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Coups de théâtre 2018
Au courant

Théâtre / performance
16 ans et +
21 mai 2018, 15h, 22 mai, 19h, 23 mai, 13h

Une salle d’exposition démodée arborant quelques objets accrochés à des panneaux et dans des vitrines. Au fond, assis, un gardien très rigoureux et méthodique. Au centre, une jeune femme court sur un tapis roulant. Tout en décrivant son apparence et son for intérieur, passant de la fraicheur à la sueur, elle court et court encore, comme si sa vie en dépendait.

Dans ce spectacle dont elle est à la fois l’auteure, l’interprète, le sujet et la matière, Kristien De Proost nous invite à réfléchir sur la vie. À l’heure où les gens exposent leur vie sur Facebook comme dans une vitrine, dans quelle mesure peut-on se fier à ce portrait ? Au courant est une mise à nu au sens propre comme au figuré.

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De Kristien De Proost
En collaboration avec Youri Dirkx et Peter Vandenbempt
Texte Kristien De Proost
Avec Kristien De Proost et Mark De Proost

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Avec Au courant, Kristien De Proost nous ouvre les portes d’une salle d’exposition vieillotte dont elle est le sujet principal. Accrochés au mur ou exposés en vitrine, une panoplie d’objets disparates, mais liés à l’artiste. Au fond, derrière son comptoir, un gardien renfrogné (le père de Kristien!), qui suit à la lettre les instructions qui lui sont fournies chaque fois qu’un timbre sonore retentit.

Le spectacle de la compagnie belge Tristero, qui s’adresse à un public de 16 ans et plus, explore la complexité de l’identité humaine et, par ricochet, l’exposition perpétuelle et permanente de soi-même dans lequel on se place collectivement sur les réseaux sociaux. À toute heure du jour ou de la nuit, on alimente la bête avec des renseignements sur soi, parfois drôles, parfois sensibles, faits intéressants, anecdotes ou souvenirs… Mais ce qu’on dit de nous dresse-t-il un autoportrait fidèle de qui on est?

C’est au centre de la salle d’exposition que tout se passe : sur un tapis roulant qui ne s’arrête jamais court une femme, Kristien De Proost, dont le nom s’affiche en grosses lettres dorées au mur. Et tandis qu’elle court sur place, cette jeune femme s’expose en une longue succession de confidences, qui vont d’une description physique détaillée et sans complaisance à une liste de chiffres significatifs (598, le nombre de calories brûlées par spectacle) en passant par un inventaire, semble-t-il, infini de ce qu’elle aime, hait, rêve ou souhaite faire. On assiste à une mise à nu littérale de l’être nommé Kristien De Proost, qui ne cesse jamais de s’exposer, même dans le plus intime, comme si son existence ne tenait qu’à ce qu’elle étale au regard des autres ou qu’il fallait qu’elle se décrive pour définir son identité.

L’interprète nous offre une véritable performance, tant physique qu’artistique, alors qu’elle court sans relâche sur son tapis, le souffle constant, une couche de sueur d’abord fine sur le visage puis de plus en plus coulante. Son marathon fascine par moments au point de faire oublier ce qu’elle dit, pourtant bien plus cru, bien plus « vrai » que les belles facettes de l’humain généralement mises en scène sur nos réseaux sociaux.

Plus vrai, vraiment? Comme souvent dans ce type d’exercice la question se pose. Le portrait que De Proost dresse d’elle-même est-il véridique ou brodé? Les confidences qu’elle nous fait sont-elles véritables ou maquillées? Ainsi, malgré la complète mise à nu de l’artiste, le public se surprend à vouloir en savoir encore plus, à répondre à l’invitation du gardien d’aller examiner de plus près les objets exposés sur scène puis à lire les petits cartons qui en détaillent la provenance ou le lien affectif avec la performeuse.

À la fois auteure, interprète, sujet et matière de cette œuvre étonnante, Kristien De Proost nous invite à réfléchir sur la vie, sur l’exercice un brin futile de tenter de tracer les contours d’une identité en constante transformation.

23-05-2018

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