Envers et contre tout
Équilibres contrariés, rêves vitriolés et urgence de vivre rythment un déballage ininterrompu de folles espérances, de conflits intérieurs et de luttes intestines. Bienvenue dans le microcosme agité de Goodbye, où rien ne compte vraiment que l’amour ou la mort. Rudoyés par l’étreinte conjointe des dieux et des démons, les corps se démènent dans un combat vigoureux contre l’adversité. Perdus dans leur propre labyrinthe, ils naviguent dans les eaux tumultueuses d’une réalité aux visages capricieux. Et ils s’inventent mille façons de dire adieu pour survivre aux imperceptibles deuils qui ennuagent nos jours.
Prenant le spectateur à partie, Mélanie Demers nourrit ses obsessions sur la dualité du monde dans cette truculente étude sur l’art et ses artifices. Une déconstruction en règle des certitudes et du spectacle, un puissant mélange de danse et de théâtre fondé sur la dépense physique et la virtuosité émotionnelle.
Mélanie Demers
L’art comme levier de changement
Mélanie Demers étudie la danse, le théâtre et la littérature à Québec avant de revenir à Montréal, sa ville natale, pour parfaire sa formation. En 1996, à peine diplômée de LADMMI, elle signe sa première chorégraphie, Les oubliettes, et collabore avec divers chorégraphes, dont Danièle Desnoyers et Ginette Laurin. Pendant presque huit ans, elle dansera au sein d’O Vertigo qu’elle quitte en 2006 pour se consacrer pleinement à ses projets. Elle fonde Mayday en 2007, se distanciant de la théâtralité ludique de ses œuvres de jeunesse pour marquer le début d’une démarche qui observe la condition humaine et interroge le rôle de l’artiste dans la société.
Dans un monde qu’elle perçoit au bord de l’abîme, Mélanie Demers considère le statut d’artiste comme un privilège et s’engage, entre politique et poésie, à occuper la scène avec des œuvres suscitant la réflexion. Dans les deux premières pièces produites sous l’étiquette Mayday, Les angles morts et Sauver sa peau, cette dernière cocréées en 2008 avec la Britannique Laïla Diallo, on retrouve la même puissance dramatique et la même iconographie surréaliste. Et si la scène est envahie de costumes et d’accessoires dans Junkyard/Paradis, chorégraphiéeen 2010, la scénographie est épurée dans Goodbye. S’engageant volontiers à l’étranger, la créatrice mène notamment divers projets en Haïti, au Kenya et au Brésil.
Section vidéo
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Musique Jean-Sébastien Côté
Lumières et direction technique Alexandre Pilon-Guay
Travail de voix Sabrina Reeves
Direction des répétitions Anne-Marie Jourdenais
Photo Mathieu Doyon
Rédaction Fabienne Cabado
Création
Durée : 1 h
Tarif régulier : 30 $
30 ans et - / 65 ans et + : 25 $
Forfaits en vente 15% à 40% de réduction
En parallèle
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 7 juin
Coproduction Festival TransAmériques
Résidences de création Garage Nardini (Bassano del Grappa), Compagnie Marie Chouinard, Usine C, Circuit-Est centre chorégraphique
Présentation en collaboration avec Agora de la danse
Agora de la danse
840, rue Cherrier
Billetterie : FTA - 514-844-3822 / 1-866-984-3822
Quartier général FTA : 300, boul. de Maisonneuve Est
par Gabrielle Brassard
« Il n’y a que trois choses vraiment importantes dans la vie : l’amour, la mort, et la mort de l’amour ». Voilà le credo de la nouvelle création de danse et de théâtre de Mélanie Demers, présentée à l’Agora de la danse dans le cadre du FTA du 6 au 8 juin.
Les interprètes, Brianna Lombardo, Chi Long, Jacques Poulin-Demers (qu’on a récemment vu dans Tout à vous de cœur, de Katia Gagné), ainsi que la chorégraphe, se livrent à un exercice de style qui déconstruit le thème de l’amour, mais aussi celui du rapport avec le public.
Dans un décor épuré, constitué d’un plancher en échiquier et de chaises de bois, les danseurs y évoluent en paires, parfois en trio. Le seul homme de la troupe exécute avec chacune des danseuses une performance, pendant que les autres observent ou dansent ailleurs sur la scène. Poulin-Demers apporte une touche humoristique à cette œuvre parfois un peu décousue. Des séquences se répètent avec des danseuses différentes, des bribes de textes sont également reprises, récitées dans un autre contexte et par d’autres interprètes. Mais à chaque fois, la pièce évolue dans d’autres directions.
Véritable mélange de danse et de théâtre, les textes bilingues de Goodbye évoquent l’amour et la mort, mais interpellent aussi le public. Quand ils ne dansent pas, les comédiens brisent le quatrième mur pour parler directement au spectateur. La fin est particulièrement réussie, grâce à Demers qui nous dit au revoir pendant près de dix minutes, sans pour autant nous faire quitter la salle.
Une certaine poésie se dégage de cette œuvre hétéroclite dans sa forme, particulièrement quand les filles dansent en trio. Le rythme est souvent brisé, alternant les numéros de danse, de théâtre, et même de chansons, mais le fil conducteur est bien présent, soit celui des valeurs humaines.
Mélanie Demers, fondatrice de la compagnie Mayday, présente ici une création ludique, et a choisi de s’amuser avec ses thèmes et de faire jouer ses danseurs. Rafraichissant et original.