Un événement. Un roman fondamental de l’immense Marie-Claire Blais, plus de 25 comédiens et musiciens. Oscillant entre l’infiniment intime et les grands enjeux collectifs de notre temps, voici une création québécoise dirigée par Denis Marleau et Stéphanie Jasmin d’une envergure exceptionnelle.
C’est à la fois somptueux et torrentiel : SOIFS Matériaux se déploie comme une vaste fresque où s’entrelacent les destins de personnages de toutes conditions sociales et d’origines diverses, condensant les injustices, les espoirs et les utopies de l’Amérique. Dans une île proche des Antilles, durant une fête de trois jours et trois nuits, des êtres naissent, se croisent, s’aiment, naissent, meurent, tous liés par leur soif. Soif d’absolu, d’amour, de justice, de l’autre… Leurs voix s’amalgament en une prodigieuse orchestration, telle une partition musicale dont le souffle inaltérable passe des cris aux pensées secrètes, des violences les plus innommables aux plus profondes grâces. Welcome to America.
Un spectacle de UBU compagnie de création
Texte Marie-Claire Blais
Adaptation Denis Marleau tirée des romans : Soifs (1995), Des chants pour Angel (2017), Une réunion près de la mer (2018), Les Éditions du Boréal
Mise en scène Stéphanie Jasmin, Denis Marleau
Interprétation Florence Blain Mbaye, Jean-François Blanchard, Anne-Marie Cadieux, Sophie Cadieux, Lyndz Dantiste, Sébastien Dodge, Alice Coallier-Dorval, Lucien Gittes, Fayolle Jean, Fayolle jr Jean, Yousef Kadoura, Luca Lebrun, Stephie Mazunya, Antoine Nicolas, Christiane Pasquier, Mina Petrous, Marcel Pomerlo, Dominique Quesnel, Mattis Savard-Verhoeven, Emmanuel Schwartz, Monique Spaziani
Crédits supplémentaires et autres informations
Musiciens Philippe Brault, Jérôme Minière, Quatuor Bozzini (Isabelle Bozzini, Stéphanie Bozzini, Alissa Cheung, Clemens Merkel)
Scénographie et vidéo Stéphanie Jasmin
Composition et direction musicale Philippe Brault
Costumes Elen Ewing
Lumières Marc Parent
Diffusion et montage vidéo Pierre Laniel
Design sonore Joël Lavoie
Conseil en mouvement Virginie Brunelle
Maquillages Julie Bégin
Assistance à la mise en scène Carol-Anne Bourgon Sicard
Assistance aux costumes Pascale Bassani
Assistance aux lumières Lee Anholt
Régie son et micros sans fil François Thibault
Habilleuse Nicole Langlois
Régie générale Mylène Caya
Recherche dramaturgique Sophie Tremblay-Devirieux
Comité de lecture Gabrielle Couillard, Gabriel Rémy-Handfield
Direction technique Simon Beetschen
Direction de production Sylvain Béland
Assistances et régies (finissants en production de l’École Nationale de théâtre du Canada)
Scénographie Marine Plasse
Vidéo Florence Blais-Thivierge
Son Renaud Dionne
Éclairages Delphine Rochefort-Boulanger
Costumes Jeanne Dupré, Claudie Landry
Direction technique et régie de plateau Sophie Bergeron
Photo Stéphanie Jasmin
Tarif régulier | 30 ans et moins* Professionnels** |
65 ans et + * |
---|---|---|
52$ | 45$ | 49$ |
Tous les prix incluent les taxes de vente, les frais de service et les redevances
Tarifs de groupe disponibles
*30 ans et moins / 65 ans et + : Carte d'identité avec preuve d'âge exigé à l'achat des billets et à l'entrée des salles
** Les professionnels de la danse et du théâtre qui souhaitent acheter des billets à tarif réduit doivent se présenter à La Vitrine ou à la Place des Arts (pour les spectacles présentés à la Place des Arts) munis de leur carte de membre de l’une des associations professionnelles reconnues : AICT, APASQ, AQM, CAEA, CEAD, CQT, En piste, PWM, QDF, RQD, UDA.
Durée 4h30 approx. incluant un entracte
Rencontre après la représentation du 1er juin
Jeudi 30 mai, 12 h 30, Quartier général (QG).
Force inébranlable de la littérature québécoise, Marie-Claire Blais a mis fin l’an dernier à son cycle américain, entamé avec Soifs (1995) et conclu par la parution d’Une réunion près de la mer (2018). Artistes, écrivains, militants et exclus sont nombreux parmi les personnages du cycle, qui témoigne de l’engagement humaniste de l’écrivaine et de l’acuité de sa vision du monde actuel.
