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Savušun
FTA 2019
DANSE
24 au 25 mai 2019, 21h, 26 mai 15h
En français avec surtitres anglais

Seul·e en scène, Sorour Darabi exhibe un corps en transition, masculin et féminin soudés. Puisant à ses racines iraniennes, il·elle tisse un conte intime sur la souffrance et la peur vécues par des corps minorisés. Transporté·e par les cérémonies collectives de deuil chiite, l’artiste croise le sale et le sacré dans une performance, aussi impudique que subversive.

Un corps inattendu traversé de torsions, de violences et de convulsions s’ouvre, scande les profondeurs de la mémoire, souvenirs de guerre et de martyre. Extase et souffrance se mêlent entre cruauté et douceur. À travers un chant en farsi, une lettre adressée à son père et des scènes à forte charge érotique, Darabi transgresse et repousse les limites du corps. Il·elle fait de sa chair et de son visage un paysage mouvant et ambigu aux infinies possibilités. Savušun, déconcerte, envoûte.


Un spectacle de Sorour Darabi
Conception, chorégraphie et interprétation Sorour Darabi


Crédits supplémentaires et autres informations

Lumières Yannick Fouassier, Jean-Marc Ségalen
Son Clément Bernerd
Dramaturgie Pauline Le Boulba
Regard extérieur Mathieu Bouvier, Céline Cartillier
Administration Charlotte Giteau
Diffusion Sandrine Barrasso
Photo Otto Zinsou

Tarif régulier 30 ans et moins*
Professionnels**
65 ans et + *
32$ 27$ 29$

Tous les prix incluent les taxes de vente, les frais de service et les redevances
Tarifs de groupe disponibles

*30 ans et moins / 65 ans et + : Carte d'identité avec preuve d'âge exigé à l'achat des billets et à l'entrée des salles
** Les professionnels de la danse et du théâtre qui souhaitent acheter des billets à tarif réduit doivent se présenter à La Vitrine ou à la Place des Arts (pour les spectacles présentés à la Place des Arts) munis de leur carte de membre de l’une des associations professionnelles reconnues : AICT, APASQ, AQM, CAEA, CEAD, CQT, En piste, PWM, QDF, RQD, UDA.

Création à Montpellier Danse, le 23 juin 2018

Durée 50 minutes

Rencontre après la représentation du 25 mai

TERRAIN DE JEU

Bibliothèque vivante du queer

Lundi 3 juin, 17 h, Quartier général (QG).

À la manière fertile et décomplexée de la compagnie de création projets hybris, artistes et autres invités partagent les curiosités et ouvrages fétiches de leur bibliothèque queer, en complicité avec L’Euguélionne, librairie féministe. Des lectures qui éclairent, transforment et élèvent. Des idées incarnées dans les corps pour une exploration du queer ancrée dans la littérature.

Discussion

Animation Antoine Beaudoin Gentes + Marilou Craft + Philippe Dumaine + Danièle Simon
En français

Rédaction Elsa Pépin
Traduction Neil Kroetsch
Tous les textes et les informations proviennent du site fta.ca

Production déléguée Météores

Coproduction Montpellier Danse 2018 résidence de création à l’Agora, cité internationale de la danse avec le soutien de Fondation BNP Paribas + CND Centre national de la danse + La Villette Résidences d’artistes (Paris) + La Maison CDCN – Uzès Gard Occitanie avec le soutien de ICI – Centre chorégraphique national Montpellier – Occitanie + Sophiensaele (Berlin) + Fonds Transfabrik– Fonds franco-allemand pour le spectacle vivant + La fée Nadou (L’Affenadou)

Avec le soutien de SPEDIDAM (Paris) + Ballet du Nord – CCN Roubaix Hauts-de-France

Présentation avec le soutien de Institut Français (Paris) + Service de coopération et d’action culturelle du Consulat général de France à Québec en collaboration avec Théâtre Prospero


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Critique disponible
            
Critique

Pour sa première participation à la programmation du FTA, l’artiste iranien.ne transgenre Sorour Darabi ne manque pas de piquer la curiosité d’un public majoritairement québécois. Présenté au Théâtre Prospero, Savušun, le troisième spectacle en solo conçu par l’interprète s’avère une performance de 50 minutes où c’est un corps en pleine mutation qui est exhibé à travers la danse. Se servant de ses racines étrangères comme source d’inspiration, le-la chorégraphe et danseur.se professionnel.le transporte les spectateurs dans un univers où les possibilités sont infinies alors que l’ambiguïté et l’inattendu retiennent l’attention.



