Et si tous ces boutons sur lesquels appuyer, ces connexions mystérieuses qui s’établissent, ces infimes déclencheurs, constituaient le fil d’un spectacle ? Voilà le pari saugrenu relevé par l’épatant Bureau de l’APA, collectif qui nous a éberlués avec La Jeune-Fille et la mort en 2013. À l’ère des créations multimédias sursophistiquées, place aux plaisirs candides du bric-à-brac et de la déconstruction.
Un geste aussi banal que d’enfoncer un bouton devient le sujet inusité d’un cabaret éclectique dans lequel musique, poésie, science, technologie et magie cohabitent. De l’interrupteur à la gâchette, de la sonnette au disjoncteur, le détonateur détermine notre univers. Mais quels étranges chemins parcourent ces connexions ? Le Bureau de l’APA mène l’enquête à sa façon, forcément savante et désopilante, en réunissant programmeurs, artistes et Dj dans un happening théâtral dont lui seul possède la clé. Le bouton comme moteur d’engagement, comme vecteur de changement. Le piton dans tous ses états.
Bureau de l'APA (Québec)
Imaginé par le performeur, concepteur et musicien Simon Drouin, et par l’écrivaine et performeuse Laurence Brunelle-Côté, le Bureau de l’APA voit le jour à Québec en 2001.
Section vidéo
Costumes Piotr Skiba
Arrangements musicaux Bogumił Misala
Rédaction Diane Jean
Photo Marion Gotti
Durée : 1 h 20
2 juin / Rencontre après la représentation
Création au Mois Multi, Québec, le 2 février 2017
Coproduction Festival TransAmériques + Productions Recto-Verso (Québec)
Avec le soutien de Entente de développement culturel – Ville de Québec + Programme de résidence des Productions Recto-Verso + Espace Libre
Ce spectacle s’inscrit dans le Printemps numérique 2017 de Montréal.
critique publiée lors de la création en mars 2017
Fondé par Laurence Brunelle-Côté, écrivaine, performeuse et conceptrice, et Simon Drouin, performeur, concepteur et musicien (que l’on connait plus précisément par sa participation au sein de l’Orchestre d’hommes orchestre), le Bureau de l’APA se définit comme un bricolage indiscipliné d’arts vivants permettant la rencontre de créateurs de tous horizons autour de projets artistiques atypiques. Entrez nous sommes ouverts s’inscrit donc parfaitement dans cette zone, mélange touffu de performance artistique, de musique, de projection et de théâtre.
La création explore les connexions et leurs effets : que ce soit des connexions physiques, virtuelles, électriques, toutes déclenchent une réaction, parfois en effet domino. Sur scène, Simon Drouin est rejoint par Frédéric Auger, Jasmin Cloutier, Julie Cloutier Delorme, Danya Ortmann et Ludovic Fouquet, dont le rôle est littéralement de suer le plus possible pendant toute la performance. Alors que ses compères multiplient les connexions au milieu d’un capharnaüm d’objets tous plus hétéroclites les uns que les autres, dans l’esthétique typique du Bureau de l’APA, Fouquet danse, saute, s’enveloppe de papier cellophane et s’efforce d’accumuler suffisamment de sueurs pour déclencher la connexion finale du spectacle.
Le tout est dense, et le spectateur ne peut se rattacher à un fil narratif pour comprendre la réflexion des concepteurs – cela ne veut pas dire qu’il ne prend pas plaisir aux multiples inventions qui s’offrent à lui, bidules colorés et inattendus, le sortant de sa zone de confort. On se doit d’assister à cette performance les yeux, les oreilles et l’esprit bien ouverts et accepter de suivre ces artistes qui savent exactement où ils vont.