&&&&& & &&&En français
Un spectacle de L'Amicale de production
Création et interprétation Antoine Defoort et Halory Goerger
Retour vers le futur
Les robots peuvent-ils être malheureux ? Qu’est-ce qu’un concert botanique ? À quoi ressembleront les micro-ordinateurs en 2095 ? Comment créer une cyberversion de Tristan et Iseult ? Les multiples esperluettes du titre indiquent-elles le déclin du langage connu et le triomphe du jargon informatique ?
Bidouilleurs astucieux, furieusement intelligents, les Français Halory Goerger et Antoine Defoort proposent une expérience inclassable entre installation et théâtre, entre science et fiction, entre cogitation et rigolade. Rien de tranché dans ce « spectacle de câble et d’épée » sans début ni fin, où le spectateur se fait sa propre chronologie. Sous l’apparente légèreté, ces futés explorateurs du spatiotemporel suggèrent un réel questionnement sur l’avenir de l’humanité telle qu’on la connaît. L’air de ne pas y toucher, ces inventeurs iconoclastes nous invitent à réfléchir sur nos fantasmes de modernité, bousculent la représentation telle qu’on la conçoit et nous téléportent dans un cabaret interactif, futuriste et décalé.
Antoine Defoort
Électrons libres
Antoine Defoort et Halory Goerger sont musiciens, acteurs, philosophes, farceurs, artistes et inventeurs, dans le désordre. L’Amicale de production, qui les réunit, coopérative de projets développés par différentes personnes, permet une totale indépendance de chaque équipe de création.
Leurs spectacles, déjantés et ingénieux, bousculent les codes de la représentation. Séparément, chacun s’adonne à différents genres artistiques en les mélangeant allègrement, que ce soit des fausses publicités de danse sur vidéo, de la poésie sonore, un tube de Kraftwerk chanté par une chorale, des installations interactives... Chacun propose également un spectacle solo ; Indigence = élégance pour Antoine Defoort (présenté à Montréal et à Québec en 2010), Métrage variable pour Halory Goerger. S’ils affirment pratiquer le coq-à-l’âne, le spectateur crée ses propres liens, sort de ces expériences éberlué et stimulé. Les curieux peuvent visionner la saison 1 de Bonjour Concert, « campagne publicitaire commandée par on ne sait trop quelle institution », à voir sur http://vimeo.com/12710864.
&&&&& & &&&, sous-titré « Un spectacle de câble et d’épée », a été créé en France et a tourné en Belgique, en Suisse, au Portugal et en Autriche. Une version « spectacle frontal » existe aussi, on l’appelle alors simplement &.
Section vidéo
une vidéo disponible
Piano dans l’installation Les génies du froid Belinda Annaloro
Régie Thomas Leblanc
Régie son Robin Mignot
Accompagnement technique François Breux, Jean-Marc Delannoy, Alice Dussart, Nicolas Guichard / CECN
Assistant à la scénographie et photo Julien Fournet
Création au Festival Noorderzon, Groningen, août 2009
Tarif régulier : 35 $
30 ans et - / 65 ans et + : 30 $
Forfaits en vente 15% à 40% de réduction
Coproduction Le Vivat (Armentières), L’L (Bruxelles), Maison Folie de manège.mons, Maison Folie Wazemmes, CECN de manège.mons, TNT - Manufacture de chaussures (Bordeaux)
Avec le soutien de Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais, Ministère de la Culture et de la Communication - DRAC Nord-Pas-de-Calais, Ville de Lille, la malterie (Lille)
Présentation avec le soutien de Service de Coopération et d’Action Culturelle du Consulat Général de France à Québec
Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : FTA - 514-844-3822 / 1-866-984-3822
Quartier général FTA : 300, boul. de Maisonneuve Est
par David Lefebvre
Les brillants concepteurs et fantaisistes Antoine Defoort et Halory Goerger s’amènent à Espace Libre le temps de quelques représentations de &&&&& & &&&, spectacle insolite qui a tourné dans plusieurs pays d’Europe depuis sa création en 2008. Comble de chance, les deux musiciens-comédiens-bricoleurs-etc. ont décidé de l’offrir sous forme déambulatoire – le spectacle existant aussi en format frontal, plus conventionnel. &&&… se veut donc une performance-exposition-installation déjantée, amusante et techno-kitsch des plus surprenantes.
L’expérience se vit dans l’ordre ou le désordre, ou plutôt comme un anneau de Moebius : on circule, on revient, on assiste, on repart, et tout ce qui est affiché répond à une interrogation soulevée ailleurs. Art conceptuel, jeu ludique, réflexion pseudo-scientifique, sondage sur nos opinions philosophiques à propos de voyages dans l’espace ou de la destruction d’une race extraterrestre menaçante, &&&… bouleverse la conception de représentation et est un regard véritable et déluré sur la génération geek, qui reconnaitrait partout la Marche impériale de Star Wars et qui carbure aux films cultes et de série B.
En entrant dans la salle, on peut lire « se visite comme une exposition, se regarde comme un spectacle ». D’abord l’expo : des vidéos, de la musique, des messages à imprimer, des jeux de cocottes pour découvrir par le hasard votre fin du monde, des métaphores expliquées, le tout dans un décor de boîtes de carton. Puis, au fond, en gravissant l’estrade de fortune, on accède à la représentation. Durant trois heures, les deux zigotos reprennent une séquence d’une quinzaine, voire une vingtaine de minutes, que l’on peut quitter en tout temps, et qui est constituée de tableaux plutôt originaux : un entretien avec un robot qui est attiré par les humains ; un mur qui se remplit des mots « kill », « burn », tapés sur un clavier d'ordinateur en bandoulière au son d’une musique rock-dansante d’un synthétiseur ; une mélodie interprétée sur des instruments singuliers, soit des plantes vertes, dont chaque feuille et chaque tige correspond à une tonalité ; un texte composé de mots de quatre lettres, inventés ou non, défile, résumant plusieurs films, dont Terminator, The Matrix ou Mars Attack ; une biographie allant des premiers émois technologiques de Bill Gates jusqu’à l’apothéose de la compagnie Microsoft en 2095… La représentation théâtrale est un réel délire : le sketch où les deux comédiens reproduisent des scènes typiques d’un film d’action futuriste, en se doublant live – faisant écho aux mauvais doublages des années 80 – leur visage en gros plan sur le mur-écran, est une mine de rires incontrôlables. Ou encore, cette utilisation d’une harpe aux cordes remplacées par des lasers et des photorésistances, cette tirade monocorde et épique extraite d’un film de science-fiction, où Goerger et Defoort tournoient, épées en main, et se jaugeant, ou ces réflexions sur les paradoxes temporels et les périls de l’humanité dans les histoires de SF, boîtes de carton sur la tête, sont tout aussi ahurissants qu’hilarants.
&&&… explore une vision du futur par les yeux et l’inventivité de grands enfants, avec une délicieuse dérision tout aussi juvénile qu’adulte. Ludique, absurde, jouissif, cet objet insolite, baroque, s’interroge sur notre concept de la modernité fantasmée et possède l’immense qualité d’avoir rendu théâtrale la science-fiction. Une réelle réussite.