Entretien
Animation Kevin Lambert (écrivain)
Invitée Marie-Claire Blais
En français
En collaboration avec Les Éditions du Boréal
Rédaction Paul Lefebvre
Traduction Neil Kroetsch
Tous les textes et les informations proviennent du site fta.ca
Un spectacle de UBU compagnie de création
Coproduction Festival TransAmériques + ESPACE GO en partenariat avec École nationale de théâtre du Canada
Développement avec le soutien de Nouveau Chapitre + Fonds national de création du CNA
Présentation en collaboration avec Théâtre ESPACE GO
Habitués du FTA, les deux têtes dirigeantes d’UBU compagnie de création, Denis Marleau et Stéphanie Jasmin, reviennent cette année avec Soifs Matériaux, adaptation scénique d’une infime partie de l’œuvre de Marie-Claire Blais. Sur scène, plus de 25 interprètes s’échangent l’attention du public durant plus de trois heures s’évertuant à rendre tangible l’écriture dense et singulière de cette femme de lettres entre les murs de l’Espace GO. Dans le décor de Jasmin où ombres et lumières se côtoient, où projection vidéo et théâtre se complètent, la fiction et la réalité se juxtaposent afin que tous profitent d’une belle histoire de paradis terrestre avant de fermer les yeux sur un quotidien infernal.
Affublés de leur intensité bien à eux, les comédiens Anne-Marie Cadieux, Sébastien Dodge et Emmanuel Schwartz donnent le ton à une performance qui ne pourra laisser quiconque indifférent. Déjà, à travers ces premières paroles, le style narratif de Blais résonne sans que personne puisse s’y méprendre. La ponctuation quasi absente et les longues phrases rédigées à la troisième personne offrent une belle tribune à la dimension fictive, tandis que le souffle court de Marcel Pomerlo qui, en professeur malade, peine à achever ses phrases, expose la vulnérabilité de la condition humaine avec une puissance et une sincérité des plus touchantes. Tout en finesse et d’une voix suave, Schwartz s’avère crédible dans son rôle d’auteur, mari et père tourmenté par les atrocités du monde. Personnifiant son épouse, Sophie Cadieux se montre en mère douce et aimante. Cela permet un beau contraste avec la froideur de Christiane Pasquier qui incarne sa mère sévère d’une poigne pleinement assumée. Il en est de même pour le couple formé de Monique Spaziani, interprétant une femme rêveuse ayant vécu dans l’ombre de son mari, un poète reconnu auquel Jean-François Blanchard prête un ton hautain sans pour autant nuire à sa vraisemblance. Devant tant de prouesses, les quelques petits accrochages linguistiques de la distribution au soir de première sont pardonnables.
Appuyées par les projections paradisiaques en toile de fond, les graves vérités relatées par les comédiens en présence figurent bien le détachement humain ressenti par plusieurs face aux atrocités du monde.
Malgré une incarnation des plus diversifiées, les plus grands contrastes qui puissent s’observer demeurent ceux insérés dans la conception du spectacle. Celui qu’illustrent les costumes d’Elen Ewing est assez remarquable. Se fondant dans les murs blanc clair qui délimitent l’intérieur de l’extérieur où la noirceur règne, les protagonistes à la peau blanche portent des habits plutôt sobres, comparés à ceux que vêtissent Fayolle Jean, Lyndz Dantiste, Florence Blain Mbaye et Stephie Mazunya qui, eux, rayonnent grâces à des teintes très colorées. Cette image forte, pourtant simple à concevoir, témoigne de toute l’expertise de la conceptrice dont le travail mérite d’être souligné. Appuyées par les projections paradisiaques en toile de fond, les graves vérités relatées par les comédiens en présence figurent bien le détachement humain ressenti par plusieurs face aux atrocités du monde. Une autre belle initiative de Jasmin qui, assistée de Florence Blais-Thivierge et Marine Plasse, a su créer un espace de jeu à multiples niveaux afin que le texte adapté par Marleau reste dynamique. Nonobstant quelques longueurs inévitables pouvant nuire à l’appréciation de certains, les variations de rythmes amenés par la musique de Philippe Brault et Jérôme Minière accompagnés du Quatuor Bozzini sur scène ne pouvaient qu’être bénéfiques. Opposée à l’éclairage subtil de Marc Parent, cette ambiance sonore renforçait également l’atmosphère de fête servant de contexte à l’action présentée.
Lorsque la fin s’annonce, toute l’équipe peut revenir récolter les applaudissements sincères de l’auditoire avec une grande fierté. Chacun ayant eu son moment de gloire, il est évident qu’il ne peut en être autrement. Il est vrai qu’un spectacle plus court aurait sans doute permis une meilleure réception, mais il serait plutôt difficile de décider où il aurait été nécessaire de couper. Avec des personnages aussi intéressants à découvrir par leur individualité si bien marquée, il devient bien complexe de retirer ne serait-ce qu’une seule page. Marleau et Jasmin contraignent, donc, les spectateurs à vivre au rythme de cette soirée qui s’étire, mais finit par passer sans que la conclusion en soit trop désirée. Dans cette démarche, la plume à la fois authentique et libertine de Marie-Claire Blais s’en trouve honorée. Tous n’ont d’autres choix que de se laisser porter par le récit de Soifs Matériaux naviguant entre onirisme flagrant et réalisme virulent d’actualité.
La pièce sera reprise au Théâtre ESPACE GO du 24 janvier au 16 février 2020