Fidel Castro est mort et les Rolling Stones ont chanté à La Havane… Même si, à Cuba, révolutionnaire rime paradoxalement avec octogénaire, le pays se transforme sous les yeux fascinés du monde. Les jeunes voudraient bien, comme leurs aînés, créer une utopie qui enflamme la planète, mais comment ? Sur scène, des petits-enfants de compagnons de Fidel incarnent leurs grands-parents, réinterprètent l’aventure castriste, en sondent l’héritage. Et imaginent l’avenir.
Fidèle à son approche documentaire, Stefan Kaegi, du collectif berlinois Rimini Protokoll — derrière le réjouissant 100 % Montréal en 2017 —, a rencontré une cinquantaine de petits-enfants de révolutionnaires. Avec quatre d’entre eux, et l’apport de jeunes artistes cubains, au son de trombones allègrement libérés de leur raideur militaire, il met en scène le théâtre de leur aujourd’hui et de leur futur, de leur réalité et de leurs rêves. Une palpitante traversée de Cuba, des années 1950 à nos jours.
Un spectacle de Rimini Protokoll, Théâtre Maxim Gorki
Conception et mise en scène Stefan Kaegi
Interprétation Milagro Alvarez Leliebre, Daniel Cruces-Pérez, Diana Osumy Sainz, Christian Paneque Moreda
Crédits supplémentaires et autres informations
Dramaturgie Aljoscha Begrich, Yohayna Hernández
Scénographie Aljoscha Begrich
Vidéo Mikko Gaestel
Musique Ari Benjamin-Meyers
Recherche Residencia Documenta Sur – Laboratorio Escénico de Experimentación Social (La Havane)
Recherche et entrevues (Cuba) Taimi Diéguez Mallo, Karina Pino Gallardo, Maité Hernández-Lorenzo, José Ramón Hernández Suárez, Ricardo Sarmiento Ramírez
Assistance à la scénographie Julia Casabona
Collaboration vidéo Marta María Borras
Coordination de production Maitén Arns
Photo Magda Hueckel
Tarif régulier | 30 ans et moins* Professionnels** |
65 ans et + * |
---|---|---|
52$ / 47$ | 45$ / 41$ | 49$ / 44$ |
Tous les prix incluent les taxes de vente, les frais de service et les redevances
Tarifs de groupe disponibles
*30 ans et moins / 65 ans et + : Carte d'identité avec preuve d'âge exigé à l'achat des billets et à l'entrée des salles
** Les professionnels de la danse et du théâtre qui souhaitent acheter des billets à tarif réduit doivent se présenter à La Vitrine ou à la Place des Arts (pour les spectacles présentés à la Place des Arts) munis de leur carte de membre de l’une des associations professionnelles reconnues : AICT, APASQ, AQM, CAEA, CEAD, CQT, En piste, PWM, QDF, RQD, UDA.
Création au Théâtre Maxim Gorki, Berlin, le 21 mars 2019
Sera aussi présenté au Carrefour international de théâtre de Québec les 2, 4 et 5 juin 2019
Durée 2h05 sans entracte
Rencontre après la représentation du 28 mai
Jeudi 30 mai, 17 h, Quartier général (QG).
Objet de fascination et d’émulation politique, le peuple cubain et sa révolution échappent à tout portrait schématique. En pleine période de transition, qu’en est-il de l’héritage de la révolution cubaine ? Quelles sont les conséquences du climat politique actuel sur la culture et les arts ? Comment crée-t-on librement quand persistent la censure, l’idéologie et les iniquités ?
