Production et mise en scène : Maiko Bae Yamamoto et James Long
Critique de Sara Fauteux
Depuis plus d’une décennie, le Theatre Replacement de Vancouver s’active à explorer la forme théâtrale à travers le mélange des cultures et leur cohabitation dans un milieu social unique. Cette fois-ci, les deux initiateurs du projet, Maiko Bae Yamamoto et James Long, ainsi que certains des acteurs du spectacle, reviennent des villes de Paris, Londres, Athènes et Rome, au Tennessee, avec une série d’entrevues vidéo et audio effectuées avec des personnages locaux. Manifestement, ils rentrent également de ce périple avec une forte impression humaine des gens rencontrés et des souvenirs encore palpables. Dans The Greatest Cities in the World, on retrouve, en quelque sorte, un souvenir de voyage incarné.
Les acteurs proviennent tous de milieux sociaux et culturels différents et la confrontation qu’ils ressentent comme citoyen face aux idées rencontrées au Tennessee est évidente et riche. À travers leur volonté d’explorer les formes de la représentation ainsi que l’idée de la présence de l’acteur sur scène comme humain, la réalité et la fiction se mêlent de manière particulièrement intéressante. Mais ce mélange d’éléments finit par dissiper l’intérêt réel du spectacle. Comme spectateur, on saisit très bien le désir de communiquer un message social troublant tout en restant dans une démarche artistique, donc personnelle. En voulant expliquer cette démarche au cœur même de leur oeuvre, ils perdent la profondeur d’un aspect comme de l’autre.
Les témoignages précieux, choquants et surprenants qu’ils rapportent de ce milieu particulier et difficilement accessible sont souvent abordés au premier degré. Comme si, en tentant de nommer les clichés pour les transcender, ils n’arrivaient finalement qu’à les reconduire. Les acteurs prennent la parole dans des chorégraphies gestuelles qui parviennent parfois à créer un effet hypnotisant et qui captent notre intérêt, mais dont on échoue à saisir le sens réel. Il faut souligner le travail remarquable, fait autour de la scénographie et de l’univers visuel, particulièrement réussi du spectacle. Mais au bout du compte, on ne voit ni l’aboutissement de cet univers, ni le lien qui pourrait s’établir entre ce travail sur le corps, la scène et les rencontres faites au Tennessee.