La jeune fille et la mort
Variations sur le thème du paysage et de la mort. Des tableaux faits de chair, de couleur, de lumière et de son marquent les étapes d’un voyage insolite dans la magie de l’abstraction. D’abord expressionniste, le corps s’oublie pour devenir canevas, tache dans le décor. L’espace étire à l’infini sa ligne d’horizon. Le temps s’égrène dans le presque silence d’un ralenti. Puissance d’une poésie visuelle et sonore qui rend les esprits libres et vagabonds.
En complicité avec les créateurs son et lumière Laurent Maslé et Jean Jauvin, l’artiste visuelle performeuse Julie Andrée T. nous avait tenus en haleine dans Not Waterproof et Rouge avec une insolente accumulation de couleurs ou d’objets. Avec Nature morte, ces intrépides défricheurs de nouveaux territoires scéniques remportent à nouveau le pari de la fusion des langages en transgressant les codes du théâtre et de la performance. Une heureuse conjugaison d’audace et de charisme.
Julie Andrée T.
De corps, d’espace et de temps
Formée en arts visuels à Montréal, Julie Andrée T. place d’emblée le corps et l’espace au cœur de sa démarche, déclinant d’abord son travail entre installations et performances solo. Professionnellement active dès 1996, elle a déjà présenté ses œuvres au Canada, aux États-Unis, en Europe, en Asie et en Amérique du Sud. C’est en 2003, au Festival de Théâtre des Amériques, qu’elle aborde l’espace scénique théâtral avec Problématique provisoire. Elle y explore, entre autres, la perte d’identité, s’éloignant déjà des codes de la performance pour privilégier la dimension graphique de l’œuvre. Mais c’est avec Not Waterproof / L’érosion d’un corps erroné et Rouge,présentées au Festival TransAmériques en 2009, qu’elle touche à l’objet scénique qu’elle recherche vraiment : une installation-spectacle résultant d’un parfait amalgame de matières graphiques (corps, peinture, accessoires, costumes, lumières…) et sonores. Considéré comme un objet, le corps y est souvent mis à rude épreuve.
Elle réalise ces deux œuvres, bientôt suivies de Nature morte, en collaboration avec Jean Jauvin et Laurent Maslé, deux habitués des collaborations en danse contemporaine. Le premier axe son travail sur la recherche d’une lumière vivante et sur l’installation architecturale de l’éclairage. Le second, réputé pour le caractère organique de ses environnements sonores, s’intéresse de près à l’écologie acoustique.
Invitée au Festival d’Avignon en 2010 avec Not Waterproof et Rouge, Julie Andrée T. s’est aussi illustrée comme collaboratrice artistique dans des œuvres de Jacob Wren, Martin Bélanger, Xavier Le Roy, Benoît Lachambre et Dominique Porte. Depuis 2003, elle est membre du collectif modulaire de performeurs Black Market International. Commissaire à ses heures, elle a aussi été professeure au département de performance de l’École du Musée des beaux-arts de Boston.
Section vidéo
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Lumières Jean Jauvin
Conception sonore Laurent Maslé
Scénographie Julie Andrée T., Jean Jauvin
Rédaction Fabienne Cabado
Création
Durée : 1 h
Tarif régulier : 30 $
30 ans et - / 65 ans et + : 25 $
Forfaits en vente 15% à 40% de réduction
En parallèle
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 5 juin
Coproduction Festival TransAmériques
Résidences de création Les Productions Recto-Verso (Québec), Chaire de recherche du Canada « Dramaturgie sonore au théâtre » - UQAC
Avec le soutien de Daniel Léveillé Danse
Présentation en collaboration avec Espace GO
Espace Go
4890, boul. Saint-Laurent
Billetterie : FTA - 514-844-3822 / 1-866-984-3822
Quartier général FTA : 300, boul. de Maisonneuve Est
par Sara Fauteux
Sur la scène de l’Espace Go, Julie Andrée T. met en scène couleurs, son, lumière et corps dans une scénographie finement conçue. Le corps de l’artiste investit tranquillement les différents espaces de la scène, cherchant à installer à la fois un sens et une présence. La mise à l’épreuve de ce corps, même si plus modérée ici que dans certaines autres performances, fonctionne comme un danger potentiel qui aiguise l’attention du public.
Comment lire un tel spectacle? À propos de Nature morte, la performeuse affirme qu’une théâtralité nouvelle, une recherche sur le personnage, s’est inscrite dans son travail. Le spectacle est d’ailleurs présenté dans une salle de théâtre, dans une disposition frontale de surcroit. Voilà qui installe d’emblée des codes connus pour le spectateur et l’incite peut-être à recevoir et à comprendre cet objet comme théâtral.
Pourtant, analysée comme tel, la représentation qui a lieu sur scène est loin d’être convaincante. On cherche en vain à tirer un sens de cette succession de tableaux, n’y trouvant que des lieux communs et des symboles faciles. Le spectacle n’est pas non plus porté par une poésie ou une atmosphère qui soit assez puissante pour véritablement atteindre le spectateur.
Par contre, les effets sonores et les éclairages de Laurent Maslé et Jean Jauvin sont des plus intéressants, tout comme le travail sur les couleurs et la conception de l’espace scénographique. Ces différents éléments servent admirablement la représentation en agissant comme liant. La pertinence de Nature morte se trouve donc plutôt dans la cohérence des propositions visuelles et sonores que dans un véritable langage scénique.