!


Section vidéo
trois vidéos disponibles

    


Scénographie Jean-François Labbé
Vidéo Lionel Arnould
Lumières Martin Sirois
Musique et environnement sonore Mathieu Campagna
Assistance à la mise en scène Alexandra Sutto
Costumes Mylène Chabrol
Dramaturgie Sophie Devirieux
Programmation de logiciel vidéo Pierre-Olivier Fréchet-Martin
Direction technique Mathieu Thébaudeau
Direction de production Catherine Desjardins-Jolin
Photo et vidéo promotionnelle Sylvio Arriola

Résidence de création Place des Arts
Création mondiale à Montréal le 31 mai 2013

Durée : 1h20

Tarif régulier : du 40$ à 51$
Foubrac : 29$
Accro : 33,50$
Béguin : 38$

En parallèle
Rencontre avec l'équipe de L'homme Atlantique (et La maladie de la mort), le vendredi 7 juin, 22h30, sur place

Coproduction Festival TransAmériques + Recto-Verso (Québec) + Théâtre français du Centre National des Arts (Ottawa)


CarrefourGrand Théâtre de Québec, Salle Octave-Crémazie
269 boul René-Lévesque Est
Billetterie : Carrefour - 418-529-1996 - 1 888 529-1996
Adresse : 369, rue de la Couronne, 4e étage, billetterie en ligne

 
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 Critique
Critique

par Odré Simard


Crédit photo : Yan Turcotte

Toute personne habituée au travail de Christian Lapointe entrera en salle avec une idée de plus en plus précise de sa vision artistique : images fortes d'une grande beauté, mots fluides qui coulent de façon hypnotique, questionnement sur le spectateur, thème de la mort, de l'identité, mise en scène épurée et précise, accompagnée de très peu de mouvements. L'homme atlantique (et la maladie de la mort) n'y échappe pas et s'intègre tout à fait dans la lignée du travail du metteur en scène. Les mots de Marguerite Duras se prêtent tout à fait à l'expérience de Lapointe qui s'entoure comme toujours d'une équipe d’acteurs, actrices et concepteurs de grand talent ; notons, entre autres, les images vidéo de Lionel Arnould, ainsi que la musique de Mathieu Campagna qui sont toutes deux d'une grande qualité esthétique.

Dans un espace blanc modulable, pensé par Jean-François Labbé, est installé un acteur et une actrice (Jean Alibert et Anne-Marie Cadieux) qui seront personnages de l'histoire. Tout près se trouve la réalisatrice (Marie-Thérèse Fortin) qui établit « en direct » les lignes d’un film réalisé à l'aide de son duo. Personne n'est tout à fait personnage, mais plutôt porteur des mots. On ne joue pas les émotions ; nous sommes pour l'instant que dans la suggestion, l'évocation de ce qui pourrait être fait. Le même jeu continue lors des tableaux suivants avec certaines variations, mais on demeure dans la même énergie de beauté contemplative, de litanie hypnotique, mis à part le monologue joué par Jean Alibert. Il se retrouve seul à nous livrer le même monologue à trois reprises, à la demande de la metteure en scène, d'abord de façon investie, puis au comble de l'intensité, et finalement dans une douce litanie qu’il reprend, quasi chuchotée. Une belle performance qui nous emmène par contre à regretter de ne pas voir les deux actrices au talent incontestable nous livrer également cette énergie, comme si leur talent était sous-exploité dans cette forme de non-théâtre où les émotions sont enfouies et où seul le verbe est roi.

L’idée de la découverte de l'oeuvre, comme si elle était en train de se créer en direct, s’avère souvent intéressante, piquant notre curiosité et nous faisant sentir complice d’une naissance. Mais, comparativement à Ganesh versus the Third Reich (Back to Back Theatre) proposé plus tôt cette semaine lors du Carrefour, où le procédé nous faisait découvrir un univers complet enrichissant notre compréhension, ici, l’on demeure dans la forme, dans le mode intellectuel.

À la sortie de la salle, une rumeur prend forme entre les spectateurs étonnés, en diverses formulations. « Mais de quoi s'agissait-il au fait? » Sans action, sans émotion, il est effectivement très possible d’en perdre le fil. Le spectateur peut opter pour la contemplation, mais ce n'est certes pas tout le monde qui est confortable avec cette proposition, semble-t-il. Du moins, Lapointe fait (encore et définitivement) jaser.  

08-06-2013