par Geneviève Germain

Les années 80 sont une source inépuisable de ce qui est maintenant perçu comme « quétaine », ou dépassé. De la fameuse coupe Longueuil aux imprimés fleuris, en passant par les épaulettes et les tricots aux couleurs douteuses, cette décennie est mémorable et pas toujours pour les bonnes raisons. Toutefois, c’est clairement un terreau fertile pour susciter les rires, il n’est donc pas étonnant que l’auteur Michel Duchesne ait choisi de situer sa plus récente comédie Party de bureau ! en 1984.

Dès le début, on sent un élan de nostalgie à la vue de vieilles publicités, de vidéoclips, de Bernard Derome aux nouvelles de Radio-Canada et de Céline qui chante Une Colombe. Les références temporelles sont nombreuses tout au long de la présentation, nous rappelant que les années 80 ont également vu naître les post-it, le cube Rubik, les volumineux ancêtres des téléphones portables et les ordinateurs Macintosh. Toutefois, là s’arrête la surprise. Sur fond de fête de fin d’année d’une compagnie d’assurances qui est sur le point de passer aux mains d’acheteurs torontois, la pièce Party de bureau exploite tous les clichés associés au monde du travail : de l’employée toujours malade au directeur adjoint macho qui harcèle sa secrétaire, les caricatures servies  étonnent peu. Alors que les employés viennent d’apprendre que la vente de leur entreprise a eu lieu, ils montent un stratagème à la table du bol à punch pour récupérer le contrat de vente et le détruire, leur permettant ainsi de ne pas perdre leur emploi. Le récit qui nous est raconté souffre malheureusement d’un côté brouillon et se perd en scènes qui s’éternisent ou qui se succèdent sans nous convaincre de leur réelle contribution à l’histoire. Pourtant, plusieurs filons humoristiques sont présents et gagneraient à être resserrés.

Les six comédiens présents sur scène livrent malgré tout des performances énergiques et assumées. Alors que plusieurs gags présents dans le texte tombent à plat, c’est le jeu physique des acteurs qui sauve la présentation. Il faut voir Brigitte Lafleur en rondelette Nicole  chanter du haut d’une filière pendant qu’on lui dirige un ventilateur dessus ou encore David-Alexandre Després se déhancher démesurément sur l’air de La petite grenouille. Ce sont d’ailleurs les numéros chantés qui amusent le plus, nous rappelant plusieurs tubes des années 80 comme I wear my sunglasses at night, C’est une question de feeling, ou l’inoubliable chanson Larmes de métal. Éric Desranleau, musicien présent sur scène, contribue grandement à l’efficacité de ces saynètes musicales.  Malgré un début lent et hésitant, la pièce réussit éventuellement à prendre un certain rythme. L’énergie de Sophie Caron impressionne dès son entrée en scène et les contributions de Tammy Verge, Roger Léger et Remi-Pierre Paquin sont divertissantes.

En somme, Party de bureau! tient sa plus forte qualité du fait qu’elle emprunte plusieurs éléments risibles aux années 80 et peut compter sur de solides comédiens.  Même si le texte n’arrive pas toujours à décrocher les sourires et que la pièce cumule les longueurs, la mise en scène et le jeu des acteurs rendent l’ensemble plutôt amusant.