Conçu à partir de la correspondance entre Marie Guyart et son fils Claude Martin, resté en France, ce spectacle solo trace un portrait émouvant de Marie de l’Incarnation, illustre personnage féminin venu s’établir à Québec, il y a 400 ans.
Grande mystique et aventurière, elle a marqué et changé le visage de la ville de Québec où elle fonde le Couvent des Ursulines de Québec en 1639. Bâtisseuse et pionnière mémorable Marie de l’Incarnation rédigera environ 13 000 lettres au cours de sa vie. En relatant l’histoire de la vie de la fondatrice du couvent des Ursulines de Québec, le spectacle évoque aussi bien le quotidien de la congrégation que sa passion infinie pour son Divin Époux, son talent de bâtisseuse et sa force de création.
Tout chez Marie de l’Incarnation nous guide vers l’absolu.
Prix: de 20$ à 42$
Une coproduction du Théâtre du Nouveau Monde et du Théâtre du Trident
Salle Albert-Rousseau
2410, chemin Ste-Foy
Billetterie : 418-659-6710 - 1-877-659-6710
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Dates antérieures
Du 16 septembre au 11 octobre 2008, supplémentaire 15 oct. 20h - Trident
Du 2 au 13 juin 2009 suppl. samedi 13 juin 20h, TNM
par Isabelle Girouard (2008)
Marie Guyart naquit à Tours en 1599. Cette fille de boulanger traversera, 40 ans plus tard, l’immense Atlantique. C’est pour remplir les desseins de la couronne, c'est-à-dire de fusionner les nations françaises et amérindiennes, que le navire accostera sur nos côtes, à Québec, marquant ainsi le début de la conversion des « sauvages » à la foi chrétienne. Bien que nous rappelant le colonialisme et ses erreurs, la vie fascinante de cette mystique religieuse du 17e siècle nous est exposée de façon sublime à travers sa correspondance, importante source ethnographique de l’histoire canadienne. Enfant, elle eut déjà des visions, scellant ainsi un destin de femme vouée à l’amour de Dieu. Elle se marie en 1617 et donne naissance à un garçon, qu’elle aura seule à sa charge puisque son mari mourra deux ans plus tard. L’appel de l’invisible se fait indéniablement sentir : elle entre au couvent des Ursulines de Tours en 1631, confiant son fils à sa sœur. Sa vocation est d’aimer, d’éduquer et de convertir les âmes impures À ce moment, la France est désireuse d’élargir son territoire et soutient généreusement les missionnaires ; c’est ainsi que Marie Guyart ouvre son couvent d’enseignement en 1639 au Québec, où elle s’éteindra à l’âge de 73 ans.
Marie de l’Incarnation ou la déraison d’amour nous souffle la vie de cette femme par la narration de correspondance dédiée à son fils. C’est Jean-Daniel Lafond qui signe la reconstitution des écrits, faisant une pierre deux coups en présentant son long-métrage inspiré des écrits de la mystique, Folle de Dieu, tout ça dans le cadre du 400e de Québec. Toutefois, on peut se demander comment le propos sera reçu et compris à une époque où colonialisme et catholicisme sont pointés du doigt. Il émane de l’œuvre théâtrale une puissance terrible qui n’est pas sans laisser le spectateur indifférent. Devant nous, une femme se livre à la lente ascension spirituelle, n’aspirant qu’à s’unir avec le divin. Il est intéressant de noter que les mystiques de l’époque vivaient leur foi non seulement dans l’ascèse, mais aussi à travers des épanchements passionnels, tel qu’on peut l’observer dans les écrits de Thérèse d’Avila. C’est cette force latente que nous recevons de Marie de l’Incarnation, force qui puise son origine dans la chair même. La relation qu’elle entretient avec son Dieu laisse libre cours aux exaltations amoureuses et au désir brûlant de faire corps et âme avec l’objet de sa passion. La mise en scène de Lorraine Pintal entretient vivement cette ferveur, en ne laissant rien de superflu, rien qui pourrait détourner l’attention du spectateur sur le personnage et son intériorité. En somme, auteur et metteure en scène semblent avoir voulu mettre l’emphase sur l’aspect idéaliste et exalté de la vie d’une femme religieuse, envoyant aux oubliettes l’aspect plus terre-à-terre de son existence. Ainsi rentrons-nous à la maison avec l’impression d’avoir vécu un moment d’une extrême poésie, un peu flottant.
Il convenait de garder pour la fin, comme un dessert, quelques mots sur la présence de Marie Tifo. Judicieux choix ! Cette grande comédienne s’offre à nous une fois de plus, dans toute sa générosité et son émotivité, sachant parfaitement donner corps au personnage. D’ailleurs, on fit appel à la chorégraphe Jocelyne Montpetit, afin de préciser et d’enrichir le langage corporel.
Quelle belle équipe que celle de Marie Tifo et Lorraine Pintal !