6 octobre 2008
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Oscar et la Dame Rose

Texte d'Éric-Emmanuel Schmitt
Mise en scène François Flamand et de Rita Lafontaine
Avec Rita Lafontaine

Voici les lettres adressées à Dieu par un enfant de dix ans.

Elles ont été retrouvées par Mamie Rose, la "Dame Rose" qui vient lui rendre visite à l'hôpital pour enfants. Elles décrivent douze jours de la vie d'Oscar, douze jours pleins de personnages drôles et émouvants.

Ces douze jours seront peut-être les douze derniers. Mais, grâce à Mamie Rose qui noue avec Oscar un très fort lien d'amour, ces douze jours deviendront légende.

Salle Albert-Rousseau
2410, chemin Ste-Foy
Billetterie : 418-659-6710 - 1-877-659-6710

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Dates précédentes

Monument-National
Du 13 au 18 mars 2007
Supplémentaires du 10 au 21 avril 2007

par David Lefebvre

Charmés. Charmés et émus, voilà comment on se sent à la sortie de Oscar et la dame rose.

Un petit bonhomme de 10 ans, leucémique, apprend bien malgré lui que la greffe de moelle osseuse et ses traitements de chimio ne fonctionnent pas. Condamné. De plus, il semble que dès qu'il prononce le mot "mort", tout le monde change de sujet, des infirmières au docteur, mais surtout ses parents, qu'il trouve lâches et cons. Mamie Rose, une bénévole qui vient visiter les enfants quelques jours par semaine, est la seule adulte avec qui il peut vraiment communiquer. Elle l'incite à écrire à Dieu, lui décrire ses sentiments, et de faire un voeu par jour. Sans y croire vraiment au départ, Oscar continue l'exercice, et monologue avec Dieu, lui décrivant ses journées, parlant de la vie, de la mort, de l'amour et de la foi, sans le filtre de censure que les plus grands fixent à leur existence. Mamie Rose l'invite à jouer à un jeu spécial : chacun des 12 prochains jours (les derniers de l'année et ceux d'Oscar), il vieillira de 10 ans. De par les expériences avec ses amis, les infirmières et Mamie Rose, Oscar retrace le cycle de la vie : l'enfance, la puberté, les problèmes de couple, le mariage avec Peggy Blue (une petite amie, malade elle aussi), l'âge adulte, le démon du midi, la vieillesse, la sagesse et la mort.

C'est par l'entremise des lettres d'Oscar, que Mamie Rose a trouvé et qu'elle lit, que nous entrons dans son univers philosophique, émouvant, pleins de rêves et de fraîcheur, mais aussi miné par la souffrances et l'incompréhension de la relation qu'il a avec ses parents depuis sa maladie. C'est avec honnêteté, sincérité et un humour irrésistible qu'Oscar raconte son histoire à Dieu, et avec une lucidité hors du commun et une note d'espoir qu'il ose vivre sa vie et apprivoise sereinement sa mort.

Rita Lafontaine incarne ses personnages avec aplomb, douceur et intelligence. Touchante, drôle, elle nous prouve encore, encore et encore qu'elle est l'une des plus grandes comédiennes du Québec. La mise en scène, qu'elle signe avec François Flamand, est simple, efficace, sans flafla inutile. La scène est relativement nue, mis à part un lit en pente, un ourson en peluche, une petite valise, des lettres sur papier de couleur. D'énormes projections d'images en trois dimensions viennent animer le spectacle d'une couleur juvénile.

Oscar et la dame rose est la troisième partie du Cycle de l'Invisible (des récits sur la spiritualité et l'enfance), qui compte les livres Milarepa (sur le bouddhisme) et Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran (le soufisme). Oscar... est une approche originale et nouvelle du christianisme. Montée pour la première fois ici, elle a été adaptée, en France, avec Danielle Darrieux et, plus tard, Anny Duperrey. D'une grande délicatesse, nullement mélodramatique malgré la gravité du sujet, Éric-Emmanuel Schmitt nous transporte dans un monde où il arrive à nous faire tout ressentir, à nous faire réfléchir, rire et pleurer. Il est un des écrivains les plus brillants de sa génération (et même au-delà). Nous avons pu apprécier quelques pièces de son répertoire au Québec, dont Le Visiteur, Les Variations énigmatiques (déjà montée au TNM avec, entre autres Michel Rivard) et les lecteurs connaissent ses romans La secte des égoïstes, L'Évangile selon Pilate, La part de l'autre, Lorsque j'étais une oeuvre d'art, Ma vie avec Mozart et plus récemment, un recueil de nouvelles (sur les femmes) Odette Toulemonde. Si vous ne le connaissez pas, courez acheter un ou plusieurs de ces livres, vous ne le regretterez jamais.

C'est un M. Schmitt ému qui est venu sur scène, à la demande de Mme Lafontaine, saluer le public et la comédienne à la fin de la première, et c'est une salle bondée, aux mouchoirs sortis et aux yeux scintillants qui lui a répondu avec des applaudissements nourris et des bravo! bien mérités. Une merveilleuse rencontre, une véritable petite leçon de vie.

14-03-2007

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