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10 avril 2016, 20h
L'importance d'être constantLe prince des jouisseurs
Texte de Gabriel Sabourin
Mise en scène Normand Chouinard
Avec Alain Zouvi, Frédéric Desager, Marie-Pier Labrecque, Hélène Mercier, Jonathan Michaud, Geneviève Rioux, Gabriel Sabourin

Georges Feydeau, maître incontesté du vaudeville, aurait bien besoin de rire en ce moment : sa mémoire flanche, son ex-femme débarque sans prévenir, son fils banquier est perturbé et sa femme de chambre ne répond pas à ses avances! Prisonnier de la page blanche, il fait appel au copiste Sicard afin de l’aider à terminer sa dernière œuvre, déjà promise au directeur du théâtre. Mais comment écrire lorsqu’il est constamment pris dans le tourbillon et les péripéties des personnages qui peuplent ses journées? Son esprit, déjà hanté par la maladie, entremêle sa vie et son œuvre et l’on ne distingue plus la réalité de la fiction. Qu’importe! Noctambule invétéré, Feydeau est d’abord et avant tout un grand jouisseur insolent et sympathique, qui nous invite à le rejoindre dans le spectacle de sa vie avant que le rideau ne tombe définitivement.

Georges Feydeau fut un brillant auteur de vaudevilles, ces comédies de chassés-croisés entre maris, femmes et amants. Il est ironique de constater que son inspiration provenait souvent de sa propre vie! Ainsi, avec Le Prince des jouisseurs, Gabriel Sabourin signe une pétillante comédie biographique où se côtoient le tragique et le ridicule. Cet hommage hilarant est dirigé par Normand Chouinard qui est un habitué de l’univers de Feydeau avec les mises en scène de nombreuses pièces dont Le Dindon, Un fil à la patte et La puce à l’oreille. Alain Zouvi incarne le dramaturge dont il connaît à fond le répertoire pour en avoir souvent côtoyé les personnages, notamment dans L’Hôtel du libre échange. Il est entouré d’une talentueuse distribution pour qui l’univers de Feydeau n’a pas de secrets.


Assistance à la mise en scène Geneviève Lagacé
Scénographie Jean Bard
Costumes Suzanne Harel
Éclairages Claude Accolas
Musique Yves Morin
Accessoires Normand Blais
Perruques et coiffures Rachel Tremblay
Maquillages Jacques-Lee Pelletier
Photo de l’affiche : Jean-François Bérubé

Prix courants (sujet à changement)

Parterre 52$
Corbeille 52$
Balcon 52$
Handicapé 52$
Étudiant 29$

Forfaits souper-spectacle et hébergement disponibles.

TOURNÉE 2016

JANVIER
BELOEIL 15 janvier
ST-JEAN-SUR-RICHELIEU 16 janvier
L’ASSOMPTION 20 janvier
LONGUEUIL 23 janvier
SHERBROOKE 27 janvier
TERREBONNE 30 janvier

FÉVRIER
VALLEYFIELD 6 février
GATINEAU 12 et 13 février
BAIE-COMEAU 23 février
SEPT-ÎLES 24 février

MARS
DRUMMONDVILLE 19 mars

AVRIL
ST-JÉRÔME 2 avril
RIMOUSKI 9 avril
QUÉBEC 10 avril
ST-HYACINTHE 16 avril
TROIS-RIVIÈRES 26 avril
STE-GENEVIÈVE 30 avril

Production Théâtre du Rideau Vert


Salle Albert-Rousseau
2410, chemin Ste-Foy
Billetterie : 418-659-6710 - 1-877-659-6710

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Dates antérieures (entre autres)

Du 16 septembre au 11 octobre 2014, Rideau Vert

 
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Critique

critique publiée en 2014

Jouir malgré la déchéance


Crédit photo : François Laplante Delagrave

Après que le Théâtre Denise-Pelletier ait présenté la pièce Commedia sur le dramaturge italien Carlo Goldoni au printemps dernier, voilà que Gabriel Sabourin s’amuse à imaginer les dernières années plutôt erratiques de la vie de l’auteur Georges Feydeau. À l’âge de 58 ans, l’écrivain meurt des conséquences de la syphilis dans l’hôpital psychiatrique de Rueil-Malmaison, après plusieurs années d’inactivité littéraire.

Le spectacle débute quelques jours avant que Feydeau soit interné, alors que l’auteur français se remet de sa soirée de la veille au restaurant Maxim’s, haut lieu de rencontre des artistes et des intellectuels parisiens. Dans sa chambre de l’hôtel Terminus où il a élu domicile, entre un verre d’alcool de poire, un cigare et les deux cuillérées de sirop que la femme de chambre l’oblige à prendre chaque matin, l’écrivain cherche l’inspiration de sa prochaine pièce.

La réussite du spectacle réside certainement en la capacité de Gabriel Sabourin à raconter la vie de Feydeau en adoptant le style et les codes théâtraux du vaudeville. Alors que le dramaturge français vampirisait la vie des gens de son entourage pour créer les personnages de ses pièces, Gabriel Sabourin se sert du même procédé pour colorer son Georges Feydeau. Il faut dire que d’entrée de jeu, plusieurs des détails biographiques de la vie de l’écrivain français participent déjà à faire de lui un personnage de théâtre, que ce soit les rumeurs selon lesquelles il serait le fils illégitime de Napoléon III ou encore sa qualité de collectionneur compulsif de tableaux expressionnistes d’artistes méconnus.

Pour recréer l’ambiance de la comédie de boulevard, la scénographie ingénieuse de Jean Bard est parfaitement adaptée. Alors que deux portes et une fenêtre permettent une multiplicité de rencontres cocasses, le lit placé au centre de la scène offre à plusieurs personnages le loisir de se cacher dessous. Les éclairages de Claude Accolas découpent la pièce en tableaux grâce à des moments de noirceur totale qui profitent aux nombreuses entrées et sorties des acteurs. Ainsi, les quiproquos, les déboires conjugaux, les maîtresses cachées sous le lit et les portes qui claquent se multiplient tout au long du spectacle.

Comment passer sous silence la magnifique interprétation d’Alain Zouvi dans le rôle de Georges Feydeau? Ayant lui-même joué à de nombreuses reprises dans des pièces de l’auteur français, dont trois fois au Rideau Vert (Le Ruban (1986), Tailleur pour dame (1992), Le dindon (1994)), il était le comédien tout désigné pour incarner le « prince des jouisseurs ». Pour sa part, le metteur en scène Normand Chouinard, qui excelle par ailleurs dans ce type de répertoire, brille par la précision et la rigueur de sa direction d’acteurs. Mentionnons toutefois que, malgré les magnifiques costumes de Suzanne Harel, les actrices étaient nettement moins charismatiques que les acteurs. La scène finale durant laquelle les trois personnages féminins entrent et sortent de scène à tour de rôle constitue d’ailleurs un des moments les plus faibles du spectacle.

À l’issue de la pièce, force est de constater qu’à défaut d’avoir été un fils illégitime, un père absent, un mari cocu et un peintre raté, Georges Feydeau aura quand même réussi à acquérir la réputation de « prince des boulevards », à qui le duo Sabourin‑Chouinard rend un brillant hommage.

19-09-2014