Du 6 au 9 mars 2014, 10h30
Conte pour un gusTexte, mise en scène, scénographie, marionnettes et interprétation : Dominique Leroux
Dans un cadre intime, ce voyage muet aux mélodies discrètes, propose une série d’images poétiques et cinématographiques, adaptées à la petite enfance. Gus nous raconte l’importance d’aller au bout de ses rêves, la force de l’amitié et les petits et grands deuils de la vie.
Dominique Leroux est une artiste multidisciplinaire formée au Québec, en France et en Belgique. Son travail de recherche laisse place à la performance, au hasard de la transformation de la matière, à la poésie naturelle des objets et s’exprime par la création d’images sans paroles, d’espace ludiques et d’ambiances atmosphériques. En 2011, elle fonde aux Îles-de-la-Madeleine La Petite Théâtrerie, une salle intime vouée à l’art de la marionnette.
Section vidéo
Musique : Annick Beauvais et Dominique Leroux
Photos: Luc Miousse et Dominique Leroux
Techniques : gaine, ombres et vidéo en direct
Durée : 30 minutes
Production Dominique Leroux (Montréal/Îles-de-la-Madeleine)
1248, avenue Bernard Ouest
A:20$ E:17$ R:17$
Billetterie : 514 495-9944 ou en ligne ici
A: adultes | E: enfants | R: réduction
(étudiants, aînés, membres de l’AQM et de la ligne bleue ou acheteurs de trois billets de spectacles différents.)
Taxes et redevance incluses.
par Daphné Bathalon
Réunis à l’invitation de Gus, par un beau samedi matin, les spectateurs, petits et grands, se pressent sur l’étroite corniche de la mezzanine du Théâtre Outremont. C’est sous la tente qui y est érigée que le public, cordé comme des écoliers, s’installe devant un drôle de petit castelet fait de bric et de broc. Amoncellement disparate de caisses de bois et d’objets rétro — tourne-disque, radio d’époque, lampe —, ce décor séduit et fascine d’emblée. Les matériaux qui le composent (bois, cuir, papier, cailloux) fleurent bon la nostalgie. Et c’est d’ailleurs avec une certaine nostalgie que la narratrice, incarnée par la créatrice du spectacle, Dominique Leroux, nous raconte comment elle a rencontré son ami Gus, sur une plage des Îles-de-la-Madeleine, il y a huit ans.
Le Gus en question, étrange ver doté de petites pattes et de deux grands yeux adorables, s’apprête à partir pour un grand voyage... vers la Lune! Ronde, pleine, celle-ci se laisse admirer grâce à un simple mais ingénieux dispositif de projection qui donne à voir tantôt les cratères de la Lune, tantôt les préparatifs de départ de Gus, ses plans, son matériel...
Tout dans Conte pour un Gus, spectacle presque sans paroles, se fait tout en douceur et en délicatesse : la très belle libellule qui traverse le castelet, la radio qui balance entre deux fréquences jusqu’à ce que Gus lui-même se serve de son long corps comme d’une antenne, et de multiples ampoules, lumières de scène, que Gus allume puis éteint les unes après les autres. Ces ampoules aux teintes chaudes ajoutent d’ailleurs au vernis rétro de l’ensemble, tandis que résonnent la voix de Frank Sinatra dans Fly me to the moon, puis la musique de la Sonate à la lune, jolis clins d’oeil à l’ultime destination de Gus.
Production adorable, Conte pour un Gus berce son public pendant une courte demi-heure, à la fin de laquelle on quitte à regret le cocon dans lequel on s’était si confortablement lové. Au revoir, Gus, bon voyage!
par David Lefebvre (2013)
Dominique Leroux, une habituée de l'Illusion Théâtre (elle était de la distribution d’Histoire à dormir debout présenté en 2011), revient des Îles-de-la-Madeleine avec une fascinante petite créature répondant au nom de Gus. Ces deux-là se connaissent depuis huit ans maintenant, s’étant rencontré sur une plage un soir de pleine lune. Gus vient d’annoncer à Dominique qu’il partait en voyage. Les tout-petits et leurs accompagnateurs sont ainsi invités à assister aux préparatifs de départ, dernier ménage et boîte à lunch, au son de la voix de Frank Sinatra.
Si Gus semble très vaguement familier, c'est qu'il fut présenté pour la première fois au public lors du OFFTA 2008. Les origines et l'histoire sont légèrement différentes, mais son but reste le même : aller vers la lune, sa destination ultime.
Après une brève présentation, le public prend place à l’intérieur d’une tente de fortune, créée grâce à quatre rideaux blancs, et découvre l'habitat rustique de Gus, qui sent presque l'air salin (magnifique scénographie recelant plusieurs surprises) : boîtes de bois, vieille radio et tourne-disque éclairé, faisant apparaître de petites vagues bleu et blanc sur le couvercle ouvert. Une libellule virevolte ici et là – un personnage qui reviendra à la toute fin, créant une jolie boucle, au bonheur de Gus et des bambins – et une lune (un écran circulaire) occupe la partie supérieure gauche de la scène, sur laquelle on projette à l’occasion différentes images en direct provenant d'une mini caméra qui révèle ce que voit Gus alors qu'il se prépare à partir.
C'est avec beaucoup de douceur et de rires que les petits entrent dans l'univers de Dominique Leroux. Véritable laboratoire sur « la perception visuelle et auditive de la marionnette », ce spectacle sans paroles souffre étrangement de ses qualités : si le petit être poilu attire rapidement l'attention dès son arrivée sur scène, ses actions parfois difficiles à voir, ainsi que la petitesse de certains accessoires et quelques jeux d'ombre n'arrivent pas à conserver l'attention des plus jeunes. Les images projetées sur la lune – soit l'astre lui-même, sous différentes formes, et quelques dessins apparaissant trop rapidement ou captés de trop près - s'avèrent plutôt abstraites pour les enfants. De plus, même si quelques chansons meublent l'environnement sonore (dont Fly Me to the Moon et La sonate à la lune), l'absence de mots ou d’échange concret entre la manipulatrice et les spectateurs fait tournoyer l'imagination des petits qui vont jusqu’à inventer quelques péripéties supplémentaires à l’action plutôt passive de Gus. Alors que cet exercice pourrait être on ne peut plus stimulant, il vient ici créer l'effet contraire et briser la bulle du spectacle. On se rend compte de cette lacune à la toute fin, quand Dominique présente les fameuses pierres à trou, uniques aux Îles ; dès lors, le petit spectateur reprend totalement contact avec la pièce et la comédienne.
Ceci dit, Gus et sa charmante amie ne laissent personne indifférent et charment facilement tout l'auditoire, les enfants étant relativement unanimes à ce sujet en sortant de la salle. D'une grande douceur et d'une désarmante simplicité, Conte pour un Gus se vit comme une expérience ludique et immersive, une histoire toute simple d'un voyage tombé à l'eau, sauvé grâce aux ailes d'une amie insoupçonnée…