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Festival TransAmériques - 24 et 25 mai 2013, 21h, 26 mai 2013, 19h
Yellow TowelYellow Towel
Danse
Un spectacle de Band of Bless
Chorégraphie, interprétation, scénographie et costumes Dana Michel

Enfant, Dana Michel coiffait ses cheveux d’une serviette jaune pour ressembler aux blondinettes de son école. Adulte, elle revisite le monde imaginaire de son altérité dans un rituel performatif sans fard et sans censure. Entre gravité et bouffonnerie, elle creuse des stéréotypes de la culture noire et les détourne pour voir si elle s’y trouve. Patiemment, elle laisse surgir de ses mémoires profondes une créature étrange qu’on apprivoise en même temps qu’elle. Lente et déroutante métamorphose qu’on suit avec fascination.

D’abord marquée par l’esthétique de la mode et du vidéoclip, les cultures queer et la comédie, Dana Michel est vite sortie du lot de la relève en danse. Avec Yellow Towel, qu’elle a mûri à Vienne, Bruxelles, New York et Toronto, elle explore de nouveaux territoires de création et s’affirme résolument comme une artiste à suivre. Une figure du Montréal underground à découvrir.

Originaire d’Ottawa, Dana Michel passe du marketing à la danse à 25 ans via la fréquentation des raves. Ex-sportive professionnelle, cette diplômée en création chorégraphique de l’Université Concordia baptisera sa compagnie Band of Bless, en référence aux blessures physiques et émotives qui inspirent son travail. En 2005, the greater the weight marque son entrée sur la scène professionnelle et lui rapporte un prix. L’année suivante, The Globe and Mail la sacre « Meilleure chorégraphe émergente ». Classée trois ans de suite dans le Top 10 du Mirror, elle a déjà présenté son travail dans six pays d’Europe et d’Amérique du Nord

Les lieux atypiques des évènements du collectif Wants&Needs (Short&Sweet, FTA 2011) qui la révèlent au public cadrent bien avec sa marginalité, et ses questionnements sur la codification des genres et sur la dualité sexuelle. Ses premières œuvres traitent d’androgynie, d’hypersexualisation ou de machisme.Elles sont caractérisées par un travail marqué du bassin et une gestuelle athlétique, des collaborations avec des musiciens de la scène électro tels que Ghislain Poirier et Yelle, et reflètent son goût pour l’esthétique hyper stylisée des vidéoclips. Également assistante à la réalisation, dramaturge et interprète d’une des premières installations vidéo de la Place des Arts, elle explore de nouveaux territoires avec la danse plus intériorisée et minimalistede Yellow Towel.


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Conseillers artistiques Ivo Dimchev + Peter James + Antonija Livingstone + Manolis Tsipos
Photo Maxyme G. Delisle
Rédaction Fabienne Cabado

Création mondiale au Festival TransAmériques, le 24 mai 2013

Durée : 1h

Tarif régulier : 28 $
30 ans et moins /
65 ans et plus : 23 $
Taxes et frais de services inclus

Production City Theater & Dance Group (Johannesburg) + MIDM - Moving Into Dance Mophatong (Johannesburg) + Damien Valette Prod (Paris)

Coproduction Festival TransAmériques + Studio 303
Résidences de création Compagnie Marie Chouinard + the MAI + Le Chien Perdu (Bruxelles) + Usine C + Circuit-Est centre chorégraphique + Studio 303
Avec le soutien du Programme d’Action Culturelle du Cirque du Soleil + MAI
Présentation en collaboration avec Monument-National


FTAStudio Hydro-Québec du Monument-National
1182, boul. Saint-Laurent
Billetterie : FTA - 514-844-3822 / 1-866-984-3822
Quartier général FTA : 300, boul. de Maisonneuve Est

 
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 Critique
Critique

par Ariane Cloutier


Crédit photo : Maxyme G. Delisle

Au Studio Hydro-Québec du Monument-National, Dana Michel nous présente une performance révolutionnaire qui ferait paraître un spectacle de Dave St-Pierre très accessible. Avec Yellow Towel, elle désamorce toutes nos connaissances de la danse à travers une expérience ressentie très viscérale.

Le titre est basé sur une expérience personnelle selon laquelle, étant jeune, la chorégraphe se plaçait une serviette jaune sur la tête pour s’imaginer arborant une longue chevelure blonde plutôt que ses cheveux crépus noirs. La prestation possède également un traitement extrêmement intime qui nous invite à découvrir les régions plus profondes, voire subconscientes, de l’humain. De la pièce émerge cette impression de jeu, d’imitation, ainsi qu’un comportement spontané typique aux jeunes enfants ou aux gens atteint de troubles psychologiques et moteurs. Par des mouvements infiniment décortiqués, parfois répétitifs et saccadés, la chorégraphe et interprète nous livre un propos disloqué. Si quelques emprunts sont faits aux techniques de locking and popping, les mouvements de Dana Michel sont empreints d’une singularité surprenante. Elle donne l’impression d’être un androïde extra-terrestre, essayant d’imiter le comportement humain avec tous les courts-circuits, erreurs de programmation et dysfonctionnements imaginables.

À la gestuelle s’ajoutent des sons et des mots parfois égrainés avec la discordance d’un disque qui saute, parfois débités dans un flot radiophonique. Ces paroles sont extraites d’un poème à l’origine du travail de l’artiste sur cette pièce. De ce point advient une tournure plus narrative et humoristique. Dana Michel évoque une enfant réinterprétant des émissions vues à la télévision avec inventivité et en se servant de tout ce qui lui tombe sous la main, d’où l’utilisation de plusieurs accessoires souvent alimentaires et toujours très texturés. La musique n’arrivera à la rescousse de la danseuse qu’aux deux tiers du spectacle, nous donnant enfin un point d’ancrage commun au monde du spectacle. Dana Michel nous offre un personnage asexué, brut et pas nécessairement gracieux au sens classique du terme, mais avec une générosité admirable.

Le public fut très réceptif le soir de la première envers cette exécution courageuse, mais certains ont semblé bouche bée devant l’inconnu. S’il faut apprendre à interpréter ce nouveau langage abstrait, simultanément, Dana Michel vient chercher une substance tout à fait primale à l’humain, dans laquelle on se retrouve aisément. Les premiers spectateurs des œuvres de Jackson Pollock devaient avoir un sentiment similaire; l’impression de contempler l’explosion d’un incroyable nouveau mouvement.

25-05-2013