FTA 2010 - Catalina

Mise en scène et interprétation : Gabino Rodríguez
Collaboration à la mise en scène : Luisa Pardo

Critique d'Aurélie Olivier

Catalina est le second spectacle de la compagnie mexicaine Lagartijas Tiradas al Sol à être présenté au FTA. Après Asalto al agua transparente, une réflexion pertinente, mais peu approfondie et un peu maladroite sur les méfaits de l’urbanisation et l’épuisement des ressources naturelles, Gabino Rodriguez et Luisa Pardo nous font le récit d’une histoire d’amour qui a mal tourné. Rodriguez est seul en scène, sa comparse n’apparaissant que sous forme d’images vidéo et de bande sonore préenregistrée. C’est qu’il est là pour nous raconter la plus grande douleur de sa vie : le moment où Catalina l’a quitté.

Dès le départ, il annonce la couleur en nous disant qu’il est menteur. On s’en réjouit d’avance, pensant qu’il va nous entraîner dans une histoire pleine de contradictions et de recoupements improbables, bref dans un dédale où il sera impossible de discerner le vrai du faux et dont nous sortirons avec matière à discussions infinies. Malheureusement, cette piste n’est pas du tout exploitée. C’est d’ailleurs le cas de toutes les autres pistes qui sont esquissées pendant le spectacle. Ainsi, le récit débute au printemps 2009, alors que l’épidémie de grippe porcine frappe Mexico de plein fouet. Sur l’écran vidéo qui occupe la majeure partie de la scène défilent des images apocalyptiques de foules portant des masques, de dizaines de porcs pendus par les pieds, de personnes en combinaisons anti-infection armées d’étranges vaporisateurs. On perçoit là une mise en parallèle d’un désastre collectif et d’un désastre individuel, mais malheureusement, la piste s’arrête ici, et on réalise que ce fait n’a été abordé que comme un repère temporel. Au fil du récit, on apprend aussi que Catalina est partie vivre à Buenos Aires et on se prend à espérer une réflexion sur l’effet de la distance physique sur l’intimité ou à une mise en perspective avec la distance qui peut régner entre deux individus malgré la proximité physique, mais une fois encore, rien. Ce qui demeure, c’est une peine d’amour mille fois vécue et qui ne vaut la peine d’être racontée que si elle est sublimée, comme le fait par exemple Sophie Calle dans Douleur exquise. Gabino Rodriguez, lui, nous lit des déclarations enflammées envoyées par courriel, exhibe de petits objets signifiants pour lui, mais malheureusement pas pour nous, diffuse des gros plans interminables du visage de sa bien-aimée et chante à tue-tête sur des chansons mexicaines. D’un côté, les lectures de courriel sont faites d’une voix étrangement détachée et à toute vitesse, comme s’il cherchait à évacuer toute forme d’émotion, de l’autre il se vautre dans les souvenirs. Une attitude paradoxale dont l’objectif est peu clair. S’agit-il d’ironiser sur l’autofiction? Si tel est le cas, le message ne passe assurément pas et seule demeure une persistante impression d’inconsistance.

12-06-2010