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Nos ghettos
FTA 2018
MUSIQUE - THÉÂTRE
2, 3, 4, 5, et 6 juin 2018, 19h
3 juin 2018, 15h

Une ahurissante dérive urbaine au coin de la rue Bélanger et de la 2e Avenue. Un brûlot féroce pour massacrer nos vœux pieux du vivre-ensemble.

Comme beaucoup, Jean-François aimerait croire au vivre-ensemble. À travers cet alter ego pétri des petites lâchetés ordinaires de la classe moyenne, l’acteur et auteur J-F Nadeau, accompagné d’une poupée hideuse et emporté par la musique funk et férocement moqueuse de Stéfan Boucher, nous entraîne dans une ahurissante dérive urbaine. Sur un bout de rue à deux pas de chez lui, il apprend à la dure que le racisme est bien insignifiant à côté de l’indifférence érigée en règle première de la paix sociale.

S’inspirant de la psychogéographie, qui interroge l’effet du milieu sur l’individu, Nadeau et Boucher décortiquent avec un ludisme sauvage le tronçon commercial de la rue Bélanger à l’angle de la 2e Avenue, où des commerces Montréalais de cultures diverses se côtoient dans une inébranlable ignorance mutuelle. Proféré dans une langue spectaculairement rythmée, voici un brûlot pour massacrer nos vœux pieux.


Texte J-F Nadeau
Mise en scène Stéfan Boucher, J-F Nadeau
Interprétation J-F Nadeau, Stéfan Boucher, Olivier Landry-Gagnon


Crédits supplémentaires et autres informations

Musique flone : Stéfan Boucher, Olivier Landry-Gagnon
Voix Gisèle Kayembe
Décor Jonas V. Bouchard
Costumes et accessoires Elen Ewing
Lumières et régie Jeanne Fortin-L.
Vidéo Geneviève Albert
Regard extérieur Madeleine Péloquin
Conseils Jean-Philippe Pleau, Marie-Sophie Banville
Direction technique Martin Mantha
Direction de production Rachel Gamache
Rédaction Paul Lefebvre
Traduction Neil Kroetsch
Photo

Durée 1h30

Rencontre après la représentation du 3 juin 19h

Création au Festival TransAmériques, Montréal, le 2 juin 2018

Un spectacle de La Tourbière
Coproduction Festival TransAmériques
Présentation en collaboration avec Centre du Théâtre d’Aujourd’hui


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Critique disponible
            
Critique

Nouvelle collaboration de Jean-François Nadeau et de Stéfan Boucher, après l’inclassable Tungstène de bile, Nos ghettos touche du doigt au sacro-saint vivre ensemble qui, bien souvent, se traduit par une cohabitation au mieux indifférente, « toutes couleurs désunies », entre personnes de différentes origines culturelles et sociales.


Crédit photo : Patrice Lamoureu

Du pain, du fromage en tranches, de la soupe aux pois, c’est pourtant tout ce que veut trouver Jean-François Nadeau lorsque, par manque d’autres options, il s’enfonce dans ce qu’il appelle le mini ghetto, autour de Bélanger et de la 2e Avenue. Sorte de no man’s land au confluent des arrondissements Villeray, Saint-Michel et Rosemont, des commerces chinois, québécois, guatémaltèques, haïtiens s’y côtoient sans jamais se rencontrer.

Dans ce ghetto apatride, Nadeau se donne comme mission de franchir les frontières invisibles et de pousser la porte de commerces où lui, Québécois blanc francophone de classe moyenne plutôt à gauche, ne met ordinairement jamais les pieds. Dans la petite salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui, où la pièce reprendra l’affiche à l’automne, de multiples éléments de décor, qui servent aussi de surfaces de projection, la console vidéo, la régie et les instruments de musique de Stéfan Boucher créent un véritable encombrement de l’espace. Massive, la scénographie bouche les horizons, malgré les nombreuses portes et fenêtres ouvertes ou fermées, et participe involontairement à l’impression de trop-plein que dégage le spectacle.

Nadeau mène pourtant habilement sa barque, tel un Ulysse avançant en territoires inconnus, guidé par la seule envie de rentrer chez lui après toutes ses aventures. Mais son récit, justement, aurait bénéficié de plus d’espace pour respirer. Nos ghettos tient un propos plus que pertinent à l’heure actuelle sur une tendance au laisser-vivre qui favorise un communautarisme au détriment d’une communauté d’échange et de partage, mais la réflexion qu’elle porte se retrouve débordée par des effets scéniques pas toujours utiles, des déplacements de décor qui en ralentissent la progression et un enchevêtrement de bonnes idées (la poupée qui fait office de « ça » contrôlant, par exemple) qui, toutes ensemble, diluent l’appel pressant à l’ouverture et à la discussion de part et d’autre.

De la clinique médicale 3000 à la Maison Gloria (où on vend aussi bien des légumes que des perruques), du dépanneur Wow à une obscure pizzéria, en passant par une église baptiste et un magasin d’électronique où personne n’entre jamais, Nadeau et Boucher nous font découvrir une faune étrange qu’il n’est pas facile d’apprivoiser. Ils nous parlent aussi d’un collectivisme qui se mue en individualisme démobilisé, quand on cesse d’essayer de connaître ses voisins. Malgré l’état de situation sombre qu’il peint, Nos ghettos propose de s’intéresser véritablement aux gens pour abattre ces murs que l’on dresse tous les jours autour de nous. Reste à voir si le spectacle pourra lui-même offrir un peu plus d’espace pour le faire.

03-06-2018
 

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