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Festival TransAmériques - 6-7 juin 2013, 20h
So BlueSo Blue
Danse
Un spectacle de Fou glorieux
Concept et chorégraphie Louise Lecavalier
Interprétation Louise Lecavalier + Frédéric Tavernini

Un maelström vous emporte. Lecavalier passe à l’attaque à une vitesse à peine concevable, sur les pulsations viscérales de Mercan Dede, le musicien alchimiste qui fait tourner les derviches jusqu’à la transe. En équilibre sur le fil de sa vie et pourtant parfaitement en contrôle, elle donne sa démesure dans un solo périlleux, dévoilant le feu qui brûle en elle, les abîmes de son âme bleue atomique. En un flux de mouvements vifs comme la pensée, la danseuse devient souffle, énergie, lumière. Puis, sous haute tension, elle se mesure au danseur Frédéric Tavernini dans un duo-duel syncopé, halluciné. Un voyage intense et cathartique. 

Après Is You Me en 2008, suivi du doublé Children et A Few Minutes of Lock, temps fort du FTA en 2010, Louise Lecavalier se lance sans filet dans la chorégraphie et traque le corps jusque dans ses derniers retranchements. Un coup d’essai, un coup d’éclat, un coup de maître. Un must.

Louise Lecavalier s’associe à Édouard Lock en 1981 pour la production d’Oranges et portera haut les couleurs de La La La Human Steps jusqu’en 1999. Ces années d’une rare intensité sont jalonnées d’œuvres devenues mythiques, Human Sex, New Demons, Infante, 2, et de rencontres-chocs : David Bowie, Frank Zappa… Investie corps et âme dans son art, Lecavalier a incarné avec passion une danse extrême, marquant l’imaginaire de toute une génération. Depuis, elle poursuit en solo ou en duo sa recherche sur les possibilités du mouvement, la puissance, l’abandon et le raffinement du corps, mais surtout sur l’essence profondément humaine qui sous-tend nos tentatives d’envol.

Avec sa compagnie au nom éloquent, Fou glorieux, fondée en 2006, elle s’est donnée la liberté d’explorer et de provoquer des rencontres avec des artistes aux visions contrastées, souvent iconoclastes comme Tedd Robinson (Lula and the Sailor, Cobalt rouge), Benoît Lachambre (I Is Memory et Is You Me, FTA 2008), Crystal Pite (Lone Epic) ou Nigel Charnock (Children). Après le doublé Children et A Few Minutes of Lock présenté au FTA 2010 et aux quatre coins du monde, elle impose sa couleur chorégraphique avec So Blue. Dans cette nouvelle étape charnière d’une longue et fabuleuse aventure de « travailleuse de la danse », elle est secondée par France Bruyère, son assistante artistique et collaboratrice de longue date, et entourée du danseur et chorégraphe français Frédéric Tavernini, Montréalais d’adoption, son ancien partenaire dans Cobalt rouge de Tedd Robinson.


Section vidéo
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Assistante à la chorégraphie et répétitrice France Bruyère
Lumières Alain Lortie
Musique Mercan Dede
Musique additionnelle Normand-Pierre Bilodeau + Daft Punk + Meiko Kaji
Remixage Normand-Pierre Bilodeau + Philippe Dupeyroux
Costumes Yso
Photo André Cornellier
Rédaction Anne Viau

Résidence de création Szene Salzbourg

Création au tanzhaus nrw, Düsseldorf, le 7 décembre 2012

Durée : 1h

Tarif régulier :
58 $ / 53 $ / 48 $ / 43 $
30 ans et moins /
65 ans et plus :
53 $ / 48 $ / 43 $ / 38 $
Taxes et frais de services inclus

En parallèle
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 7 juin

Coproduction Festival TransAmériques + tanzhaus nrw (Düsseldorf) + Théâtre de la Ville (Paris) + Hellerau (Dresde) + Centre National des Arts (Ottawa)


FTAThéâtre Maisonneuve
Place des Arts
Billetterie : FTA - 514-844-3822 / 1-866-984-3822
Quartier général FTA : 300, boul. de Maisonneuve Est

 
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 Critique
Critique

par Geneviève Germain


Crédit photo : André Cornellier

Si ce n’était de son impressionnante virtuosité, on ne saurait deviner que Louise Lecavalier a passé le cap de la cinquantaine. Dans son interprétation de So Blue, sa première chorégraphie officielle, la muse d’Édouard Lock et ancienne danseuse étoile de La La La Human Steps nous rappelle pourquoi elle s’est hissée au statut d’icône de la danse contemporaine québécoise et internationale. Démesurément rapide, précise et énergique, elle habite la scène de façon magistrale.

Au son de la musique de Mercan Dede, on ne sait plus si Louise Lecavalier vibre en suivant les nombreuses percussions de la trame ou si c’est elle qui dicte le rythme, tant elle le transcende. Usant chaque fibre de son corps, elle démontre toute sa puissance avec une fougue qui nous fige dans nos sièges : on guette ses prochains mouvements, ses prochains pas. Son anatomie pulse en suivant un dessein qui nous est inconnu. Même dans les moments où la musique s’arrête, son souffle continue de battre le tempo. En équilibre sur ses bras et sa tête, les pieds en hauteur, elle demeure en contrôle pendant de longues minutes, dévoilant son abdomen qui respire amplement, un rare instant de lenteur qui pourtant captive tout autant.

Sur la scène dénudée, son solo fascine. L’éclairage demeure simple et cède la place à tout le talent de l’artiste. Découlant de longues heures d’improvisation, son interprétation est sentie et poignante, sa concentration est constante.

La deuxième partie de la présentation met en scène son duo avec le danseur français Frédéric Tavernini où les mouvements vigoureux de la danseuse contrastent avec ceux plus souples de son partenaire. Alors qu’ils s’accompagnent sans se toucher, on demeure dans l’attente d’un réel contact entre les deux, on suit leur progression. Quand enfin leurs corps se heurtent, leur duo/duel devient absolument enlevant. Leur rapidité d’exécution étonne et leur complémentarité fascine. Lui est grand et agile, elle est petite et vive. Ensemble, leurs mouvements s’additionnent pour créer une équation exponentielle. Les bras de l’un soulignent les élans de l’autre. Leurs roulades, tirées et poussées sont franches et semblent infinies. Chacun offre son soutien à l’autre alors qu’ils semblent s’appuyer tout en se confrontant.

L’ovation interminable du public à la fin de la présentation confirme que le talent de Louise Lecavalier ne vieillit pas. La danseuse réussit toujours à éclairer la scène par son charisme et sa grande maîtrise de la danse contemporaine.  

07-06-2013