Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Festival TransAmériques - 7 et 8 juin 2017, 20h
Caída del cielo
Danse
Chorégraphie et direction musicale Rocío Molina
Dramaturgie, mise en scène et création lumières Carlos Marquerie
Idéation Carlos Marquerie + Rocío Molina
Interprétation Rocío Molina + Eduardo Trassierra (Guitares) + José Ángel Carmona (Chant et basse électrique) + José Manuel Ramos “Oruco” (Compás et percussions) + Pablo Martín Jones (Percussions et musique électronique)

Étoile frondeuse de la nouvelle scène flamenca, la chorégraphe espagnole Rocío Molina prend les commandes d’une pièce subversive et ébouriffante. Mêlant un flamenco virtuose et non domestiqué au concert rock et même à la performance, elle fait exploser les conventions pour plonger dans les entrailles féminines d’un monde sensuel et exubérant.

Cordes sèches, chant a capella, distorsion. Rocío Molina est aussi leste dans ses volutes qu’impitoyable dans le martèlement des talons. Dans sa robe-chrysalide, elle rampe en territoires inconnus et conquiert le sol en silence. Debout, elle abolit les genres et devient toréro harnaché, flirte avec le cabaret et défie ses musiciens dans un duel jubilatoire. À bout de souffle, baignée de terre et de sang, la diablesse tient tête au flamenco. Du jamais vu. Une danse puissante, transgressive et indocile.

Rocío Molina (Séville)

Née en Andalousie en 1984, près de Malaga, Rocío Molina, jeune prodige de la nouvelle scène flamenca, danse depuis l’âge de trois ans.


Section vidéo


Musique originale Eduardo Trassierra avec la collaboration de José Ángel Carmona + Pablo Martín Jones + José Manuel Ramos “Oruco”
Costumes Cecilia Molano
Rédaction Jessie Mill
Photo djfrat

Durée : 1 h 30

7 juin / Rencontre après la représentation

Création au Théâtre National de Chaillot, Paris, le 3 novembre 2016

Un spectacle de Danza Molina S.L.

Coproduction Chaillot – Théâtre National de la danse (Paris)
Avec le soutien de INAEM

Présentation Infopresse en collaboration avec Monument-National


FTASalle Ludger-Duvernay du Monument-National
1182 Boul St-Laurent
Billetterie : En ligne : fta.ca
Par téléphone 514 844 3822 / 1 866 984 3822
En personne :
La Vitrine, billetterie officielle du FTA* - 2, rue Sainte-Catherine Est (métro Saint-Laurent)
*En personne, les billets pour les spectacles présentés à la Place des Arts ne sont pas en vente à La Vitrine, mais exclusivement à la PDA.

______________________________________
            
Critique

Crédit photo : djfrat

Acclamé sur de nombreuses scènes internationales depuis sa création au Théâtre national de Chaillot (Paris) en novembre dernier, Caída del cielo, le nouveau spectacle de la danseuse de flamenco Rocío Molina, a subjugué mercredi soir le public lors de sa présentation au Monument-National, dans le cadre du FTA.

Précédée par sa réputation de star de la nouvelle scène flamenca, Rocío Molina est arrivée en terrain conquis dans la belle salle Ludger-Duvernay. Et c’est devant un public frémissant d’envie qu’elle s’est lancée, avec ses quatre musiciens, dans la représentation de Caída del cielo (Tombée du ciel), patchwork de séquences dansées et chantées aux atmosphères multiples. Ce n’est pourtant pas l’interprète et chorégraphe qui prend d’abord la lumière, mais ses complices, seuls en scène – un guitariste, un batteur, deux chanteurs de flamenco – nous plongeant dans l’ambiance d’un concert de rock. Comme une façon d’affirmer la pluridisciplinarité du spectacle, avant de laisser place à l’étoile.

Sirène immaculée en robe à traîne et volants, se mouvant très lentement sous une lune gigantesque projetée sur un écran, Rocío Molina impose sa présence magnétique et son corps vif dans un silence total. Le contraste avec l’entame est manifeste, et l’on retrouve d’ailleurs le thème de la rupture tout au long du spectacle. Pendant une heure et demie, les scènes se suivent et ne se ressemblent pas. De virginale et pure, l’Andalouse se fait torera sulfureuse, dans une pièce comique intégrant des accessoires SM et des paquets de croustilles. Japonisante en kimono et bâton d’art martial, elle sera aussi fragile en simples sous-vêtements de coton, mutine et bondissante comme un faune, habillée de fleurs et fruits, théâtrale en robe du soir violine. Caída del cielo atteint assurément son climax lorsque, enveloppée dans une jupe en matière plastique, la danseuse trempe le bas de son corps dans de la peinture noire et commence à évoluer au sol. Frontalement, la scène est sensuelle et animale. Vue d’en haut, car filmée en direct par une caméra zénithale, elle est d’une beauté picturale.

C’est là qu’apparaissent tout le talent et le travail du directeur artistique Carlos Marquerie, fidèle collaborateur de Rocío Molina depuis 2009. Dans ce bijou de flamenco moderne, des lumières aux chants et sons, tout est réfléchi, calibré, maitrisé. Mais l’interaction permanente entre la danseuse et ses musiciens, qui se déplacent, la taquinent, l’habillent et la déshabillent, confère au spectacle une spontanéité précieuse. La chorégraphe l’a ainsi confirmé en interview : de toutes ses œuvres, Caída del cielo est « la moins chorégraphiée, celle qui laisse la plus grande liberté d’interprétation. » Quant à la danse elle-même, puisque c’est tout de même de cela qu’il s’agit, elle puise à la source du flamenco traditionnel autant qu’elle s’imprègne de la gestuelle contemporaine. Et la rencontre fait des étincelles. Multipliant les passages au sol, peu courant dans son art, Rocío Molina alterne le doux et le flamboyant, le classique et le moderne, ce qui rend les passages de flamenco pur, où la danseuse répond aux notes du chanteur, plus jouissifs encore. Ce FTA 2017 ne pouvait rêver plus beau final.

08-06-2017