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FTA 2018
DANSE / THÉÂTRE
Du 29 au 31 mai 2018, 20h
Spectacle sans paroles

Excentrique, iconoclaste et existentielle, cette fable mythologique ose un mélange insolite des genres. Burlesque, cosmique et poétique, Titans est un inclassable.

Au commencement étaient les Titans. Ces divinités mythologiques rappellent, sous l’œil de l’excentrique créateur grec Euripides Laskaridis, l’absurdité de notre condition de mortels. Fable cosmique aux confins du temps et de l’espace, Titans crée des dieux à hauteur d’hommes, fragiles, vaniteux, absurdes. Par son univers scénique insolite où le grotesque côtoie la poésie, la pièce creuse sous ses airs légers l’angoisse existentielle, renvoyant notre routine humaine à la révolution des astres. Farce burlesque et méditation philosophique, l’œuvre surprend par son incongruité.

La créature céleste au long nez et à la voix haut perchée interprétée par Laskaridis imite tantôt la neige, le volcan, tantôt la ménagère qui se passe les cheveux au fer à repasser, caricature de nos gestes ordinaires et désabusés. Humain dans ses failles et ses perpétuelles métamorphoses, le Titan oppose son rire libérateur au caractère dérisoire et futile de la condition humaine. Iconoclaste, la pièce inventive et baroque touche droit au cœur.

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Mise en scène, chorégraphie et scénographie Euripides Laskaridis
Interprétation Euripides Laskaridis, Dimitris Matsoukas

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Pour sa première présence au FTA, le performeur et chorégraphe Euripides Laskaridis propose Titans, une création sans paroles où l’absurde et la banalité de l’être humain se côtoient. Sans comprendre nécessairement tout le sens qui se cache derrière chaque moment, l’artiste athénien peut se féliciter d’avoir réussi à représenter une réalité quotidienne de laquelle se dégage une profonde humanité, même si ses personnages sont d’une étrangeté surréaliste. Dès l’entrée en salle, la scène de l’Usine C semble déjà avoir subi la violente tornade du quotidien alors que la disposition des différents éléments scéniques suggère un certain chaos. S’il est plus difficile de reconnaître l’univers mythologique d’un simple coup d’œil, le public prendra plaisir à le reconnaître à travers le jeu et l’allure excentrique des deux interprètes.

Attriqué de fabuleuses prothèses conçues par Angelos Mentis, responsable des costumes pour cette production, le fondateur de la compagnie Osmosis tout comme Demitris Matsoukas, son partenaire de scène, s’avère méconnaissable. Tous deux pourvus d’un long nez pointu et s’affichant avec un crâne chauve, ils semblent assez iconoclastes alors que leur apparence est bien loin d’être aussi majestueuse que leur statut de personnages célestes proposé par le titre. Ce physique d’un ridicule hilarant ne sera que le précurseur d’un spectacle haut en couleur malgré le ton plutôt sombre, voire inquiétant, que lui donnent les propositions sonores de Themistocles Pandelopoulos et l’éclairage minimaliste de Liza Alexandropoulou. Même si les yeux et les tympans de plusieurs n’apprécieront peut-être pas la voix haut perchée du personnage féminin de Laskaridis ou les nombreux effets stroboscopiques, il paraît impossible de passer sous silence l’ingéniosité des concepteurs qui a permis de révéler l’esprit d’un créateur dont l’originalité surprend du début à la fin.

Si sa scénographie semble quelque peu disparate et plutôt énigmatique, le metteur en scène arrive tout de même à figurer l’énormité de son univers dramatique grâce à sa précision de chorégraphe. Lui qui, déguisé en femme enceinte, est parfaitement synchronisé avec la régie pour donner l’illusion que son personnage contrôle les lumières, il paraît confirmer sa puissance titanesque tandis qu’il lui prend soudain l’envie de se balancer assis sur un néon ; un des instants particulièrement divertissants qui permet à l’auditoire de découvrir le véritable acteur comique en Laskaridis et de rire allégrement. Quant à son collègue, il se démarque moins probablement en raison de son costume totalement noir. Il faut dire que, même dans l’ombre, sa présence apparaît essentielle pour éblouir les spectateurs. Produisant quelques petits effets visuels en direct, celui-ci prouve néanmoins son talent en effectuant des jeux d’ombre qui méritent d’être soulignés. La complicité des deux artistes sur scène donne lieu à des scènes tout simplement adorables.

Lorsqu’au bout d’une heure les mystérieux Athéniens se dévoilent enfin au public, il apparaît inconcevable d’être en mesure de comprendre ce que symbolisait le spectacle dans les moindres détails. Cela semble en importuner bien peu considérant les nombreux éclats de rire audibles au cours de la soirée. En espérant que les prochaines représentations du duo de Titans soient tout autant à la hauteur que leur gigantesque talent !

30-05-2018

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