Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre

Casteliers 2019
Spectacle pour tous, à partir de 6 ans
Samedi 9 mars 2019, 15h
Dimanche 10 mars 2019, 11h

Ce récit simple et chaleureux illustre les rapports entre l’Homme et la Nature, à travers l’amitié entre un jeune garçon et un arbre. L’homme, d’abord enfant, grandit puis vieillit, revenant toujours vers l’arbre pour lui demander et lui demander encore. Même dépouillé de tout, de ses fruits, de ses branches, de son tronc, l’arbre donne dans la joie.

Ce spectacle utilise l’un des matériaux les plus simples : le papier, pour faire naître des images délicates et fortes dans leur dépouillement.

Publiée en anglais en 1964 et en français au cours des années 80, cette fable humaniste résonne beaucoup plus intensément à notre époque, où l’écologie interroge de façon cruciale notre rapport au monde, et la nature même de notre relation à l’autre.

Fable écologique? Histoire d’une tendresse? Rêve de papier? Pour les petits? Pour les grands? Il en sera comme il vous plaira.

---

Texte : Shel Silverstein
Mise en scène, scénographie et marionnettes : Florence Thiébaut
Interprète : Philippe Rodriguez

---

______________________________________

            

Qui a déjà dit que l’art de la marionnette relevait seulement du monde de l’enfance ou ne pouvait qu’exprimer des univers fantaisistes sans place à la réflexion? Pour tous les sceptiques (et les autres, bien entendu, pour leur grand bonheur), le Festival de Casteliers nous offre une production singulière à la fois sombre et lumineuse, philosophique et empreinte de poésie. L’Arbre généreux est joué et raconté par un comédien français et marionnettiste depuis trois décennies, Philippe Rodriguez, brillant et sensible.

Samedi après-midi au Petit Outremont, le public constitué principalement d’adultes et de quelques enfants (le spectacle s’adresse aux spectatrices et spectateurs de six ans et plus) écoute avec une attention soutenue une fable pas si banale. Pendant un peu plus d’une demi-heure, l’artiste seul en scène nous raconte l’histoire d’une relation entre un garçon et un arbre. Entouré dans la petite aire de jeu de cubes de différentes tailles, il installe les éléments nécessaires au récit, notamment un arbre aux feuilles vertes qui ressemble à un cadeau emballé avec de larges rubans. Le protagoniste humain apparaît à des époques distinctes de sa vie, d’abord en enfant (le corps est constitué d’une feuille blanche et la tête d’une boule de la même couleur). Le manipulateur le tient par le haut du crâne et lui donne l’occasion de se trimbaler dans les airs. Le petit garçon aime l’arbre, et celui-ci réciproquement, en l’invitant à se bercer sur ses branches et à grimper dans ses feuilles. Le temps passe, l’homme grandit, devient un adolescent trop vieux pour escalader le tronc de son camarade. L’éloignement de plus en plus prolongé ne l’empêche pas d’avoir à l’égard de son « ami » des exigences de plus en plus élevées. Plus tard, adulte en quête d’une femme et d’enfants, il accepte l’offre de l’arbre qui veut lui donner ses branches pour la construction de sa maison.

(...) le Festival de Casteliers nous offre une production singulière à la fois sombre et lumineuse, philosophique et empreinte de poésie.

Mise en scène par Florence Thiébaut (qui a conçu également la scénographie et les marionnettes), la pièce baigne dans des atmosphères musicales de Bruno d’Auzon, évoquant autant la solitude que la tendresse, l’étrangeté que la mélancolie (dont quelques notes de piano toutes délicates). La qualité sonore de l’ensemble s’imprègne aussi du courant électroacoustique avec, par exemple, la récurrence de certains bruits d’ambiance. Les éclairages de Daniel Landréau créé différents climats, toujours avec sobriété, dont des jeux de clair-obscur des plus éloquents peu de temps avant la fin.  

L’une des forces majeures de cette proposition théâtrale demeure sa franchise à aborder l’ambivalence des rapports affectifs. En effet, la relation entre l’homme et l’arbre n’esquive pas les questionnements à savoir si l’un profite de la générosité de l’autre. Est-ce de l’exploitation de l’un (ou bien une métaphore du gaspillage des ressources naturelles) contre la naïveté de l’autre? Sans tomber dans une approche didactique, L’Arbre généreux réussit comme rarement il a été donné de voir (dans des spectacles de marionnette et même dans tout autre genre d’œuvres scéniques) d’illustrer les liens de pouvoir entre les êtres loin de tout manichéisme avec un texte signé par Shel Silverstein (publié à l’origine en anglais dans les années 1960).   
    
Malgré le propos sombre, il faut souligner la prestation de Philippe Rodriguez qui provoque aussi son lot de moments forts cocasses, comme lorsqu’il prend des branches de l’arbre généreux et les transforme en un escargot ou un oiseau déployant ses ailes. La poésie et l’imagination dominent ainsi toutes les ramifications de cet Arbre généreux mémorable et intemporel.  

09-03-2019

---

Partagez cette page sur Twitter