Crédit photos : Andre Le Corre

Dès son entrée en scène, parmi l’auditoire, Darabi plonge celui-ci dans l’incompréhension. Tandis qu’il-elle descend les marches de l’estrade qui le-la sépare d’une scène sans décor et éclairée par une rangée de projecteurs d’une clarté éblouissante, l’artiste livre un discours totalement en iranien. Les spectateurs doivent patienter un moment avant de pouvoir découvrir le corps particulier (et couvert) de l’Iranien.ne. Darabi est conscient de cette curiosité qu’il-elle provoque et s’en sert intelligemment pour garder l’intérêt de son public malgré l’incompréhension de ce dernier. Néanmoins, l’attente, bien que justifiée par l’attrait qu’elle provoque, se fait un peu longue considérant la durée de la représentation. Il faut dire que cet empressement à vouloir le-la voir se dévêtir pour assouvir le désir amené par l’inconnu peut se traduire par cette dimension érotique recherchée par le-la créateur.trice. Le-la danseur.se n’a pas besoin de se retrouver complètement nu.e pour offrir une performance à forte charge érotique. Cette retenue témoigne de la grande maturité de l’artiste de 28 ans qui, en pleine maîtrise de son art, réussit à transposer une belle sensualité. Décomposant chaque partie de son corps avec précision, Darabi met autant en valeur cette morphologie qui rassemble tous les êtres humains que les différences qui les distinguent. Dans cette ère où la notion de genre est remise en question, mais où la discrimination fait encore rage, ce spectacle ne peut être plus à propos.

Décomposant chaque partie de son corps avec précision, Darabi met autant en valeur cette morphologie qui rassemble tous les êtres humains que les différences qui les distinguent.

S’il s’agit d’un théâtre principalement corporel, lorsque le-la performeur.se prend enfin la parole en français, il-elle livre un discours qui, par son contenu sexuel quelque peu choquant, peut saisir les âmes les plus prudes. Passé cette barrière qui émane d’un goût personnel, les propos défendus demeurent d’une vérité qui ne peut être démentie. Exposant les pensées intimes d’un homme en quête d’amour charnel, le rapprochement avec l’individu qu’est Sorour Darabi est inévitable. Même si un certain degré de fiction apporté par l’aspect culturel de la danse atténue la tension et garde l’intérêt des plus curieux, l’intensité qui nourrit le regard de l’interprète à chaque prise de parole, que ce soit dans sa langue d’origine ou en français, va droit au cœur. La dure vérité qui se cache derrière l’histoire est perceptible. Dommage que le-la danseur.se n’ait pas été en mesure d’habiter sa danse aussi franchement. Il aurait été plus intéressant d’avoir un accès semblable à la personnalité de l’artiste lors des moments plus chorégraphiés. Plus distant durant ces instants, Darabi faisait face à un public perdu en quête d’un repère auquel se raccrocher. Sans pour autant en diminuer le talent physique de ce.tte dernier.ère, une même ouverture lors des moments sans paroles aurait été appréciée. Malgré tout, la musique de fond qui revient à chacune de ses séquences n’est pas sans effet. D’un rythme constant et grave, cette composante place le spectacle dans un contexte violent, ce qui rajoute à la danse une dimension dramatique profitable.

Bien que la fin semble bienvenue pour l’ensemble de l’auditoire, il convient de souligner l’audace de l’artiste. Si plusieurs subtilités restent malheureusement inaccessibles en raison des différences culturelles, l’impudeur et l’intelligence dont fait preuve Sorour Darabi derrière sa démarche de création ne peuvent nous laisser indifférents. Qu’elles choquent ou surprennent, les torsions qu’impose le-la chorégraphe à son corps n’est pas sans difficulté et il-elle réussit à le faire avec tant de fluidité qu’il est nécessaire de le souligner. Après cela, Savušun peut être apprécié ou détesté, mais sa singularité en fait une performance qui mérite d’être considérée.

25-05-2019

FTAThéâtre Prospero
1371, rue Ontario Est
Billetterie : En ligne : fta.ca
Par téléphone 514 844 3822 / 1 866 984 3822
En personne :
La Vitrine, billetterie officielle du FTA* - 2, rue Sainte-Catherine Est (métro Saint-Laurent)
*En personne, les billets pour les spectacles présentés à la Place des Arts et au Monument-National sont exclusivement en vente à la PDA ou au Monument-National.