FTA 2011 - Octobre 70

Un spectacle du Théâtre Blanc
Inspiré librement du scénario du film Octobre de Pierre Falardeau
Tiré du livre Pour en finir avec Octobre de Francis Simard
Idée originale, adaptation théâtrale, mise en scène Martin Genest

Critique d'Olivier Dumas

Quarante ans plus tard, la crise d’Octobre demeure un sujet chaud. Du brillant roman de Louis Hamelin (La constellation de Lynx), au film kafkaïen de Michel Brault (Les ordres) en passant par les confidences contestables de Carole «Poupette» Devault, l’espionne du FLQ (Toute ma vérité) ou encore le feuilleton raté de la CBC, les témoignages n’ont pas manqué sur cet événement emblématique et sur les limites de la liberté quant à la situation politique du Québec. En transposant le récit de Francis Simard (Pour en finir avec Octobre) qui a inspiré le film de Pierre Falardeau (Octobre), l’auteur et metteur en scène Martin Genest et le Théâtre Blanc nous convient à un troublant moment historique avec son Octobre 70.

Sur le plateau du Théâtre Jean-Duceppe, le metteur en scène a placé au centre le lieu de détention du ministre Pierre Laporte, alors que le public se retrouve à regarder l’action des quatre côtés, en hauteur, à l’intérieur d’un immense échafaudage de trois étages. Pendant 80 minutes, nous suivons les dilemmes des quatre felquistes de la cellule Chénier (Francis Simard, Jacques Rose, Paul Rose et Bernard Lortie) qui ont pris en otage le ministre du Travail du gouvernement libéral de Robert Bourassa. Dans la maison de la rue Armstrong à Longueuil, la tension monte jusqu’au dénouement fatal.  

Présentée comme une approche brechtienne par les organisateurs du FTA, cette expérience tient effectivement en haleine. Il était beau et touchant de voir toutes ces têtes penchées vers le sol, presque en communion devant une tragédie dont la conclusion est connue de tous. Un théâtre politique de cette trempe entraîne une réflexion fondamentale entre les convictions profondes et les moyens légitimes (ou non) pour l’incarner dans l’action quotidienne et dans un projet d’indépendance nationale. Les cinq comédiens de la distribution incarnent avec fougue et engagement des personnes réelles avec leurs failles, leurs emportements, leurs contradictions et leur humanité. Une mention particulière à Vincent Champoux, émouvant de douleur dans la peau du ministre kidnappé par des idéalistes naïfs et largué par son propre parti.

La pièce Octobre 1970 a également le mérite de rappeler le long métrage de Pierre Falardeau, tout en possédant une griffe théâtrale distinctive. Martin Genest et le Théâtre Blanc font œuvre utile avec cette mise en lumière de l’un des traumatismes noirs de la société québécoise.

04-06-2011