Entretien
Animation Frédérick Lavoie (journaliste et écrivain)
Invitée Yohayna Hernández (dramaturge, critique et artiste)
En français
Rédaction Paul Lefebvre
Traduction Neil Kroetsch
Tous les textes et les informations proviennent du site fta.ca
Coproduction Festival TransAmériques + Emilia Romagna Teatro Fondazione (Modène) + Kaserne Basel (Bâle) + Onassis Cultural Centre (Athènes) + Staatsschauspiel Dresden (Dresde) + Théâtre Vidy-Lausanne + LuganoInscena-LAC (Lugano) + Zürcher Theaterspektakel (Zurich)
Avec le soutien de German Federal Cultural Foundation + Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture + Swiss Arts Council + Senate Department for Culture and Europe + Goethe-Institut Havana
Présentation en collaboration avec Monument-National + Carrefour international de théâtre (Québec) Avec le soutien de Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture + Goethe-Institut Montréal + Ministère fédéral des Affaires étrangères d’Allemagne
Deux ans après nous avoir fait explorer la diversité d’origines, d’opinions, de conditions sociales et d’expérience des Montréalais (100% Montréal), le collectif berlinois Rimini Protokoll, un habitué du FTA, nous emmène du côté de Cuba.
Avec Granma. Trombones de la Havane (du nom du bateau qui a emmené des révolutionnaires à Cuba en 1956), le concepteur et metteur en scène Stefan Kaegi prend le pouls du Cuba d’aujourd’hui en revisitant son passé. Milagro, Diana, Christian et Daniel, petits-enfants d’hommes et de femmes ayant vécu ou même fait la révolution cubaine, se racontent à travers l’histoire de leur pays. Souvenirs d’enfance, fragments de moments historiques, ils partagent avec le public l’affection ou la frustration qu’ils ont pour la génération de leurs grands-parents, leurs rêves, leurs désillusions et la réalité dans laquelle ils vivent aujourd’hui.
Dans le style réaliste du théâtre documentaire, la production met en scène ces quatre non-acteurs et se présente comme une conférence sur l’histoire cubaine, en accéléré. Diapositives, extraits vidéo et entrevues ponctuent la présentation, entrecoupée de passages musicaux. Les quatre interprètes, dont une seule musicienne de métier, jouent eux-mêmes du trombone. En deux heures, le spectateur n’a guère le temps de s’ennuyer tant le spectacle regorge d’information sur la politique et la société cubaines, sans toutefois paraître surchargé. Le va-et-vient entre grands moments de l’histoire et moments d’intimité, comme la mort d’une grand-mère adorée, nous ramène constamment vers les individus et les familles.
En invitant les petits-enfants de ceux qui ont grandi et vieilli dans les promesses du régime socialiste, la production porte un regard chargé de tendresse, d’espoir, de désillusion et d’une certaine lucidité sur l’histoire.
Des balbutiements de la révolution socialiste (dans les années 1950) aux changements politiques, économiques et sociaux qui s’opèrent lentement de nos jours, en passant par les réformes du régime Castro, Granma est loin de la carte postale du Sud. Sans vraiment s’attarder sur les pans sombres de l’histoire, mais en ne passant pas non plus sous silence les problèmes de société (racisme, pauvreté, corruption, etc.), le spectacle ouvre une fenêtre très humaine, et forcément subjective, sur le pays. En invitant les petits-enfants de ceux qui ont grandi et vieilli dans les promesses du régime socialiste, la production porte un regard chargé de tendresse, d’espoir, de désillusion et d’une certaine lucidité sur l’histoire. Les photos d’époque rendent le tout bien personnel et les échanges entre les jeunes adultes et leurs grands-parents (en vidéo) sont véritablement touchants.
Entre révolution cubaine et révolution tranquille, crise économique, pénurie de logements et relations politiques troubles, Granma trace aussi plusieurs parallèles avec l’histoire québécoise, au grand plaisir de la salle. Rimini Protokoll a bel et bien développé un rapport particulier avec le Québec. De fait, les liens entre la Belle Province et Cuba sont nombreux, et pas que pour ses innombrables snowbirds ou son intérêt pour la danse et la nourriture latine!
Quelque part entre la conférence, la leçon d’histoire et le témoignage de jeunes sur le point d’hériter du pays modelé par leurs grands-parents révolutionnaires, Granma. Trombones de La Havane est une invitation à rouvrir les livres d’histoire, et à reconsidérer ce qu’on pense connaître sur ce pays qui pour beaucoup n’évoque que vacances sans fin, plages et soleil.