Une créature férocement sexy, talons de 15 centimètres, body de dentelle. Elle se déhanche sur la pop de Janet Jackson, vous invite à quitter votre place, à vous approcher. Dans ce lieu de tous les possibles, seule la loi du désir s’applique. Sans pudeur, sans tabous, Gerard Reyes s’offre à vous. Striptease, bondage, voguing.
Il a appris le voguing auprès des maîtres Javier Ninja et Amazon Leiomy. Il a frayé dans des bars pour transgenres montréalais et fréquenté les nuits illicites de l’underground berlinois. Pour son premier spectacle, ce splendide interprète, longtemps associé à Marie Chouinard, s’affranchit des règles de la danse contemporaine. Reyes entraîne le spectateur-voyeur dans une ambiance érotique et flamboyante, où le corps du danseur s’exhibe pour un public averti devenu partenaire d’un jeu transgressif et libérateur. Les conventions s’évanouissent, les hiérarchies s’écroulent. Reste l’expérience, joyeuse, enivrante. Humaine.
Gerard Reyes (Montréal)
Chorégraphe hors-norme, interprète rigoureux, présence incandescente, né à Toronto de parents uruguayens, Gerard Reyes a œuvré auprès de créateurs majeurs : Benoit Lachambre, Bill T. Jones, Luther Brown, Noémie Lafrance.
Section vidéo
Musique et remix Devon Bate + Ty Harper sur la musique de Janet Jackson
Lumières Karine Gauthier
Costumes et confection Vincent Tiley + Leigh Gallim
Maquillages Jasmin Goldstein
Casque Persona non Grata
Conseil artistique Archie Burnett + Jordan Hall + Isabelle Hanikamu + Benoît Lachambre + Amazon Leiomy + Matjash Mrozewski + Javier Ninja + Steven Serels + Ami Shulman + Jose Xtravaganza
Rédaction Diane Jean
Photo
Durée : 1h
2 juin / Rencontre après la représentation
Création au Théâtre La Chapelle, Montréal, le 15 septembre 2015
Partys au QG
Hardcore ou vanille, glamour ou sans fard, queer ou straight, dans la norme ou dans la marge. Une nuit folle où tous les extrêmes sont bienvenus.
Commissaire Gerard Reyes
Dj Jaymie Silk
Atelier de danse
Les ateliers TransFormation proposent une incursion rare et intimiste au cœur de la démarche artistique de quelques chorégraphes, offrant une compréhension approfondie de leur travail.
Un spectacle de Gerard Reyes
Avec le soutien de New York State Council On The Arts (NYSCA) + Hollins University Summer Program (Francfort) + Antenne du Québec à Berlin + Délégation générale du Québec à Bruxelles + Délégation générale du Québec à Paris
Résidences artistiques MAI – Montréal arts interculturels + The Door (New York) + The Spectrum (New York) + Tanzfabrik (Berlin) + Studio Mange mes pieds + Dancemakers (Toronto) + Danse à la carte
Présentation Fugues en collaboration avec Monument-National
Studio Hydro-Québec du Monument-National
1182 Boul St-Laurent
Billetterie : En ligne : fta.ca
Par téléphone
514 844 3822 / 1 866 984 3822
En personne :
La Vitrine, billetterie officielle du FTA* -
2, rue Sainte-Catherine Est (métro Saint-Laurent)
*En personne, les billets pour les spectacles présentés à la Place des Arts ne sont pas en vente à La Vitrine, mais exclusivement à la PDA.
Interprète reconnu en danse contemporaine et membre pendant sept ans de la Compagnie Marie Chouinard, Gerard Reyes est devenu l’une des figures de proue de la scène voguing montréalaise. Pour son premier spectacle, créé à la Chapelle en 2015 et présenté en ce moment au FTA, il souhaitait faire exploser les frontières séparant traditionnellement les spectateurs et le performeur. The Principle of Pleasure, bien qu’atypique, s’apparente hélas à une vaste entreprise narcissique, qui ne séduira qu’un public averti.
On avait pourtant envie de l’aimer, cette performance « hors catégories », faisant se rencontrer le voguing et le striptease. Et cela démarrait plutôt bien : postée sur un balcon métallique, une silhouette perchée sur de hauts talons descend sensuellement jusqu’à la scène. La pénombre est de mise, la bande-son sexy, et le résultat à la hauteur du teasing lorsque le plateau s’éclaire. Pour ce solo, Gerard Reyes a revêtu un plastron de strass et une combinaison intégrale largement ajourée, qui ne cache rien de son anatomie. Ce corps, aussi féminin que masculin, magnifiquement sculpté, aimante le regard. Le chorégraphe semble l’offrir à son public, ondulant devant deux miroirs sur pied multipliant les angles de vue, et c’est autour de lui que va tourner toute la performance.
