5 mars 2015, 13h30
6 mars 2015, 15h
Philémon et BaucisTexte et mise en scène: Claire Voisard
Interprètes: Sabrina Baran, Salim Hammad, Philippe Racine
Un terrible orage fait rage. Jupiter, du haut de l’Olympe, est en colère contre les humains. Seul deux vieillards, Philémon et Baucis, restent étrangement calmes. Étonnés, Jupiter et son fidèle Mercure descendent alors des cieux, entraînant une série de péripéties rocambolesques.
Opéra de Haydn, Philémon et Baucis est la toute dernière création de L’Illusion, Théâtre de marionnettes qui, depuis 35 ans, crée, produit et diffuse des spectacles mettant en valeur les arts de la marionnette dans toute leur diversité.
Section vidéo
Scénographie et marionnettes: Robert Smolik
Musique : Joseph Haydn, interprété par l’Orchestre symphonique de Vienne, dirigé par Meinhard Von Zallinger-Thum (1951), remasterisé par le Habsburg Heritage (2003)
Éclairage : Mathieu Guertin
Assistante à la scénographie : Fannie Yockell
Technique : marionnettes à tringles
Durée : 50 minutes
Production Illusion, théâtre de marionnettes
6430 rue St-Denis
Téléphone : 514-523-1303
A:20$ E:18$ R:18$
Billetterie : 514 495-9944 ou en ligne ici
A: adultes | E: enfants | R: réduction*
(*étudiants, aînés, membres de l’AQM et de la ligne bleue ou acheteurs de trois billets de spectacles différents.)
Taxes et redevance incluses.
par David Lefebvre
Le compositeur Joseph Haydn, pour le compte du prince hongrois Nicolas Esterházy dit le magnifique, a écrit plusieurs opéras pour marionnettes - le prince adorait cette discipline artistique pourtant considérée à l'époque comme «populaire» - dont il ne reste pratiquement rien aujourd'hui. Seule une copie incomplète d'une partition de Philémon et Baucis fut retrouvée, par hasard, dans une librairie parisienne, au début du siècle dernier.
L'histoire en est une des plus classiques : alors que Jupiter, courroucé, fait pleuvoir et lance ses éclairs un peu partout, il aperçoit un vieux couple qui l'intrigue. Avec son messager Mercure, il descend sur terre pour mieux comprendre ce qui le tracasse chez eux. Les dieux apprennent, en retrouvant le couple, qu'il a perdu son fils et sa bru, juste avant le mariage, frappés par la foudre divine. Jupiter, trouvant leur infortune injuste, décide de ressusciter les deux enfants et de les redonner aux parents. Ceux-ci, reconnaissants, osent tout de même demander une dernière faveur, celle de mourir ensemble, en même temps. Dans sa magnanimité, Jupiter les transformera en arbres, le chêne et le tilleul, dont les troncs s'entortilleront pour l'éternité.
En hommage au théâtre de marionnettes de l'époque classique, les artistes de l'Illusion tentent, avec leur Philémon et Baucis, de se rapprocher le plus possible des marionnettes et des techniques utilisées à cette époque. Ce sont donc de belles et lourdes marionnettes à tringles et à fils, faites de bois, qui donnent vie aux personnages de l'histoire. La technique de manipulation est plutôt ardue, mais Sabrina Baran, Salim Hammad et Philippe Racine la maîtrisent très bien. Leur jeu est chaleureux et doux, rendant les personnages attachants. Leur castelet s'avère être un grand tableau sur un mur, une toile représentant le ciel peint de différentes tonalités, qui se roule, comme un store, pour faire apparaître des décors. D'abord muséal, l'aspect de cette peinture change et s'adapte à l'histoire en cours.
La pièce, présentée jusqu'ici seulement deux fois, est encore toute jeune. Le rythme est un peu lent, et quelques longueurs silencieuses se glissent dans certaines scènes tout au long du spectacle. Quelques moments pourraient facilement se juxtaposer pour octroyer du dynamisme à l'entreprise. Le texte, très classique, propose tout de même quelques clins d'oeil modernes charmants, mais mériterait un léger resserrement pour maintenir l'attention des plus petits qui semblent plus ou moins touchés par cette histoire ancestrale. La mise en scène propose quelques surprises, évoluant au fil de la représentation ; alors que le début est très conventionnel, la fin tend vers un certain modernisme. En prenant la même pose que les marionnettes, les comédiens viennent créer une certaine association entre eux et leurs personnages. De plus, la partie supérieure du castelet s'ouvre, permettant au jeune public d'apprécier tout le travail fait par les manipulateurs, maintenant à vue.
L'Illusion Théâtre s'est lancé tout un défi en explorant cet opéra d'Haydn, mais a trouvé le ton juste pour y parvenir. En multipliant les représentations, Philémon, Baucis, Jupiter et Mercure trouveront assurément la manière idéale de parler et de toucher les enfants, tout en continuant d'épater les parents.