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24 novembre 2013, 20h
Les peintres du charbon
Texte Lee Hall
Mise en scène et adaptation Claude Maher
Avec Marc Beaupré, Normand D'Amour, Denis Houle, Marie Michaud, Mélanie Pilon, Gabriel Sabourin, Serge Thibodeau et un autre comédien

En 1934, des mineurs d’Ashington voient arriver un enseignant qui, contre toute attente, va les initier à l’histoire de l’art. Abandonnant rapidement la théorie pour la pratique, les mineurs se mettent à peindre.

Le résultat sera absolument stupéfiant!

En quelques années seulement, leur talent sera reconnu et leurs œuvres largement diffusées. Et chaque jour, ces hommes vont continuer à descendre dans la mine pour y travailler.

Basée sur un fait réel, voici une pièce qui parle non seulement de l’importance de nourrir le corps et l’esprit mais qui parle aussi de la nécessité de nourrir l’âme. Cette extraordinaire aventure artistique des mineurs d’Ashington est la preuve vivante que l’art n’est jamais le privilège exclusif de certaines classes sociales, qu’il est accessible à quiconque veut se lancer à la découverte de soi.


Décor : Michel Demers
Éclairages : Guy Simard
Vidéo : Yves Labelle
Musique : Michel Smith
Accessoires : Normand Blais
Assistance à la mise en scène : Edithe Le Hesran

Prix courants

Parterre 50,50$
Corbeille 50,50$
Balcon 50,50$
Handicapé 50,50$
Étudiant 27,50$

Production Duceppe


Salle Albert-Rousseau
2410, chemin Ste-Foy
Billetterie : 418-659-6710 - 1-877-659-6710

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Dates antérieures (entre autres)

Du 4 avril au 12 mai 2012, Duceppe

 
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 Critique
Critique
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par Pascale St-Onge (2012)

Quand la curiosité ne suffit pas


Crédit photo : François Brunelle

« L'art c'est censé te faire penser ». Pour cette raison, un groupe d'hommes d'une ville minière de l'Angleterre décide de suivre un cours d'histoire de l'art. Nous sommes à la veille de la Deuxième Guerre mondiale. Par un élan certain de curiosité, ces ouvriers vont tenter de se rapprocher davantage d'une élite dont ils ignoraient eux-mêmes la complexité de son existence. Car c'est surtout de cela qu'il s'agit dans la pièce Les peintres du charbon : un choc entre classes sociales.

Basée sur un fait réel, cette pièce rappelle les dangers que représente l'extinction de la culture, mais également la distance que son entourage crée face au reste du monde, notamment à cause du phénomène de la mode. Certes, ces ouvriers vont s'adonner à la peinture et auront un certain succès dans le petit monde fermé des artistes, mais ils seront surtout exploités par ces derniers.

Comme un véritable leitmotiv, le plus prometteur des ouvriers, joué par l'excellent Emmanuel Bilodeau, répétera sans cesse « Moi, je suis juste un mineur », se condamnant lui-même et ses confrères à ce destin déjà défini. Il plane sans cesse durant la représentation cette impression que l'art est réservé uniquement à une certaine partie de la société, éduquée et bien nantie, et qu'elle juge systématiquement toute personne de l'extérieur qui pourrait s'y intéresser. Pourtant, la curiosité des mineurs prouve bien le contraire, puisque ne sachant rien à propos de l'art, ils s'y donnent complètement et en redemandent toujours plus.

La distribution est sans contredit le point fort de cette production. En effet, les performances d'Emmanuel Bilodeau et Marc Beaupré marquent particulièrement, tandis que les autres ouvriers, dirigés par Claude Maher qui signe ici une mise en scène simple, mais majoritairement agréable, complètent parfaitement bien le tableau.

À l'entrée du public, la scénographie impressionne : les sacs de charbon accrochés au plafond ont l'apparence inquiétante de corps pendus qui veillent tout au long de la pièce. Toutefois, on se questionne plus tard sur la pertinence de la présence de cet immense élément de scénographie. Un seul et court moment l'explique, mais il arrive trop tard et ne semble pas suffisant pour justifier ce choix. Pour le reste, on projette des archives sur le travail minier et la guerre sur des écrans mobiles qui structurent l'espace. Des statistiques intéressantes y figurent également en début de pièce, tel un générique cinématographique.


Crédit photo : François Brunelle

Si la traduction de Monique Duceppe vers le français québécois est réussie, elle ne peut toutefois pas cacher l'humour trop facile de la pièce. Le ton est léger, si léger qu'on peut se demander si ce ne sont pas simplement des idiots que nous avons devant les yeux, plutôt que des ouvriers mal éduqués. Rapidement, la réflexion sur l'art et l'artiste se fait répétitive et la pensée n'évolue plus dès la fin du premier acte. Les mêmes questions sont constamment posées sans qu'on y donne davantage de réponses : est-ce de l'art? À quoi sert l'art? Faut-il que ce soit beau? Quelle est la fonction de l'artiste? Qui peut être artiste? On sort de cette pièce sans avoir été au bout des questions qu'elle pose malgré ses longues deux heures trente minutes de représentation.

Le personnage de Marc Beaupré laisse un certain doute. Si son personnage de chômeur introverti s'impose dès les premières minutes de la représentation, sa présence devient rapidement muette et il sombre presque dans l'oubli. On finit par croire que sa présence est inutile jusqu'à une scène cruciale du deuxième acte où il donne lui-même ses réponses aux questions nommées ci-haut, mais ce coup d'éclat devient presque incohérent puisqu'aucune évolution de personnage n'a été repérable jusque-là. Coupure de texte? On se le demande.

On devine que cette pièce prône l'importance de l'éducation artistique de toute la population, mais il n'en demeure au final que la démonstration d'un fossé trop grand entre une élite profiteuse et désagréable et une classe ouvrière ignorante et sans avenir. Comme si l'ambition ne pouvait l'emporter sur les classes sociales.

08-04-2012