FTA 2011 - El Rumor del Incendio

Un spectacle de Lagartidas Tiradas al Sol
Texte et coordination Luisa Pardo + Gabino Rodríguez

Critique d'Olivier Dumas

Originaire du Mexique, la compagnie Lagartidas Tiradas al Sol semble très prisée par les organisateurs du FTA. Après deux spectacles présentés en 2010 (Asalto al agua transparente et Catalina), elle récidive cette année avec El rumor del incendio, une touchante pièce qui n’évite malheureusement pas une densité parfois étouffante.

Trois comédiens inspirés, Francisco Barreiro, Luisia Pardo et Gabino Rodriguez, reviennent sur un pan sulfureux de l’histoire mexicaine de la seconde moitié du 20e siècle. Ils racontent les guérillas des années 1960-1970 où la jeunesse de l’époque a voulu s’affranchir des dogmes sociaux et capitalistes de leur pays pour implanter une société plus équitable. En résumé, c’est le destin d’une jeune institutrice qui part pour Mexico dans l’espoir de changer le monde et d’éradiquer la grande pauvreté qui sévit pour une large part de la population. Or, elle vivra arrestation, torture et emprisonnement. En cette année de 1968, des manifestations étudiantes n’empêcheront pas le massacre du 2 octobre et la répression pour les décennies suivantes.

Pour ce type de représentation documentaire, il est préférable de connaître minimalement l’histoire du Mexique ou encore celles des mouvements révolutionnaires des années 1960 (en France, en Amérique du Sud, aux États-Unis et au Québec) qui ont secoué la planète. Car le spectateur se doit d’absorber dans la langue de Cervantès (aidé heureusement par les surtitres) une surabondance d’informations factuelles pendant les 90 minutes d’El rumor del incendio. Le sentiment d’assister en accéléré à un cours universitaire nous empêche de ressentir pleinement une démarche significative et percutante. Il est facile de se perdre devant tant de noms d’individus, de politiciens, de groupuscules, sans oublier les dates. Par ailleurs, les scènes où les interprètes s’éloignent du texte et des faits pour vivre pleinement l’action demeurent les plus troublantes.

Autrement, leur propos s’accompagne d’une démarche ludique avec ces nombreux accessoires, figurines, trains électriques, caméras qui étonne par son côté enfantin. Une belle ingéniosité, qui, mieux exploitée et harmonisée à un récit moins touffu, ferait des productions de Lagartidas Tiradas al Sol des incontournables. Un tel engagement de la part d’artistes sensibles imprégnés de leur histoire nationale, de justice sociale et de talent mérite toute notre admiration.

02-06-2011