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Festival TransAmériques - Du 27 au 29 mai 2017, 18h
SPOON
Danse
Un spectacle de Nicolas Cantin
Interprétation Fiona Chevarier + Gaïa Won de Jong

Elles s’appellent Gaïa et Fiona, elles ont 8 et 11 ans. Elles sont sur scène, mais se moquent bien des règles du spectacle. Elles ne les connaissent pas. Elles font surgir la lumière au travers du rideau comme une vérité qui bouleverse notre rapport au monde. Leur jeu s’incarne avec fragilité. Qu’ont-elles à nous révéler ?

Avec SPOON, Nicolas Cantin esquisse le dernier portrait d’un triptyque qui, avec CHEESE (2013) et Klumzy (FTA, 2014), présente la mémoire et l’imaginaire d’interprètes de différentes générations. À travers ces trois tableaux, autant de perspectives sur l’intime : une série en forme de poupée gigogne qui s’approche au plus près de l’enfance jusqu’à en atteindre le cœur indivisible, dense et précieux. La présence forte de Gaïa et de Fiona efface toute nostalgie, se dérobe à toute chorégraphie. Leurs gestes spontanés convoquent directement la vie sur scène, simple et brute.

Nicolas Cantin (Montréal)

Nicolas Cantin est un artiste inclassable. Après un passage au Conservatoire d’art dramatique d’Avignon, il étudie l’art du clown et le jeu masqué.


Section vidéo


Complicité artistique Katya Montaignac
Lumières Karine Gauthier
Rédaction Mylène Joly
Photo Nicolas Cantin

Durée : 50 minutes

28 mai / Rencontre après la représentation

Création au Festival TransAmériques, Montréal, le 29 mai 2017

Production Nicolas Cantin + Daniel Léveillé Danse

Coproduction Festival TransAmériques + La Chapelle Scènes Contemporaines
Accueil résidence et codiffusion La Chapelle Scènes Contemporaines


FTALa Chapelle, scènes contemporaines
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : En ligne : fta.ca
Par téléphone 514 844 3822 / 1 866 984 3822
En personne :
La Vitrine, billetterie officielle du FTA* - 2, rue Sainte-Catherine Est (métro Saint-Laurent)
*En personne, les billets pour les spectacles présentés à la Place des Arts ne sont pas en vente à La Vitrine, mais exclusivement à la PDA.

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Critique

Avec SPOON, l’artiste montréalais Nicolas Cantin arrive à la fin d’un cycle où il recherchait la vérité en création. Au cours des dernières années, il a ainsi travaillé avec une septuagénaire, une trentenaire pour finalement s’approcher d’encore plus près de cette vérité en scène, de cet instant vrai où la vie réelle se retrouve soudain dans la boîte du théâtre.


Crédit photo : Nicolas Cantin

Devant public, enfants comme adultes jouent un rôle ou, quand on leur demande d’agir naturellement, jouent à être eux-mêmes… Alors qu’en grandissant, on développe une telle conscience de soi qu’il devient quasi impossible de s’oublier totalement, l’enfant parvient encore à se retirer de ce qui l’entoure pour s’absenter de lui et du monde, redevenir pleinement vrai.

Pour toucher à cette vérité et éviter de voir les deux enfants en scène (touchantes de simplicité Gaïa Won de Jong et Fiona Chevarier) perdre cette vérité qu’elles ne se savent pas connaître, Cantin a pris le parti de leur fournir un cadre et de les laisser se réinventer à l’intérieur. Pari réussi? Si le canevas finit toujours par transparaître dans l’enchaînement d’actions exécutées ou dans quelques interventions au micro, dans l’ensemble, SPOON donne à voir de réjouissants moments d’enfance presque spontanés, de ces jeux sans but véritable aux gestes posés dans un instant de désoeuvrement. La beauté de cette spontanéité se ressent plus fortement dans l’un des premiers jeux. L’une des fillettes mène alors l’action en posant des gestes que l’autre s’empresse d’imiter. Le tableau, certes longuet, expose toutefois parfaitement la quête de l’artiste qui, contraint à imiter la réalité, y perd la grâce et la beauté du geste exempt de tout calcul ou de toute préméditation.

Évitant complètement le piège du spectacle d’adulte mettant en scène des enfants, et ne versant à aucun moment dans le spectacle pour enfants, SPOON se présente comme un hybride étrange dans lequel on sent parfois la main de l’adulte, mais dans lequel on ne voit que l’univers de l’enfance. Dans les jeux des deux fillettes transparaissent la candeur et la fragilité de l’humain, sa respiration posée quand soudain, il cesse de s’agiter et écoute le monde tourner autour de lui. C’est cette part de solitude et de liberté que Cantin réussit le mieux à faire vivre dans cette création où il invite les spectateurs à s’assoir un instant pour profiter très simplement d’un instant de vie quand on ne cherche pas à la contrôler.

28-05-2017