Malheur dans la famille de Mergerac, le prince est né sans nez! Indigne de la lignée royale, l’héritier est abandonné dans les bois. Il grandit parmi les animaux, rencontre une princesse et décide, au nom de l’amour, de partir à la recherche du précieux appendice. En route, il trouve deux menuisiers doués mais un peu sots qui rêvent eux aussi d’être aimés au-delà de leurs différences. Et dans cet univers de bois tendre, l’âme de Bynocchio trotte sur des copeaux d’humour…
Depuis la création Bouffou Théâtre en 1986, Serge Boulier présente des spectacles de marionnettes pour enfants et adultes. Avec humour, poésie et irrévérence, ses créations questionnent le monde contemporain et ouvrent de nouvelles portes vers de « possibles ailleurs ». Ici, l’art de la marionnette est un vaste terrain de jeu et d’expérimentation, où acteurs et objets évoluent dans des scénographies improbables et inventives.
Section vidéo
Musique et bruitages : Alain De Filippis
Régie : Raoul Pourcelle
Techniques : tringle, gaine, fils et ombres
Durée : 45 minutes
Ce spectacle sera aussi présenté en tournée en marge du festival à la Maison de la culture Maisonneuve le 4 mars et à la Place des Arts le 9 mars.
Cette tournée est réalisée avec le soutien du Service de Coopération et d’Action culturelle du Consulat Général de France à Québec.
Production Bouffou Théâtre (France)
par David Lefebvre
Présenté au festival Petits bonheurs il y a presque dix ans déjà, Bynocchio de Mergerac de la compagnie française Bouffou Théâtre vient ravir petits et grands aux Trois jours de Casteliers, et ce, quatre fois plutôt qu’une !
Dans un petit atelier de menuiserie, deux hommes, travaillant au rythme rappelant une chaîne de montage, où « 90% (des tâches) est du travail, 10% un don, et 0% de la réflexion », s’inventent l’histoire du petit Bynocchio, prince du royaume des Mergerac. Né sans nez, un appendice pourtant important lorsqu’on est de la royauté, car « pour gouverner, il faut avoir du nez », il est abandonné (nez?) en pleine forêt, sombre et dense, par son paternel de roi. Recueilli par un couple de Néanmoins, le petit pantin de bois grandit, entre les chevaux à bascule, les ratons laveurs en skateboard et les bœufs à roulettes. Puis, il rencontre une princesse qui fait valser son cœur. Mais comment la courtiser, en ayant un trou au centre du visage ? Bynocchio partira en quête d’un nez parfait, rencontrant sur son chemin un Loup qui lui en donnera un tout rouge, mais qu’il refusera par peur du ridicule. Puis, il fera cap vers l’Égypte, grâce à une baleine-galère à voile (si, si), sur la musique de Trenet. Saura-t-il se faire aimer de la belle princesse au nez pointu (qu’elle a joli, d’ailleurs) ?
Écrit et mise en scène par Serge Boulier, cette pièce est une véritable ode au courage et à l’acceptation de la différence. L’histoire de ce cher Bynocchio, inspirée par une multitude de contes, dont bien évidemment celui de Carlo Collodi, est une savante et superbe transposition, une mise en abîme romancée du duo charpentier, qui voudrait bien se faire accepter dans sa différence. Si la perception des personnages diffère entre les adultes, qui voient deux hommes présentant un retard de développement, et les enfants (qui les associent davantage à des clowns cabotins), le résultat demeure le même : les deux talentueux sots sont si sympathiques et comiques que l’on rit avec eux, et non d’eux. Et c’est en cela que résident tout le génie et l’attrait de cette pièce.
Si l’humour employé n’est pas aussi explosif et déluré que celui du Bob Théâtre, par exemple, il touche malgré tout la cible, ajoutant du coup une certaine dérision, une naïveté et une poésie visuelle tout enfantine.
La plupart des accessoires et des marionnettes, à fils et à tringles, est faite de bois, donnant un aspect encore plus chaleureux, manuel et ludique à l’ensemble. La scénographie se veut un fantastique terrain de jeu pour les deux compagnons, qui utilisent une scie égoïne pour imiter le ronflement, ou qui collent de petites planches ensemble pour concevoir quelques arbres. Le petit Bynocchio, à la tête mobile tirée par un fil, en a fait d’ailleurs craquer plus d’un(e) avec sa démarche rigolote, et la baleine, aux arêtes bien visibles qui bougent au gré d’une manivelle, est le fruit d’un travail splendide.
Avec huit spectacles en banque, le Bouffou Théâtre n’a pas fini de nous étonner, de nous sensibiliser et de nous faire rire comme des gamins. Espérons les revoir rapidement au Québec ; en attendant, le spectacle Bynocchio de Mergerac est encore présenté ce samedi aux Trois jours de Casteliers, puis à la Place des Arts, ce dimanche 9 mars.