Le public, cependant, ne va pas s’en tirer comme ça, et du rôle confortable du voyeur se retrouve propulsé acteur. Invités sans un mot par l’interprète, pénétré par son personnage, à descendre sur la scène, les spectateurs se transforment en partenaires, qu’ils le veuillent… ou non. Pour une lapdance langoureuse incluant une initiation au bondage, ou pour une séance de danse collé-serré, Gerard Reyes choisit dans l’assistance ses camarades de jeu, teste leur audace et leurs limites, mais place de fait son public dans une position délicate, entre amusement et appréhension de se retrouver sous le feu des projecteurs. Surtout, malgré les superbes arrangements musicaux de Devon Bate, ode à Janet Jackson, et des choix de lumière judicieux, l’ennui pointe lors des changements de costumes du maitre de cérémonie. Ce n’est que lorsque Reyes revient à du traditionnel voguing - qu’il enseigne lui-même depuis plusieurs années - multipliant les poses en rythme, que The Principle of Pleasure décolle. Pour une pièce visant à libérer le spectateur dans sa recherche du plaisir, la jouissance est un peu courte.
À l’évidence, Gerard Reyes sait chambouler son public et le sortir de sa zone de confort, comme il s’extraie à merveille des codes de la représentation. Une fois n’est pas coutume, la prise de photos et de vidéos est fortement recommandée pendant la pièce, tout comme l’identification sur les réseaux sociaux. L’artiste l’a expliqué en interview, son premier spectacle lui a permis de s’affirmer en tant qu’homme gai sur la scène contemporaine. Il aime Janet Jackson, il aime porter des talons, il a un corps sublime. Il en a donc fait un spectacle. Pas sûr que cela plaise à un large public, et ce n’est sans doute pas le but. Du côté de l’expérience sortant des sentiers battus, en revanche, l’objectif est pleinement atteint.
critique publiée lors de la présentation du spectacle en septembre 2015
Une approche crue de l’art de la contorsion : c’est ce que propose Andréane Leclerc avec Mange-moi, qui mêle danse contemporaine et contorsion. En se tordant, nue, sur de lancinantes notes de piano macabres, l’artiste expose son corps loin du glamour du spectacle de cirque, mais dans toute sa réalité, corporelle, sexuelle. Mais au-delà de cette réalité, on attend peut-être un peu de magie, de spectacle… qui ne vient pas. On regarde, fasciné et parfois horrifié, la colonne vertébrale s’enrouler, les pieds encadrer le visage et les muscles se plier.
Il y a deux autres femmes en robes noires sur la scène, l’une au piano, de dos, l’autre assise sur une chaise, mais on ne les voit pas. Le regard du spectateur-voyeur est fixé sur ce corps, à la fois humain dans sa simplicité et sa nudité, et inhumain dans ses contorsions. C’en est presque glauque, mais c’est justement la réalité voulue du spectacle. La performance est (trop) courte - une trentaine de minutes - : l’artiste s’habille en tenue de scène, se déshabille en dansant, se rhabille avec les vêtements d’une autre. Trois petits tours et puis s’en va.
Mange-moi - crédit photo Svetla Atanasova |
The Principle of Pleasure - crédit photo Alejandro Santiago |
S’ensuit The Principle of Pleasure, de Gérard Reyes. Le chorégraphe, qui maîtrise chacun de ses mouvements à la perfection, transforme la salle en bar underground : au milieu des lumières blanches et rythmées, sur une bande-son composée de Janet Jackson remixée, il amène le public sur la scène. Et là, il se lâche. Entre danse, effeuillage et voguing, pas toujours facile à suivre, il bouge sans s’arrêter entre deux grands miroirs - le plaisir, c’est aussi de se regarder évoluer. Le public est invité à le filmer, le prendre en photo, à interagir.
Il y a des mouvements de foule, on bouge autour du danseur pour suivre son solo - parfois, on ne voit rien, à cause de la semi-obscurité ou d’un spectateur trop grand. Gérard Reyes lance des oeillades aguichantes, frenche un jeune homme après l’avoir ligoté sur une chaise, entraîne une personne du public dans une danse très rapprochée, puis en allonge une autre sur le sol. Et s’il prend plaisir à toucher des corps inconnus, c’est peut-être moins le cas pour certains spectateurs, insérés malgré eux dans le spectacle.