Il était une fois un musicien dont l’une des deux mains se prit un jour pour un homme… La nuit venue, cet «homme» se mit en route et entreprit un périple qui, pas à pas, l’amena à prendre conscience que la musique était un lieu, lieu dans lequel il se trouvait.
Il était une fois un homme que la musique prit par la main, histoire de le rendre à son corps tout entier.
D’abord formé à la composition au Conservatoire de musique de Montréal, Félix Boisvert travaille comme artiste multidisciplinaire (théâtre de marionnettes, musique, arts technologiques et danse). Sa démarche repose sur un désir d’exprimer la musique sous une forme artistique qui ne se limite pas au domaine des sons. C’est dans le théâtre de marionnettes qu’il trouve depuis quelques années un cadre d’expression fertile à cette exploration… Concerto au sol s’inscrit dans la continuité de la recherche amorcée en 2005 avec le Projet Manu.
Collaboration vidéo : Félix Pharand
Programmation informatique : Pierre-Marc Beaudoin
Chimie des maquillages : Ranjan Roy
Assistance à la mise en scène : Karina Bleau
Lutherie électronique : Jean Landry
Musiciens : Shawn Mativetsky, Elizabeth Giroux, Lucie Monsarrat-Chanon, Luzio Altobelli, Fraser Hollins, Sheila Hannigan, Cédric Dind-Lavoie, Alexis Dumais, Josianne Hebert, Emilie Girard-Charest
Technique : mixtes
Durée : 30 minutes, suivi d’une discussion avec les spectateurs
Félix Boisvert présente ici un extrait de sa création dont la première aura lieu à l’automne 2013. Cette création/exploration est présentée en collaboration avec OBORO.
par David Lefebvre
Félix Boisvert, formé en musique au Conservatoire de musique de Montréal, travaille sur Concerto au sol depuis près de 10 ans. Récemment, soit l'automne dernier, Boisvert avait pu accéder aux installations d'Oboro pour pousser son expérimentation scénique. Le festival Casteliers et Oboro, qui en sont à leur troisième année de collaboration, permettent ainsi à Boisvert de proposer, enfin, un extrait d'une trentaine de minutes de ce projet fort intéressant, qui sera présenté dans son intégralité en octobre 2013.
En entrant dans la salle, c'est l'obscurité presque absolue qui nous accueille. Puis, à l'intérieur d'un espace grand comme un écran de télé, un homme prend place, devant son piano. L'orchestre s'accorde et commence un concerto ; mais au moment où les mains veulent toucher les notes, celles-ci s'enfuient, laissant les doigts de l'homme en plan. C'est alors qu'un autre homme apparaît, tout petit, sur la main du musicien (grâce à de la peinture phosphorescente et des lampes à rayons ultraviolets, ou blacklight). Ce petit être, perdu, découvrira que la musique n'est pas un art abstrait, mais provient de son environnement.
Ce Concerto fascine le spectateur par sa forme multimédia, le confondant grâce à des techniques maniées avec une grande précision. Les projections animées qui créent l'environnement et qui se superposent aux mouvements de mains du comédien-musicien créent un monde fantomatique, onirique, entremêlant les dimensions. La musique très orchestrale, ainsi que la trame sonore - train, flaque d'eau, feuilles mortes, instruments -, vient modeler une scénographie perceptible que par l'oreille.
Le défi pour cette création se situera dans la trame narrative : créer différentes péripéties concrètes qui sauront capter, captiver et garder l'intérêt des spectateurs, et ce, plus qu'une vingtaine de minutes. Mais pour le moment, l'extrait de Concerto au sol a su ébahir le public présent lors de la représentation de vendredi dernier, un bon départ.