FTA 2011 - Yume No Shiro

Un spectacle POTUDO-RU
Dramaturgie et mise en scène Daisuke Miura

Critique de Sara Fauteux

Dans Yume No Shiro, le spectateur est d'abord mis en position de voyeur, derrière une vitre, d'où il assiste à une première scène d'une sexualité explicite. Puis, la vitre se lève et l'on est libre d'observer la vie désoeuvrée de 8 jeunes nippons qui cohabitent dans une promiscuité qui n'a d'égal que leur indifférence les uns aux autres. Ils ne se parlent pas, seuls la musique techno, le son sourd de la télévision, les grognements et les gémissements de jouissance ponctuent leurs existences léthargiques.

Dans leur « château de rêves » (traduction de Yume no Shiro), dont les murs sont tapissés d'images de magasines, d'affiches et d'objets aussi colorés que leurs vêtements (dont un clin d’œil au public montréalais avec un drapeau du Québec), ils mènent une existence primitive au cœur de la ville. Dormant, mangeant, baisant, regardant la télé et jouant à des jeux vidéo, ces jeunes adultes ne semblent que répondre à leurs bas instincts, redevenus animaux dans cette extrême modernité.

Malgré le vide total dans le regard des personnages et la désorganisation de leurs ébats, la pièce est portée par une structure dramaturgique précise et efficace. Le spectacle est divisé en tableaux qui créent un rythme soutenu, presque captivant. Alors que tout dans cet univers semble dénué d'espoir et de beauté, quelques moments évocateurs viennent ébranler le spectateur qui retrouve une détresse profondément humaine.

Daisuke Miura présente ici un théâtre riche qui soulève autant de questionnements sur la réalité des jeunes japonais qu'il décrit que sur la représentation théâtrale et sa réception.

10-06-2011