Une exubérante animatrice de foule, déesse autoproclamée du recyclage, nous accroche aux froufrous de sa robe pour une virée en quête de la beauté. On la décèle dans un bric-à-brac d’échanges avec le public, d’éclats de films sur la vie africaine, de dialogues truculents et de costumes 100 % récup’. Elle se dégage de la vitalité de corps possédés par le rythme et la fantaisie de performeurs auxquels il suffit d’un mot pour improviser une chanson.
Réputée pour ses critiques désopilantes de la société sud-africaine, la chorégraphe Robyn Orlin glisse dans le pur plaisir de révéler son amour pour sa ville natale, Johannesburg. En complicité avec les danseurs extravertis de la compagnie phare Moving Into Dance Mophatong, elle nous entraîne au cœur battant de cette métropole où le rire et la créativité sont les meilleurs alliés contre l’adversité. Un grand bain de bonne humeur dont on ressort régénéré. Jouissif.
Née en 1955 à Johannesburg, Robyn Orlin y a présenté son premier solo en 1980, à l’issue d’une formation à la London School of Contemporary Dance qu’elle complètera plus tard à la School of Art de Chicago. Intégrant textes, chants, vidéo et arts plastiques, ses œuvres théâtrales et déjantées parlent des réalités complexes d’Afrique du Sud, appuyant généralement là où ça fait mal. D’où le surnom d’« irritation permanente » qu’on lui accole dans son pays et le prix Jan Fabre de l’œuvre la plus subversive qu’elle a reçu (et ce n’est pas le seul) en France. Dans ses créations caractérisées par des titres à rallonge (comme Daddy, I’ve seen this piece six times before and I still don’t know why they’re hurting each other, une de ses pièces phare), cette ex-militante anti-apartheid s’attaque autant au racisme, à la pauvreté, au sida, à la dictature et aux travers de la société qu’aux codes et symboles de la culture blanche.
Installée à Berlin depuis une dizaine d’années, elle a beaucoup œuvré en France où elle a mis en scène deux opéras. Ayant déjà créé des œuvres pour des gardiens de musée, un danseur de hip-hop ou les chanteurs d’une chorale, elle collabore pour Beauty Remained… avec Moving Into Dance Mophatong, figure de proue de la danse sud-africaine. Depuis 1978, cette compagnie s’inscrit dans la résistance à la ségrégation avec des distributions mixtes et des œuvres mêlant traditions africaines et formes occidentales. Elle constitue aussi la principale école de danse contemporaine de Johannesburg.
Section vidéo
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Assistance à la chorégraphie Nhlanhla Mahlangu
Musique Yogin Rajoo Sullaphen
Vidéo Philippe Lainé
Costumes Marianne Fassler
Lumières et direction de tournée Denis Hutchinson
Régie Thabo Pule
Photo John Hogg
Rédaction Fabienne Cabado
Créé à la demande de Gervanne + Matthias Léridon et bénéficiaire du soutien de Tilder
Durée : 1h05
Tarif régulier : 48 $ / 43 $
30 ans et moins /
65 ans et plus : 43 $ / 38 $
Taxes et frais de services inclus
En parallèle
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 24 mai
Production City Theater & Dance Group (Johannesburg) + MIDM - Moving Into Dance Mophatong (Johannesburg) + Damien Valette Prod (Paris)
Coproduction Tilder + City Theatre & Dance Group (Johannesburg) + Biennale de la danse de Lyon + MAC - Maison des Arts de Créteil + Maison de la musique de Nanterre
Salle Ludger-Duvernay du Monument-National
1182, boul. Saint-Laurent
Billetterie : FTA - 514-844-3822 / 1-866-984-3822
Quartier général FTA : 300, boul. de Maisonneuve Est
par Ariane Cloutier
« L'art ne sert à rien, s'il n'est pas en prise avec le réel. »
Robyn Orlin
La réputation de Robyn Orlin en danse contemporaine n’est plus à faire. Depuis les années 80, ses chorégraphies ont remporté de nombreux prix et se sont démarquées par l’originalité de leur forme ainsi que leurs fonds politisés soutenus par un humour décapant. On pense, entre autres, à Daddy, I’ve Seen This Piece Six Times Before and I Still Don’t Know Why They’re Hurting Each Other (1999). Les sujets dont traite Orlin touchent au racisme, à l’apartheid, au sida, à la pauvreté et ses projets s’attaquent aux confrontations sociales tout en proposant un métissage culturel époustouflant. La conceptrice s’intéresse non seulement à la danse, mais aussi au cinéma, au théâtre et à l’art visuel. Cette pluridisciplinarité est tout à fait sensible à travers son œuvre dans laquelle on perçoit les traces et influences de chacun de ces arts.
Avec Beauty remained for just a moment then returned gently to her starting position, Orlin se repositionne comme une créatrice tout à fait de son temps à la recherche de nouvelles inspirations. Parallèlement, en s’associant avec la compagnie Moving into dance Mophatong, elle renoue avec son Johannesburg natal. L’énergie brute et solaire des danseurs imprègne la pièce et crée une joie de vivre qui vient tout de suite nous conquérir. Parmi les performances à l’aspect spontané et participatif des danseurs, se distingue particulièrement celle de la déesse du recyclage ainsi que celle du garçon qui se discute avec Dieu sur Skype. Plus qu’une simple tapisserie visuelle, la projection devient un élément avec lequel les danseurs interagissent tout au long du spectacle, à notre grand amusement.
Qu'est-ce que la beauté? Où se trouve-t-elle? La réponse est partout, car elle dépend de la perception de chacun. Dans un dépotoir, dans la grandeur de la nature, dans une idée indicible de la perfection divine? Orlin démontre avec humour et autodérision le rapport moderne de la beauté au monde concret. Vêtus de costumes superbes fabriqués de matières recyclées (par Marianne Fassler) les personnages du spectacle, telle une tribu, livrent en chant et en danse une performance d’une intensité vivifiante.
Beauty remained for just a moment then returned gently to her starting position a été créé à l’occasion de la Biennale de la danse à Lyon en 2012 et est présenté au FTA à la suite d’une tournée en France. Si vous avez la chance de le voir au passage, vous ne le regretterez pas.