Inspiré de Terres et cendres d’Atiq Rahimi
Mise en scène De Jérémie Niel
Critique de Mélanie Thibault
Quand tout dévaste, tout se tait.
La catastrophe a sonné à la porte du village d’un vieillard et de son petit fils, seuls rescapés de la famille, témoins dévastés. L’enfant est sourd des causes de l’attaque, troublé par ce nouveau silence. Il plane, accompagné par la noirceur de la scène, comme l’étendard de la douleur.
Plutôt que de trop en dire, la compagnie Pétrus a fait le choix de livrer cette errance post-traumatique aux mains de l’obscurité et du murmure. Les micros à fond, les respirations se font entendre, le tremblement des quelques mots résonne pour se perdre de nouveau dans le poids de la situation. Quoi dire quand rien ne reviendra ? Que faire quand l’inimaginable se produit, quand la guerre ravage tout espoir ? Lutter ? Jérémie Niel, dans sa mise en scène épurée, semble plutôt parier sur l'entreprise vaine de reconstruire une autre vie.
Conduit par des images de pierres, de lieux vides, de sections de visage en gros plan, le réalisateur Denis Côté fait ressentir le vide installé par la guerre jusque dans l’intimité des personnages. Un jeu décalé et découpé qui suggère un rythme lent, parfois difficile à supporter. La pièce ne dure qu’environ une heure 15 ; c’est suffisant pour saisir l’ampleur de la tragédie. L’originalité dans la transposition du sujet d’Atiq Rahimi, la guerre afghane, nous laisse songeurs sans pour autant bouleverser.