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Bacchantes - prélude pour une purge
FTA 2019
DANSE
2 et 3 juin 2019, 19h

Tout est permis dans ce concert halluciné pour corps et instruments. Aucun doute : Marlene Monteiro Freitas livre une version survoltée des Bacchantes vouant un culte à Dionysos. Ode à l’imaginaire et à l’irrationnel, la pièce pour 13 danseurs et musiciens fait éclater la tragédie grecque en un carnaval orgiaque où l’ordre et le chaos s’enchaînent.

Entre le happening débridé, la fanfare et la fable dadaïste, la plus récente création de l’artiste, lauréate du Lion d’argent de la Biennale de Venise, expose une incessante transformation de corps et d’objets. On retrouve le goût de la chorégraphe capverdienne pour une faune délirante, galerie de grimaces et de créatures grotesques aux expressions exubérantes. À travers une succession de tableaux où les frontières de l’étrangeté sont sans cesse repoussées, Bacchantes en met plein la vue et l’ouïe sans jamais s’essouffler. Absolument jouissif.


Un spectacle de P.OR.K
Chorégraphie Marlene Monteiro Freitas
Interprétation Cookie, Flora Détraz, Miguel Filipe, Guillaume Gardey de Soos, Johannes Krieger, Gonçalo Marques, Andreas Merk, Tomás Moital, Marlene Monteiro Freitas, Lander Patrick, Cláudio Silva, Betty Tchomanga, Yaw Tembe


Crédits supplémentaires et autres informations

Lumières et espace Yannick Fouassier
Son Tiago Cerqueira
Tabourets João Francisco Figueira, Luís Miguel Figueira
Recherche Marlene Monteiro Freitas, João Francisco Figueira
Distribution Key Performance
Photo Laurent Philippe

Tarif régulier 30 ans et moins*
Professionnels**
65 ans et + *
62$ / 52$ 52$ / 45$ 55$ / 49$

Tous les prix incluent les taxes de vente, les frais de service et les redevances
Tarifs de groupe disponibles

*30 ans et moins / 65 ans et + : Carte d'identité avec preuve d'âge exigé à l'achat des billets et à l'entrée des salles
** Les professionnels de la danse et du théâtre qui souhaitent acheter des billets à tarif réduit doivent se présenter à La Vitrine ou à la Place des Arts (pour les spectacles présentés à la Place des Arts) munis de leur carte de membre de l’une des associations professionnelles reconnues : AICT, APASQ, AQM, CAEA, CEAD, CQT, En piste, PWM, QDF, RQD, UDA.

Création au Teatro Nacional D. Maria II, Lisbonne, le 17 avril 2017

Durée 2h15

Rencontre après la représentation du 2 juin

Rédaction Elsa Pépin
Traduction Neil Kroetsch
Tous les textes et les informations proviennent du site fta.ca

Un spectacle de P.OR.K

Production Bruna Antonelli, Sandra Azevedo

Coproduction TNDMII (Lisbonne) + Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles) + steirischer herbst (Graz) + Alkantara (Lisbonne) + NXTSTP – Programme Culture de l´Union européenne + NorrlandsOperan (Umeå) + Festival Montpellier Danse + Bonlieu Scène nationale (Annecy) + La Bâtie – Festival de Genève dans le cadre du soutien FEDER du programme Interreg France-Suisse 2014-2020 + Teatro Municipal do Porto + Le Cuvier – Centre de Développement Chorégraphique (Artigues-près-Bordeaux) + HAU Hebbel am Ufer (Berlin) + International Summer Festival Kampnagel (Hambourg) + Athens and Epidaurus Festival + Münchner Kammerspiele (Munich) + Kurtheater Baden (Baden) + SPRING Performing Arts Festival (Utrecht) + Zürcher Theater Spektakel (Zurich) + Nouveau Théâtre de Montreuil – centre dramatique national + Centre Pompidou (Paris)

Résidences de création O Espaço do Tempo (Montemor-o-Novo) + Montpellier Danse – Agora, cité internationale de la danse + ICI – centre chorégraphique national (Montpellier) dans le cadre du programme Par/ICI

Présentation Infopresse en collaboration avec Monument-National


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Critique disponible
            
Critique

Rites dionysiaques

La chorégraphe capverdienne Marlene Monteiro Freitas clôt le FTA 2019 par une relecture complètement déjantée des Bacchantes d’Euripide. Un spectacle pour treize créatures qui bouscule autant qu’il fascine.






