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FTA 2018
DANSE - MUSIQUE
30 mai 2018, 21h
31 mai et 1er juin 2018, 20h et 22h

Un improbable Récital pour trois femmes et thérémines à la recherche d’un futurisme perdu : chorégraphie pour corps émetteurs traversés par les ondes ambiantes.

Une atmosphère insolite et mélancolique plane sur la moquette rétro du salon. Les antennes tendues de curieux thérémines attendent de répondre aux mouvements discrets des performeuses devant quelques dizaines de spectateurs privilégiés. Instruments primitifs de musique électronique, ils captent sur leurs fréquences la fantaisie de trois femmes à la recherche d’un futurisme perdu.

Performance sensuelle ou rêverie anachronique, cet improbable Récital d’Anne Thériault est une chorégraphie pour corps émetteurs traversés par les ondes ambiantes. L’orgue et le beatbox vibrent de la douce poésie de l’électro décalée. Des lampes de poche animent des jeux d’ombres expressionnistes. La lueur du cinéma d’angoisse renaît autour d’un tableau kitsch. Il y a un malin plaisir à pénétrer dans le domaine enchanté des objets qu’on affectionne et qui nous hantent. Un récital chorégraphique bricolé maison, qui éveille une sorte d’étrangeté comique et une nostalgie pour les technologies défuntes.

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Direction artistique et conception Anne Thériault
Création et performance Rosie Contant, Virginie Reid et Anne Thériault

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C’est à une expérience très particulière que nous convie Anne Thériault avec son Récital, œuvre performative pour trois femmes et trois thérémines.

À l’Église unie Saint-James, un salon des années 1960 est reconstitué afin d’accueillir une quarantaine de spectateurs. Des objets tirés d’autres époques meublent l’espace encombré dans lequel aurait pu se dérouler une fête de famille ou un party de sous-sol. Une vieille peinture d’un paysage de campagne, un tapis beige à poils longs et une poupée gigogne se mélangent aux étranges thérémines et à l’architecture religieuse qui commande le recueillement. La fascination d’Anne Thériault pour les objets l’a amenée à rassembler des artefacts pour créer une ambiance rétro inquiétante. De vieilles cassettes audio contenant la musique du spectacle traînent sur certaines chaises, à la fois cadeau offert au public et vestige d’un temps révolu.

C’est dans une extrême lenteur que se déroule la performance, imprévisibilité des thérémines oblige. Rappelons que ces instruments paléoélectroniques se déclenchent grâce aux mouvements de leur environnement. Ainsi, ce sont les déplacements et les pas de danse des interprètes qui déterminent l’environnement sonore, qui change inévitablement à chaque représentation. Dans Récital, les thérémines se mélangent aux sons d’un orgue portatif, d’un clavier Casio et d’un beatbox manipulés par Rosie Contant. Il est d’ailleurs magnifique de voir les trois interprètes actionner les différentes sources sonores dans une chorégraphie qui rappelle parfois les automates des années 1920. À l’apogée du spectacle, les femmes se retrouvent ensemble près de l’orgue pour interpréter une musique qui semble tout droit tirée d’un film expressionniste. Comme possédées par leur instrument, elles se déhanchent et se tortillent pour atteindre les pédales de l’orgue ou certaines touches de son clavier.

Les éclairages low tech contrôlés par les danseuses participent également à l’atmosphère étrange de la performance. Les expérimentations auxquelles elles s’adonnent rappellent les jeux d’ombres que se font les enfants pour se faire peur. Des silhouettes apparaissent déformées sur les murs de l’église, comme autant de personnages qui se joignent à la cérémonie. Obligées d’être en constant dialogue avec leur environnement, les interprètes semblent complètement habitées par la technologie dépassée qui les entoure.

En maintenant le public dans un état d’extrême fascination et en lui faisant vivre un voyage dans le temps de presque une heure, Anne Thériault propose définitivement l’un des spectacles les plus déstabilisants du FTA 2018.

31-05-2018

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