Performeuse et activiste pour les droits des personnes trans, Pascale Drevillon fait exploser notre vision d’un monde binaire. Observons avec elle la chrysalide luttant pour vivre. Suivons le jeune homme violent et mal dans sa peau, découvrons l’androgyne. Assistons à sa métamorphose en poupée outrageusement maquillée. Explorons le spectre des genres possibles. Soyons témoins de l’émergence d’un être humain complexe et émouvant.
Chaque geste qui prépare la transformation est captivant. Le temps se dilate, l’artiste part à la recherche d’une nouvelle forme, d’un moi réinventé. Sur vidéo ou en photos, d’autres témoignages se libèrent. Présente depuis la nuit des temps, la transidentité devient ici une courageuse odyssée de l’âme à travers toutes les alternatives identitaires. Nos attributs ne sont peut-être pas aussi précis et inchangeables qu’on le croit. Une seule certitude : nous sommes tous du genre humain.
Un spectacle de Pascale Drevillon et Geoffrey Gaquère
Création et performance Pascale Drevillon
Mise en scène Geoffrey Gaquère
Performance et régie plateau Andréanne Samson
Crédits supplémentaires et autres informations
Scénographie Léa Pennel
Lumières Cédric Delorme-Bouchard
Vidéo Julien Blais
Chorégraphie Mélanie Demers
Musique Le Bleu (Nicolas Basque, Adèle Trottier-Rivard)
Direction de production Caroline Ferland
Direction technique Sarah Laval
Photo Jules Bedard
Tarif régulier | 30 ans et moins* Professionnels** |
65 ans et + * |
---|---|---|
32$ | 27$ | 29$ |
Tous les prix incluent les taxes de vente, les frais de service et les redevances
Tarifs de groupe disponibles
*30 ans et moins / 65 ans et + : Carte d'identité avec preuve d'âge exigé à l'achat des billets et à l'entrée des salles
** Les professionnels de la danse et du théâtre qui souhaitent acheter des billets à tarif réduit doivent se présenter à La Vitrine ou à la Place des Arts (pour les spectacles présentés à la Place des Arts) munis de leur carte de membre de l’une des associations professionnelles reconnues : AICT, APASQ, AQM, CAEA, CEAD, CQT, En piste, PWM, QDF, RQD, UDA.
Création au Festival TransAmériques, Montréal, le 31 mai 2019
Durée 2h45
Rencontre après toutes les représentations
Lundi 3 juin, 17 h, Quartier général (QG).
À la manière fertile et décomplexée de la compagnie de création projets hybris, artistes et autres invités partagent les curiosités et ouvrages fétiches de leur bibliothèque queer, en complicité avec L’Euguélionne, librairie féministe. Des lectures qui éclairent, transforment et élèvent. Des idées incarnées dans les corps pour une exploration du queer ancrée dans la littérature.
Discussion
Animation Antoine Beaudoin Gentes + Marilou Craft + Philippe Dumaine + Danièle Simon
En français
Rédaction Diane Jean
Traduction Neil Kroetsch
Tous les textes et les informations proviennent du site fta.ca
Un spectacle de Pascale Drevillon et Geoffrey Gaquère
Coproduction Festival TransAmériques
Résidences de création Espace Libre + Maison de la culture Maisonneuve + École supérieure de théâtre de l’UQAM
Présentation en collaboration avec Agora de la danse
Même si la question du genre est de plus en plus abordée dans les médias, celle-ci n’en est pas moins délicate et comporte encore quelques ambiguïtés à clarifier. Avec Genderf*cker, la performeuse Pascale Drevillon arrive juste à propos pour éclaircir certains points au moyen du théâtre et de la vidéo. Deux heures suffisent à la comédienne pour engager, chez une grande majorité, une réflexion intérieure profonde.