Crédit photos : Laurent Philippe

Déjà pendant l’entrée des spectateurs, la cacophonie règne dans la salle. Des sifflets, des trompettes, des sirènes, des cris d’animaux et des hurlements se font entendre alors que les danseurs, affublés de salopettes blanches et de chaussons de ballet, se déhanchent sur scène. On se sent comme dans un carnaval tant les personnages sont expressifs et colorés. L’étrangeté est d’ailleurs au cœur de la démarche de Monteiro Freitas, qui a l’habitude de mettre en scène des créatures hybrides aux visages déformés. Ces expressions grimaçantes et exubérantes ont d’ailleurs pour effet d’atténuer l’humanité des personnages et de leur donner une dimension angoissante. C’est la chorégraphe elle-même qui ouvre le bal : dos au public et penchée vers l’avant, elle transforme son entrejambe en un personnage de chanteur rock hippie, avec des rastas et une voix rauque. Cela donne le ton au spectacle d’une rare insolence où les limites de la démesure sont sans cesse repoussées.

L’étrangeté est d’ailleurs au cœur de la démarche de Monteiro Freitas, qui a l’habitude de mettre en scène des créatures hybrides aux visages déformés. Ces expressions grimaçantes et exubérantes ont d’ailleurs pour effet d’atténuer l’humanité des personnages et de leur donner une dimension angoissante.

Les objets occupent une place importante dans la pièce et se transforment constamment. À ce titre, l’utilisation métaphorique des lutrins est particulièrement évocatrice, alors que ceux-ci deviennent des vélos, des machines à écrire, des fusils, des phallus, et plus encore. Des boyaux d’arrosage se transforment quant à eux en stéthoscopes, en longues-vues ou en instruments de musique de fortune. Aux gestes évocateurs des performeurs s’ajoutent aussi le bruitage ludique des musiciens. Même les trompettes subissent un processus de mutation qui les éloigne de leur usage attendu. Peu de spectacles de danse utilisent l’humour de manière aussi efficace et inventive!

Dans une distribution irréprochable, Henri Lesguiller se démarque par sa présence théâtrale. C’est d’ailleurs par lui que prennent forme les rares références à la tragédie d’Euripide. Des cercles de coton blanc sur ses yeux rappellent le devin Tirésias, alors que sa voix grave lui donne des allures de chamane. Il agit comme un genre de maître de cérémonie alors qu’il manipule une console faisant entendre des sons préenregistrés.

En guise d’intermède, des images extraites du film japonais Extrême Private Eres Love Song de Kazuo Hara sont présentées. On assiste alors à un accouchement à domicile et aux premiers instants d’un nouveau-né dans une esthétique aux influences surréalistes. Il s’agit des seules minutes de répit laissées au spectateur avant que la ritournelle hypnotique reprenne de plus belle. Sans que l’on comprenne la justification de ce tableau dans le spectacle, l’organisation hasardeuse des séquences fait écho au chaos qui règne sur scène.

La durée de la pièce – un peu plus de deux heures – permet à la chorégraphe de déployer une variété de danses aux rythmes éclectiques en plus de mettre en relief l’étonnante forme physique des danseurs. Le spectacle se clôt de manière grandiose avec un Boléro de Ravel cathartique où les danseurs et les musiciens entrent dans une transe finale particulièrement jouissive.

03-06-2019

FTASalle Ludger-Duvernay du Monument-National
1182, boulevard Saint-Laurent
Billetterie : En ligne : fta.ca
Par téléphone 514 844 3822 / 1 866 984 3822
En personne :
La Vitrine, billetterie officielle du FTA* - 2, rue Sainte-Catherine Est (métro Saint-Laurent)
*En personne, les billets pour les spectacles présentés à la Place des Arts et au Monument-National sont exclusivement en vente à la PDA ou au Monument-National.