Trois femmes puissantes, trois figures symboliques, prennent vie et chair sur scène pour nous raconter leur destin cruel avec une langue poétique et féroce.
Il y a Marie, la mère, qui déprime et qui se confie à sa voisine Madeleine, fille de joie, abattue par le mépris. Entre elles se dresse le chagrin de la Vierge Marie, immobilisée dans sa statue. Solidaires, elles dénoncent leur situation suffocante par un humour mordant. Prisonnières politiques du patriarcat, chacune veut faire éclater le carcan du rôle qu’on lui a imposé comme seule possibilité de vie, pour enfin goûter à la liberté.
La pièce a fait éclat dans notre patrimoine théâtral. Il faut songer qu’il y a 40 ans, la première du spectacle était accueillie par des pancartes et des manifestations des jeunes catholiques, ainsi que par la censure du Conseil des arts de Montréal. Sophie Clément était de la distribution originale et revient mettre en scène cette oeuvre nécessaire et urgente. Incarnée par une nouvelle génération d’actrices, cette passation féministe solidaire montre que si les époques changent, les interdits demeurent, et que prendre la parole sur scène est un acte courageux.
Texte Denise Boucher
Mise en scène Sophie Clément
Interprétation Bénédicte Décary, Caroline Lavigne et Pascale Montreuil
Crédits supplémentaires et autres informations
Assistance à la mise en scène Alexandra Sutto
Décors Danièle Lévesque
Costumes
Linda Brunette
Éclairages Julie Basse
Musique Catherine Gadouas
Photo de l'affiche Julien Faugère
Tarifs entre 32,00 $ et 59,00 $
EN TOURNÉE EN 2019
12 septembre 2019 / Saint-Hyacinthe
19 septembre 2019 / Victoriaville
20 septembre 2019 / Shawinigan
26 septembre 2019 / Sainte-Thérèse
2 octobre 2019 / Alma
3 octobre 2019 / Saguenay
11 octobre 2019 / Laval
26 octobre 2019 / Longueuil
29 octobre 2019 / Sherbrooke
1er novembre 2019 / Terrebonne
2 novembre 2019 / Joliette
5 novembre 2019 / Baie-Comeau
17 novembre 2019 / Brossard
26 novembre 2019 / Drummondville
2 décembre 2019 / Québec
13-14 décembre 2019 / Gatineau
Production du Théâtre du Rideau Vert
Tranche d’histoire : Le 25 janvier 1979, la Cour d'appel du Québec lève l'injonction sur la pièce de Denise Boucher qui a soulevé tant de controverses, Les fées ont soif. Celle-ci continuera d'être jouée à guichets fermés partout au Québec. Les détracteurs de l'oeuvre iront jusqu'en Cour suprême pour empêcher sa présentation, mais ils seront déboutés en février 1980. Scénario inimaginable en 2018.
Quarante ans plus tard, cette pièce phare du féminisme qui a provoqué l’ire des institutions de l’époque et subi une virulente censure brille d’un tel éclat qu’on l’aurait cru écrite hier. Les mots pertinents et audacieux de l’autrice n’ont pas pris une ride et les thèmes abordés sont encore d’actualité (regrettablement).
Sur la grande scène épurée, trône une immense Sainte-Vierge témoin du poème brutal à trois voix porté magistralement par les archétypes féminins : la mère Marie, femme de peine, soumise et violentée (Pascale Montreuil), la putain Madeleine, fille de joie, souillée et violée (Bénédicte Décary) et la statue, vierge de toutes les douleurs (Caroline Lavigne). Trois femmes aux vies qui empestent le néant, confinées dans un rôle traditionnel dont elles sont irréversiblement excédées. Trois femmes aux vies lourdes et redondantes, engluées dans leur quotidien nauséeux, prisonnières de stéréotypes qui se coalisent pour délier leurs chaînes et faire éclater leur individualité au grand jour. Qui les délivrera de leur mal ? Qui séchera leur déluge de larmes ? Y a-t-elle quelqu’une ?
Les mots pertinents et audacieux de l’autrice n’ont pas pris une ride et les thèmes abordés sont encore d’actualité (regrettablement).
À la droite et à la gauche de la Trinité, solidaires et toujours sur scène comme les actrices, deux musiciennes : une contrebassiste et une claviériste (respectivement Patricia Deslauriers et Nadine Turbide) offrant une élégante trame sonore aux quelques répliques qui deviennent chansons touchantes. Ici, la musique joue un rôle prépondérant et ne noie jamais les propos cinglants et pénétrants des fées. Proposition efficace et sensible de la metteure en scène, Sophie Clément.
En 2018, les fées ont encore soif. Elles dénoncent et pointent du doigt. Elles crient leurs peurs, leurs frayeurs, leur effroi. Tous leurs blues remontent à la surface comme un noyé. Elles nomment ce qui leur manque afin de trouver ce qu’elles veulent. Elles tracent devant nous leur dur chemin vers la liberté, semé de petites et de grandes violences. Les victimes ont changé. Assez pour remuer les consciences ? Assez pour nous secouer de notre passivité ? Mettons que… Disons que… Supposons que…
03-10-2018
Dates antérieures (entre autres)
Rideau Vert - Du 25 septembre au 27 octobre 2018 - plusieurs supplémentaires jusqu'au 10 novembre
Salle Pierre-Mercure - Du 8 au 13 janvier 2019