S’adressant au public avant l’ouverture des portes, le metteur en scène Geoffrey Gaquère recommande fortement à tous de se déplacer afin de voir le spectacle sous tous ses angles. Une initiative qui s’avère payante, considérant les nombreux allers-retours de la protagoniste entre son espace de jeu bondé d’accessoires et de costumes et les murs de la salle servant de support aux différents médias qu’elle utilise pour tracer une trame narrative claire et rythmée en constante évolution. Ainsi, l’interprète ne se gêne pas pour se frayer un chemin à travers les spectateurs qui l’entourent complètement libres de se déplacer où ils en ont envie. La seule consigne : tout élément scénique doit rester à sa place et il est interdit à quiconque de franchir le triangle défini au centre, lequel constitue le seul espace où le personnage en transition se sent totalement en confiance, s’affairant de manière déterminée à peaufiner son apparence physique au rythme de son parcours psychologique. Ainsi, la comédienne se libère tranquillement de la pellicule plastique qui la recouvre entièrement. Si ce moment peut paraître long pour certains comme introduction, il va sans dire que le sentiment d’oppression qui s’en dégage est assez fort alors que tous les regards semblent espérer ne pas la voir suffoquer sur place. Cela n’est que le début d’un spectacle, dont la tension, toujours préservée, ne peut que marquer les esprits autant de ceux qui n’adhèrent pas à l’idée que ceux qui s’en émeuvent juste d’y penser.
[...] un spectacle, dont la tension, toujours préservée, ne peut que marquer les esprits autant de ceux qui n’adhèrent pas à l’idée que ceux qui s’en émeuvent juste d’y penser.
Lorsqu’Andréanne Samson, régisseuse de plateau d’une dureté imperturbable, fait son entrée sur scène pour apporter les accessoires nécessaires au prochain tableau, Drevillon paraît naturellement plus fragile à son passage. Elle qui, jusqu’alors, avait semblé si convaincue et indépendante, se montre, soudain, plus docile et soumise, obligée d’effectuer une certaine routine bien placée pour permettre à la dimension théâtrale et fictive du spectacle d’exister. Un contraste qui se révèle fort intéressant constatant le parallèle évident qu’il est possible de faire avec la perception très dure et figée que la société actuelle peut avoir des personnes trans ou tout simplement celles qui se définissent comme non genrées. Les séances de maquillage que la comédienne s’inflige tout au long de la représentation pour faire mieux comprendre le cheminement de sa pensée sont particulièrement réussies, tandis que la femme replonge dans ses années de masculinité. En plus de porter des vêtements d’homme (qu’elle a peut-être revêtu dans une autre vie), la performeuse va jusqu’à remplir son caleçon pour figurer l’organe génital mâle qu’elle possédait à l’époque. Particulièrement éprouvant, ce passage prépare l’auditoire à la radicalité des scènes qui suivront. S’assurant que les spectateurs puissent continuer de suivre quelques séquences de gestes bien sélectionnées grâce à l’utilisation d’une caméra de cellulaire dont l’image est projetée sur le mur derrière elle, l’interprète se permet de sortir de la salle pour aller fumer dehors et revenir sans chercher à s’expliquer. De toute cette nonchalance en ressort un constat inévitable : bien que le personnage en présence n’éprouve aucun malaise à scruter ceux qui osent croiser son regard perçant, la réalité est que ce n’est pas lui qui observe le public, mais ce dernier qui l’épie sans se cacher, cherchant à le comprendre ou à le catégoriser. En trame de fond, des vidéos documentaires témoignant de la notion d’identité, de même que l’affichage de portraits de Drevillon pourvus de citations anonymes abordant le sujet, ponctuent la présentation faisant se côtoyer mystères et révélations intimes.
En véritable créateur d’espaces bien distincts, Cédric Delorme-Bouchard oriente le regard à certains moments clés tout en servant subtilement la scénographie assez éclatée de Léa Pennel. La scène devient un terrain de jeu foisonnant de possibilités dans lequel brille la complicité de Samson et Drevillon donnant l’impression que tout est fait dans la spontanéité. Avec une finale qui va droit au cœur, Genderf*cker a de quoi rendre fiers tous ceux qui ont contribué à faire de ce spectacle une expérience unique en son genre.